USAP : Duguivalu rêve de jouer avec les Fidji
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Aliveriti Duguivalu est surnommé "Freddy" par ses coéquipiers de l'USAP. Independant - Clementz Michel
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Publié le 04/01/2022 à 19:45
Le Fidjien Duguivalu, enfin épargné par les blessures, a confirmé tout son potentiel depuis le début de saison. Il rêve que l’USAP lui serve de tremplin pour jouer un jour avec les Fidji. Il postule pour être dans le groupe de l'USAP qui affrontera Biarritz samedi 8 janvier 2022 à Aguiléra.
Enfin ! Enfin, Alivereti Duguivalu, surnommé « Freddy » dans le vestiaire de l’USAP, confirme cette saison tout le talent que les observateurs décelaient en lui, mais qu’il n’avait pu trop exprimer depuis son arrivée à Perpignan, en 2016. La faute à une succession de blessures qui retardèrent son éclosion.
Cherchez l’erreur… Depuis son premier match sous le maillot de l’USAP, le 2 mars 2018 à Nevers, Duguivalu a joué une quinzaine de matches… en quatre saisons !
« Pour progresser au plus haut niveau, il faut avoir la chance de ne pas être blessé, explique à ce sujet le coach catalan, Patrick Arlettaz.
Or, depuis qu’il est avec nous, Freddy a vu plus souvent le kiné que moi ! Il était en permanence en période de reprise... On le faisait rejouer avec les jeunes, et quand il revenait avec nous, il n’était pas très performant et c’était normal. Ça a été son lot pendant quatre ans. »
Quatre ans de doutes pour le club qui l’avait fait venir de ses Fidji natales, sur les conseils de Franck Boivert, l’œil sang et or du rugby fidjien.
« C’est lui qui m’a appris à jouer dans les défenses, à viser les intervalles », raconte le jeune Fidjien. Quatre longues années avant de pouvoir démontrer son véritable talent, que l’on désespérait de voir à l’œuvre un jour. Et puis le déclic ! Cette saison, « Freddy » enchaîne les matchs et les prestations de haut niveau. À l’aile comme au centre. Onze rencontres disputées depuis le début du Top 14. Pour le plus grand bonheur de ses entraîneurs. «
On a toujours cru à son potentiel, assure Arlettaz.
On a été têtus là-dessus, même si on a été découragés de temps en temps. Il a dû surmonter beaucoup de blessures qui venaient embêter son éclosion. Il a une marge de progression et il faut qu’il joue. Cette saison, il enchaîne les matchs, il progresse et il est bon. »
Deux ans de plus à l’USAP
Les dirigeants catalans n’ont pas hésité. Ils ont fait resigner « Freddy » deux saisons supplémentaires. Le talent du garçon avait déjà tapé dans l’œil de quelques sergents recruteurs. Et l’USAP n’avait pas envie de revivre la mésaventure vécue la saison dernière avec les départs d’Alban Roussel ou Quentin Walckert, fruits de la formation catalane partis éclore sous d’autres cieux. Avec son sourire d’adolescent et ses quelques mots de français, Freddy avoue se sentir bien sous le ciel, souvent ensoleillé, de Perpignan. Il adore aller se balader sur la plage, à Canet, avoue avoir goûté les boles de picolat… Et savoure son premier contrat chez les pros. il le remplit de fierté, lui et son père, Esala Nauga, entraîneur de la province de Nadroga.
« Mon père était fier, raconte « Freddy ».
Fier que je puisse réaliser mon rêve. Qui était un peu le sien aussi… » Depuis sa sortie du lycée, Duguilavu n’avait qu’une idée, fixe, en tête. Se prouver qu’il était capable de suivre la voie tracée par les Nadolo, Ratuva, grandis comme lui du côté de Nadroumai, et de jouer avec les meilleurs. Son arrivée en France ne fut pas facile.
« J’avais 18 ans, je n’avais jamais quitté la province de Nadroga et les Fidji, se souvient-il.
Quand Franck a appelé Bruno Rolland, pour proposer mes services, j’étais très excité. Puis au bout d’une semaine à Perpignan, je voulais repartir. Je ne connaissais personne, je ne parlais pas un mot de français. À l’entraînement avec les Espoirs, David (Marty) expliquait ce qu’il voulait à ceux qui parlaient anglais, et ils venaient me donner la traduction. Heureusement, je pouvais échanger avec Andrea Cocagi. Il m’a persuadé de rester… »
« Freddy » a surmonté toutes les embûches. S’est relevé de toutes les blessures. La saison passée, il a refusé de se faire opérer l’épaule gauche, malgré les avis médicaux.
« Elle n’était pas cassée… », s’amuse-t-il. Sa persévérance a fini par payer. Il sait qu’à dix-sept mille kilomètres de Perpignan, Esala Nauga, son père qui a joué contre les Français en tournée, en 1998, et sa mère Amele, qui l’appelle toutes les semaines, sont fiers de leur petit « Freddy ». Lui veut juste continuer sur sa lancée.
« M’améliorer encore et éviter les blessures… » Et qui sait ? Poursuivre son prochain rêve, celui d’enfiler un jour le maillot des Fidji !
« Moi aussi, j’aimerais porter le jersey fidjien comme Melvyn (Jaminet) l’a fait avec le XV de France… » Pour y parvenir, il doit enchaîner les matches, qui forgent l’expérience. Celui qui l’attend du côté de Biarritz, samedi 8 janvier 2022, entre dans cette catégorie. S’il parvenait à son objectif, sûr que Franck et Esala ne pourraient retenir une petite larme, du côté de Nadroga…
Gilles Navarro