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Il va falloir trouver un consensus qui arrange tout le monde :
Top 14 : pour ou contre la reprise, deux camps s’opposent désormais
Mis à jour le 03/04/2020 à 11h11 – Publié le 03/04/2020 à 10h57
Un courriel de La Rochelle, plaidant pour une saison blanche, a fuité. Et révélé deux visions antagonistes. Les discussions s’annoncent désormais tendues entre partisans des deux options.
L’union de façade a explosé. Le courriel envoyé par le Stade Rochelais, révélé par Midi Olympique et RMC Sport, aux trente présidents du Top 14 et de Pro D2, a démontré une ligne de fracture entre les clubs espérant terminer la saison et ceux préférant faire une croix sur celle-ci. Selon le bihebdomadaire spécialisé, le Stade Français, Clermont, Brive, Pau, Agen, Bayonne mais aussi Nevers, Rouen, Provence Rugby ou encore Biarritz, se seraient rangés derrière la position de La Rochelle. La riposte, lancée par le Racing, aurait été approuvée par le Stade Toulousain, l’UBB (leader du Top 14 lors de sa suspension), Toulon et plusieurs clubs de Pro D2, essentiellement ceux ayant une chance d’accéder au Top 14.
Le président de la Ligue Nationale de rugby, Paul Goze, avait réclamé la confidentialité des débats. C’est raté. Et, selon RMC et le Midol, le président de La Rochelle Vincent Merling ne décolère pas de la divulgation dans les médias de son courriel. En l’occurrence une lettre en dix points titrée «Les 10 raisons d’arrêter le championnat», et signée du directeur général du Stade rochelais, Pierre Venayre.
«L’argent ne doit pas motiver aveuglement des décisions à court terme au risque de discréditer notre sport»
Stade Rochelais
Les arguments du club maritime ? Répartis en quatre thèmes - «éthiquement, médicalement, économiquement, sportivement» -, ils frappent fort (lire la lettre en intégralité à la fin de l’article). Quelques phrases déjà, pêle-mêle : «La santé des joueurs, des staffs et de leurs familles doit passer avant tout» ; «L’argent ne doit pas motiver aveuglement des décisions à court terme au risque de discréditer notre sport et désagréger le socle de nos valeurs, respect et solidarité» ; «Le pire scénario économique pour les clubs serait une reprise à huis clos» ; «La reprise du championnat exposerait grandement la compétition au risque d’avoir une ou plusieurs équipes contraintes au forfait pour cause de cas de coronavirus. Cette situation serait ridicule et ingérable» ; «Quelle serait la saveur et la valeur d’un titre dans ce contexte critique ?»…
» A LIRE AUSSI - Patrick Wolff : «Le rugby professionnel est dans un système artificiel»
Un long message qui a eu l’inverse que l’effet espéré. Si certains clubs se sont rangés derrière ces arguments, d’autres sont vent debout. Avec, à leur tête le Racing 92 qui s’est fendu d’un courriel tout aussi offensif intitulé lui «Raisons de tout faire pour finir le championnat». Une lettre que Midi Olympique s’est procuré dans laquelle le club francilien répond à chacun des dix points. Là-aussi pêle-mêle : «Faire vivre le rugby c’est jouer, même à huis clos. Se cloîtrer sans jouer, c’est le condamner. Quid des millions de téléspectateurs qui, en cas de huis clos, profiteront des matchs joués à la télévision ? C’est au contraire respecter nos supporters, nos partenaires et donc notre sport» ; «Le mieux serait qu’on puisse finir ce championnat avec au minimum trois dates pour des quarts à huit clubs, demie et finale (en Top 14 et en Pro D2) pour clôturer un championnat aux deux tiers des phases qualificatives, réplique le Racing 92, sans descente et avec une montée, pour un championnat à 15 en 2020-2021 qui permettrait à Canal + de récupérer un peu de sa fidélité et de son soutien.»
