Top 14 : nouveau demi de mêlée de l’USAP, Gela Aprasidze suit sa bonne étoile
Gilles Navarro25/08/2024 à 14:21
Gela Aprasidze est arrivé à Perpignan fin juillet.L'INDEPENDANT - MICHEL CLEMENTZ
À 26 ans, le demi de mêlée géorgien Gela Aprasidze a déjà derrière lui une carrière riche et intense. Le Caucasien, champion de France avec Montpellier en 2022, espère faire profiter l’USAP de cette expérience.
Gela Aprasidze, demi de mêlée de la Géorgie (51 sélections), n’a pas hésité très longtemps. Lorsque son agent lui a fait part de l’intérêt de Perpignan, il a quitté Bayonne sans trop de regrets. Peu utilisé au Pays basque (2 titularisations en 15 matchs la saison dernière), il sauta sur l’occasion de traverser les Pyrénées d’ouest en est pour poser ses valises sur les bords de la Méditerranée. Il aurait presque pu faire le trajet en marchant, lui l’enfant des montagnes du Grand Caucase, à la frontière russe, où se dressent fièrement des sommets à plus de 3 000 m dont le point culminant de la Géorgie, le mont Chkhara (5 201 m).
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C’est en Svanétie, paradis des skieurs de randonnée, que le petit Gela (1) a laissé éclater ses premiers éclats de rire.
"Ma famille est originaire de Becho-Svanétie", raconte-t-il. Mais c’est à Tbilissi, où sont venus vivre les siens, qu’il touche son premier ballon de rugby.
"Mon premier entraîneur m’a installé en numéro 9 parce que j’aimais organiser le jeu, explique-t-il.
J’étais vif, rapide, et il a estimé que c’est à ce poste que je pouvais rendre les meilleurs services." Le club des Lelos Saracens, numéro 1 du championnat géorgien de l’époque, ne tarde pas à le faire débuter en équipe première. Il s’y forge une solide réputation, n’hésite pas à s’exprimer dans la polyvalence :
"J’ai aussi joué en 10 avec les moins de 18 ans, et parfois même ailier."
Repéré par Montpellier après la Coupe du monde U20 2017 en Géorgie, Aprasidze signe chez les Espoirs montpelliérains, avant d’être sélectionné avec les Lelos (2), qualifiés pour la Coupe du monde 2018 des moins de 20 ans en France, en Occitanie. Il brille derrière un pack conquérant.
"J’ai même joué à Aimé-Giral (3)
", se souvient-il. Il ne s’imaginait certainement pas retrouver Perpignan huit ans plus tard.
Deux pénalités de mammouth lors de la demi-finale 2022
Le renforcement nécessaire à un poste clé du rugby moderne a permis à Gela Aprasidze de retrouver du côté de Perpignan Giorgi Tetrashvili, son ancien coéquipier en équipe nationale, Vakhtang Jintcharadze, le nouveau venu Giorgi Beria et l’espoir Andro Dvali.
"Entre Géorgiens, on se connaît tous ! C’est bon de pouvoir échanger avec des gens qui parlent ta langue, partagent la même culture, les mêmes traditions", rajoute-t-il. Une petite communauté géorgienne qui aime à se retrouver et à partager des moments festifs. Elle l’aidera à s’acclimater plus vite à Perpignan, à mieux connaître l’USAP et son environnement.
"Mon challenge sera de me faire une place dans l’équipe. J’espère jouer. Le plus possible. Même si la concurrence sera rude. Mais elle t’aide à te transcender, à grandir aussi." Sa première impression sur son nouveau club après un peu plus d’un mois en Roussillon ?
"Je sens que le groupe et le staff sont très soudés. Très unis. Je sais que l’USAP est une équipe qui ne lâche jamais rien. Et je sais aussi que les supporters d’Aimé-Giral sont derrière leur équipe. J’espère être adopté rapidement."
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À Saint-Nazaire, où il a installé sa famille avec le petit Ioane, quatre mois à peine, il espère vivre sereinement son aventure catalane. Lui qui vécu la Guerre de 2008 contre les Russes, alors qu’il avait 10 ans à peine, a gardé des images traumatisantes du conflit de l’Ossétie.
"Il a laissé des traces et des traumatismes dans toutes les familles géorgiennes", regrette-t-il.
Lui préfère se raccrocher à une étoile, celle qui brille dans le ciel des orthodoxes depuis la naissance de l’enfant Jésus.
"Dans le ciel, l’astre lui". C’est le tatouage qu’il porte sur l’avant-bras. Un astre qui lui montre le chemin du succès. Champion de France avec Montpellier en 2022, où il joua les vingt dernières minutes de la finale contre Castres, en remplacement de Benoît Paillaugue, Gela Aprasidze avait réussi les deux pénalités de la gagne en demie face à l’UBB (19-10 à Nice). Deux coups de pied de mammouth, l’un de 57 m, l’autre de 53 m !
"Il a de "la patate" dans les jambes", avait alors commenté son coéquipier Anthony Bouthier. Aprasidze espère que sa bonne étoile brillera aussi fort sous le maillot de l’USAP.
(1) Prénom d’origine grecque, de Gelao, Gela signifie "rire", qui propage "la joie et la bonne humeur".
(2) Surnom donné à l’équipe géorgienne, en hommage à un sport ancestral, le Lelo, ancêtre du rugby.
(3) Les moins de 20 ans géorgiens ont joué deux fois à Perpignan, en phase de poule face aux Baby Boks (27-33) et en match pour la neuvième place contre les Japonais (24-22).