Quelqu’un peut mettre l’article en entier svp?
Changer six joueurs d'un coup à la 48e minute : la victoire face à Biarritz (29-25) s'est jouée sur un pari d'Arlettaz.
Six rugbymen alignés sur le bord d'un terrain. Maillots qui sentent la lessive, visages propres pour quelques instants encore, féroce volonté pénétrant chaque regard, et le coach qui longe en silence la cohorte dans sa parka noire. Yeux baissés sur son calepin, sentiment palpable d'une puissance en mission. Lorsqu'elle suffit à résumer une émotion, une photo surpasse tous les mots. Jeudi soir, 48e minute, le temps s'arrête. Biarritz mène et malmène l'USAP (10-22). Sur le terrain comme en tribunes, Aimé-Giral tressaille. Patrick Arlettaz vient de jouer un des plus grands coups de poker de sa carrière.
19-0 en 20 minutes
Deux premiers changements à la mi-temps (entrées de Lam et Étienne) mais, surtout, six d'un coup après huit minutes en deuxième mi-temps : le banc de l'USAP sonnait creux alors même qu'il restait trente minutes à jouer. Couillu ? "Je ne sais pas si on risquait beaucoup de choses" admet Gérald Bastide, coach de la défense, conscient qu'à 10-22 pour Biarritz, ne rien faire c'était mourir. Du bord de la pelouse, les remplaçants souffrent à l'unisson avec leurs quinze coéquipiers embourbés. "J'ai senti de l'impatience chez les remplaçants, j'ai senti qu'ils comprenaient l'urgence, scande Arlettaz, qui jure qu'il n'avait jamais osé cette méthode. Il fallait créer un électrochoc, repartir sur un autre match.
Exit Forletta, Lemaire, Eru, Brazo, Ecochard, Pujol.
Place à Walcker, Boutemmani, Roussel, Faleafa, Deghmache et Cocagi. 20 minutes et un 19-0 infligé au BO plus tard, le pari fou devient génial. Arlettaz avait de bonnes cartes en main, mais encore fallait-il les jouer.
Triple impact
L'impact de son coaching a été de trois ordres. D'abord, il y a la qualité des entrants, qui réussissent tous une entrée oscillant entre le bon et l'excellent. "Je peux vous assurer que c'était des TGV qui arrivaient", souffle l'ouvreur du BO Pierre Bernard. Ensuite, il y a une variation tactique. "On s'est dit qu'ils allaient changer leur fusil d'épaule sur leur façon de jouer avec Cocagi qui allait rentrer, relève Nicolas Nadau, entraîneur basque. On se doutait que ça allait prendre un peu plus l'axe, agresser par un jeu beaucoup plus direct". Enfin, troisième point, l'impact psychologique. Accélérer les remplacements, OK, du classique. Mais les faire tous entrer en même temps et aussi tôt, il fallait oser. "Déjà c'est étonnant, se marre l'arrière Jonathan Bousquet. Mais ouais, il fallait du sang frais, apporter un peu de révolte. Les remplaçants nous ont aussi apporté cette folie." Percée de Lam pour Deghmache et Mamea Lemalu à la conclusion (49e), puis Faleafa qui décale idéalement Cocagi (68e) : le banc a redonné vie à l'USAP. "C'est ça qui nous fait gagner", jugera le flanker Damien Chouly.
Plus que des mots qui se perdent souvent dans le brouha ha d'Aimé-Giral, le choix des hommes a changé le cours du match. En prolongeant son impact, le signal envoyé au groupe est très fort. Bien sûr, dans les discours, aucun joueur ne prétendra mériter de jouer 80 minutes tous les matches. Mais dans les faits, un remplaçant meilleur qu'un titulaire ne le reste pas très longtemps. "C'est très bien par rapport au groupe, ça montre que personne n'est intouchable", apprécie Bousquet. En faisant tapis, Arlettaz a gagné le gros lot.