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Une vieille superstition, tenace et hélas souvent vé- rifiée, promet l’enfer aux ouvreurs de l’USAP.
À croire que le sol catalan s’exaspère des dix qui font mumuse balle au pied. Mais celui qui dé- barque, Jacques-Louis Potgieter, n’a pas le profil d’un dandy de l’ouverture.
Dureté, constance et discipline : il incarne le prototype de la formation sud-africaine. Et peut- être le complément idéal d’un Enzo Selponi plus imprévisible.
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L’expérience
«
Sur ce qu’il nous a montré à l’entraînement, c’est à peu près ce qu’on attendait de lui, relève le coach Patrick Arlettaz.
De la vitesse, de l’expérience, bonne passe, long jeu au pied... Après, on aura pleinement réussi ce recrutement là s’il nous amène l’expérience qu’on attend de lui pendant les matches qui comptent. »
Car à 32 ans et fort de 10 saisons en tant que professionnel (il a débuté avec les Bulls de Pretoria), le francophone Jacques-Louis est attendu comme une valeur sûre de l’effectif catalan. Et pourquoi pas le dé- tonateur vers une hypothétique accession en Top 14 ? Une chose est sûre, il l’a déjà fait avec Lyon voilà deux ans, lors d’une saison exemplaire en tous points. Et il ne baisse pas les yeux lorsqu’il faut l’évoquer. Hier matin, sur le terrain brûlant du lycée Mail
où les Usapistes se sont livrés sans compter lors de l’opposition, Potgieter a pu apprécier la tramontane du Roussillon (rafales à 90 km/h). «
Le vent, il est un peu comme ça à Lyon aussi, confie le Sud-Africain, qui s’offre régulièrement du rab sur le gazon d’Aimé-Giral. J
’essaie de taper avec et sans le vent, pour travailler les frappes et le timing de balle. Mais bien sûr, tu dois faire l’entraînement sans vent surtout, pour prendre la confiance. »
Sa qualité, tant dans le jeu que face aux perches, il l’a déjà prouvée depuis longtemps. Notamment auprès de Christian Lanta, qu’il a côtoyé lors de son arrivée en France durant deux saisons, à Bayonne en Top 14 (2011 à 2013).
■ « Le but, c’est le Top 14 »
À l’USAP, le petit mais robuste ouvreur (1,80 m pour 89 kg) sera investi d’un double rôle : jouer mais également éduquer ses voisins de la jeune charnière. Tom Ecochard (24 ans) s’est affirmé comme le boss à la mêlée, tandis qu’Enzo Selponi (24 ans) a retrouvé du galon avec le retour d’Arlettaz aux affaires. Mais derrière eux, les jeunes pousses (Deghmache et Dufau en neuf, Seguy et Marty en dix), bien que champions de France Espoirs, doivent s’acclimater avec les bourrasques du rugby pro. «
Pour monter c’est pas facile, il faut jouer chaque match pour le gagner, rappelle le buteur, comme une évidence. J’ai fait ça avec Lyon, donc je sais ce qu’on doit faire pour gagner. Moi, je dois donner mon expérience pour les jeunes, avec Sadek par exemple pour qu’il découvre le rugby professionnel. Le but, c’est le Top 14. »
Pour l’anecdote, le même Deghmache lui servira de chauffeur dans sa twingo pour regagner Aimé-Giral. Le jeune (21 ans) demi de mêlée cérétan est à bonne école.
■ Retrouvailles basques
Outre les deux matches amicaux, face au Stade Français (vendredi 4 août à 20 h) et au Leinster (vendredi 11 août à 20 h), le résident de Canet disputera son premier match officiel face à Bayonne (samedi 19 août à 20 h 45). Copieuses retrouvailles. «
C’est un petit cadeau hein, se marre Potgieter.
Contre Bayonne c’est toujours dur. Je crois qu’ils peuvent remonter et ils le croient aussi. Mais c’est à domicile. Nous, on doit gagner tous nos matches à domicile, on veut faire d’Aimé-Giral une place forte. »
■ Barend Britz et la Playstation
Si la colonie sud-africaine de Montpellier a quelque peu chatouillé la morale du rugby français, l’USAP a depuis longtemps puisé dans le réservoir de la nation arc-en-ciel. La figure tutélaire de Barend Britz domine une pléiade de Sud-Afs, parmi lesquels les champions de France Gavin Hume, Gerrie Britz, Phil Burger et Steve Meyer. «
Il y en a eu beaucoup qui ont joué ici, dont certains qui gagnèrent le titre, le Brennus, relève Potgieter. Pour nous, Perpignan c’est un peu comme l’Afrique du Sud, parce qu’il y a beaucoup de soleil ici, même l’hiver. C’était difficile pour moi et ma femme à Lyon, parce qu’il n’y a rien l’hiver, il fait froid. Il n’y a pas la plage. L’histoire pour les Sud-Africains est belle ici. » A
u fil de la conversation, il évoque l’écho qu’il percevait de l’USAP, lui qui a grandi à 12 000 km du premier accent catalan. «
Pour nous, c’est une grande image. Quand j’étais jeune, je jouais au rugby sur la Playstation et il y avait toujours l’USAP. J’ai joué parfois avec. C’est un club historique, depuis 1903 c’est ça ? (1902 en réalité) Donc c’est un grand club selon moi, qui doit être en Top 14. » CQFD.
Engagé pour trois saisons par l’USAP, Potgieter aura tout le loisir d’explorer ce qui fait l’ADN du club. Avec enthousiasme visiblement. «
Les Catalans, c’est un peu à part, lance-t-il intrigué.
J’ai beaucoup joué ici, c’est une grande ambiance. Donc ici je vais pouvoir prendre une part de l’histoire, parler avec les gars pour demander, poser des questions : “hey, les Catalans c’est quoi ?”.
Il y a beaucoup de grands joueurs qui viennent d’ici, le capitaine des Bleus vient d’ici ! Percy Montgommery aussi. James Hook, un joueur qui a joué pour les Lions Britanniques... » Berend Botha (29 ans), Gert Muller (30 ans) et JacquesLouis Potgieter (32 ans): la frange sud-africaine de l’USAP amène poids et expérience dans le groupe. Le cocktail pour - enfin - dompter la fougueuse Pro D2 ?