«Espérons que la note de La Rochelle ne sera pas diffusée à l’extérieur laissant à penser qu’il y a dans le rugby des gentils et des méchants»
Racing 92
Preuve des dissensions grandissantes entre les deux parties qui s’opposent désormais, cette réponse au point numéro 1 avancé par le Stade Rochelais. «Il me semble scandaleux de prétendre que la santé des joueurs comme de la population passe au second plan. L’axiome de base de notre réflexion est bien entendu totalement dépendant de cette obligation. La santé, la santé, rien que la santé. Ceux qui pensent à jouer une éventuelle fin de championnat ne sont donc pas pour autant des inconscients, bien au contraire. Espérons que la note de La Rochelle ne sera pas diffusée à l’extérieur laissant à penser qu’il y a dans le rugby des gentils et des méchants.» Un vœu pieux, le courriel ayant bien évidemment fuité…
»A LIRE AUSSI - Pour ne pas disparaître, le Top 14 doit revoir son train de vie à la baisse
Conséquences ? Avec deux camps aussi opposés, il apparaît désormais compliqué de trouver une position commune. Les prochaines réunions des trois groupes de travail, en particulier le premier en charge de «l’analyse des scenarii de reprise des compétitions 2019-2020 et de leurs impacts» s’annoncent plus que tendues. Et les petites phrases assassines, en off évidemment, vont se multiplier. Midi Olympique relaye ainsi celle, sous couvert d’anonymat et un brin perfide, d’un président : Les Rochelais n’ont pas intérêt non plus à jouer à huis clos. Pour eux qui ont l’habitude jouer à guichets fermés, ce serait beaucoup de pertes...»
La Ligue espère sauver la phase finale et ses recettes estimées à 10 millions d’euros
Il apparaît même que résumer le débat à deux camps est caricatural tant, dans chacun, les solutions varient sur la bonne formule à adopter, certains, l’Usap en tête, n’abandonnant pas l’idée d’un Top 16 pour la saison prochaine. Au milieu, la Ligue va désormais devoir apaiser les tensions, tenter d’arracher un compromis. Avec, en tête, la volonté de sauver ce qui peut l’être. En l’occurrence la phase finale dont les recettes sont estimées à 10 millions d’euros. Et pour laquelle 6 millions d’euros de billets ont déjà été vendues.
Une LNR qui a également déjà chiffré les pertes globales en cas de non-reprise de la saison 2019-2020 : 100 M€ ! Dans ce contexte, l’appel final du Racing - «Restons unis et solidaires, ce serait un premier pas positif. Évitons le clivage facile entre ceux qui sont favorables à l’arrêt du championnat qui seraient de grands humanistes, et ceux qui souhaitent envisager les contours d’une reprise qui seraient égoïstes et inhumains» - a de moins en moins de chance d’être entendu.
Top 14 : pour ou contre la reprise, deux camps s’opposent désormais
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Mis à jour le 03/04/2020 à 11h11 – Publié le 03/04/2020 à 10h57
Un courriel de La Rochelle, plaidant pour une saison blanche, a fuité. Et révélé deux visions antagonistes. Les discussions s’annoncent désormais tendues entre partisans des deux options.
L’union de façade a explosé. Le courriel envoyé par le Stade Rochelais, révélé par Midi Olympique et RMC Sport, aux trente présidents du Top 14 et de Pro D2, a démontré une ligne de fracture entre les clubs espérant terminer la saison et ceux préférant faire une croix sur celle-ci. Selon le bihebdomadaire spécialisé, le Stade Français, Clermont, Brive, Pau, Agen, Bayonne mais aussi Nevers, Rouen, Provence Rugby ou encore Biarritz, se seraient rangés derrière la position de La Rochelle. La riposte, lancée par le Racing, aurait été approuvée par le Stade Toulousain, l’UBB (leader du Top 14 lors de sa suspension), Toulon et plusieurs clubs de Pro D2, essentiellement ceux ayant une chance d’accéder au Top 14.
Le président de la Ligue Nationale de rugby, Paul Goze, avait réclamé la confidentialité des débats. C’est raté. Et, selon RMC et le Midol, le président de La Rochelle Vincent Merling ne décolère pas de la divulgation dans les médias de son courriel. En l’occurrence une lettre en dix points titrée «Les 10 raisons d’arrêter le championnat», et signée du directeur général du Stade rochelais, Pierre Venayre.
«L’argent ne doit pas motiver aveuglement des décisions à court terme au risque de discréditer notre sport»
Stade Rochelais
Les arguments du club maritime ? Répartis en quatre thèmes - «éthiquement, médicalement, économiquement, sportivement» -, ils frappent fort (lire la lettre en intégralité à la fin de l’article). Quelques phrases déjà, pêle-mêle : «La santé des joueurs, des staffs et de leurs familles doit passer avant tout» ; «L’argent ne doit pas motiver aveuglement des décisions à court terme au risque de discréditer notre sport et désagréger le socle de nos valeurs, respect et solidarité» ; «Le pire scénario économique pour les clubs serait une reprise à huis clos» ; «La reprise du championnat exposerait grandement la compétition au risque d’avoir une ou plusieurs équipes contraintes au forfait pour cause de cas de coronavirus. Cette situation serait ridicule et ingérable» ; «Quelle serait la saveur et la valeur d’un titre dans ce contexte critique ?»…
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Un long message qui a eu l’inverse que l’effet espéré. Si certains clubs se sont rangés derrière ces arguments, d’autres sont vent debout. Avec, à leur tête le Racing 92 qui s’est fendu d’un courriel tout aussi offensif intitulé lui «Raisons de tout faire pour finir le championnat». Une lettre que Midi Olympique s’est procuré dans laquelle le club francilien répond à chacun des dix points. Là-aussi pêle-mêle : «Faire vivre le rugby c’est jouer, même à huis clos. Se cloîtrer sans jouer, c’est le condamner. Quid des millions de téléspectateurs qui, en cas de huis clos, profiteront des matchs joués à la télévision ? C’est au contraire respecter nos supporters, nos partenaires et donc notre sport» ; «Le mieux serait qu’on puisse finir ce championnat avec au minimum trois dates pour des quarts à huit clubs, demie et finale (en Top 14 et en Pro D2) pour clôturer un championnat aux deux tiers des phases qualificatives, réplique le Racing 92, sans descente et avec une montée, pour un championnat à 15 en 2020-2021 qui permettrait à Canal + de récupérer un peu de sa fidélité et de son soutien.»
«Espérons que la note de La Rochelle ne sera pas diffusée à l’extérieur laissant à penser qu’il y a dans le rugby des gentils et des méchants»
Racing 92
Preuve des dissensions grandissantes entre les deux parties qui s’opposent désormais, cette réponse au point numéro 1 avancé par le Stade Rochelais. «Il me semble scandaleux de prétendre que la santé des joueurs comme de la population passe au second plan. L’axiome de base de notre réflexion est bien entendu totalement dépendant de cette obligation. La santé, la santé, rien que la santé. Ceux qui pensent à jouer une éventuelle fin de championnat ne sont donc pas pour autant des inconscients, bien au contraire. Espérons que la note de La Rochelle ne sera pas diffusée à l’extérieur laissant à penser qu’il y a dans le rugby des gentils et des méchants.» Un vœu pieux, le courriel ayant bien évidemment fuité…
»A LIRE AUSSI - Pour ne pas disparaître, le Top 14 doit revoir son train de vie à la baisse
Conséquences ? Avec deux camps aussi opposés, il apparaît désormais compliqué de trouver une position commune. Les prochaines réunions des trois groupes de travail, en particulier le premier en charge de «l’analyse des scenarii de reprise des compétitions 2019-2020 et de leurs impacts» s’annoncent plus que tendues. Et les petites phrases assassines, en off évidemment, vont se multiplier. Midi Olympique relaye ainsi celle, sous couvert d’anonymat et un brin perfide, d’un président : Les Rochelais n’ont pas intérêt non plus à jouer à huis clos. Pour eux qui ont l’habitude jouer à guichets fermés, ce serait beaucoup de pertes...»
La Ligue espère sauver la phase finale et ses recettes estimées à 10 millions d’euros
Il apparaît même que résumer le débat à deux camps est caricatural tant, dans chacun, les solutions varient sur la bonne formule à adopter, certains, l’Usap en tête, n’abandonnant pas l’idée d’un Top 16 pour la saison prochaine. Au milieu, la Ligue va désormais devoir apaiser les tensions, tenter d’arracher un compromis. Avec, en tête, la volonté de sauver ce qui peut l’être. En l’occurrence la phase finale dont les recettes sont estimées à 10 millions d’euros. Et pour laquelle 6 millions d’euros de billets ont déjà été vendues.
Une LNR qui a également déjà chiffré les pertes globales en cas de non-reprise de la saison 2019-2020 : 100 M€ ! Dans ce contexte, l’appel final du Racing - «Restons unis et solidaires, ce serait un premier pas positif. Évitons le clivage facile entre ceux qui sont favorables à l’arrêt du championnat qui seraient de grands humanistes, et ceux qui souhaitent envisager les contours d’une reprise qui seraient égoïstes et inhumains» - a de moins en moins de chance d’être entendu.