Top 14 : "Il est important de dire que l’USAP a aussi le droit au bonheur", lance François Rivière, qui rêve de voir son club dans le Top 6
Guilhem Richaud05/06/2024 à 20:26
François Rivière, le plus sautillant de tous, s’est invité auprès de ses joueurs après la victoire des Catalans contre Bordeaux samedi dernier. L'Indépendant - GOT OLIVIER
À trois jours du déplacement de l’USAP à Pau (samedi 8 juin à 21 h 05) François Rivière, le président du club catalan, s’est confié à L’Indépendant. Il revient bien évidemment sur la saison plus que réussie du staff et des joueurs, sur son rêve de les voir accrocher le Top 6 ce week-end, mais aussi sur le rôle important des supporters, sa relation avec eux et le regard du monde du rugby…
Il y a un an, juste après le barrage gagné à Grenoble, vous disiez dans les colonnes de L’Indépendant que vous ne vouliez plus jamais vivre ça. Un an après, l’USAP est sauvée et la saison est très réussie. C’est beaucoup plus confortable ?
Évidemment. Cela montre surtout que dans le sport, il faut être résilients et modestes. Qu’il faut avoir la patience de croire et de faire confiance et ne pas s’emballer parce que ça peut aller vite. Qui aurait cru il y a deux ans que Montpellier serait en access-match cette année ? Tout ça est à prendre avec beaucoup de prudence dans le jugement. Mais c’est vrai que c’est beaucoup plus agréable. Pour moi, mais aussi pour les supporters et pour les partenaires. C’est aussi magnifique puisque finalement, à l’arrivée, tout ça est une mise en valeur du territoire. Le fait qu’on ait fait huit guichets fermés montre qu’il y a un engouement, mais aussi que le public perpignanais était sevré de beaux matches à Aimé-Giral.
Est-ce que cette équipe vous a surpris cette saison ?
Ce qui m’a le plus surpris, c’est le début de saison. Je pensais que ça serait moins difficile. Après c’est vrai que quand on va gagner à Castres pour le match de Noël, c’est magnifique. Il y a aussi de très belles victoires à domicile comme face à Bordeaux ce week-end ou face à Toulouse… Ça ne me surprend pas parce que je pense que, quand on travaille, qu’on est constants et opiniâtres, on doit réussir, mais je pense que le classement actuel est une belle reconnaissance pour le sportif.
C’est déjà, à l’heure où on parle, une très belle saison.
Il y a potentiellement une 6e place à aller chercher. Vous y croyez ?
C’est évident. Il y a un proverbe qui dit :
"Il ne sert à rien d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer." Moi je pense au contraire qu’il faut espérer pour entreprendre et réussir pour persévérer. Donc oui, on y croit. Au demeurant, c’est déjà, à l’heure où on parle, une très belle saison. Ce que j’apprécie le plus chez ces joueurs et dans l’état d’esprit de Franck (Azéma), de David (Marty) et des coaches, c’est qu’ils ont vraiment envie d’aller chercher des victoires supplémentaires. Ils ne sont certainement pas en vacances depuis samedi soir. Ils veulent aller décrocher un beau résultat à Pau et ils veulent qu’on termine la saison de manière encore plus belle.
S’il n’y a pas de Top 6, ce ne sera pas grave non plus ?
Non. De toute façon, c’est une très belle saison pour le club. Si la vie sportive et le talent de nos joueurs font qu’on joue un match de barrage ce sera génial. S’il n’y a que la grande Coupe d’Europe, ça sera aussi magnifique. S’il n’y a rien de tout ça, ce n’est pas grave. De toute façon, on sera quoi qu’il arrive mieux que l’objectif de début de saison (
maintien direct, NDLR). Donc maintenant, ce n’est que du bonheur. Mais il est important de dire que l’USAP, Perpignan et ce territoire ont aussi le droit au bonheur. Ce n’est pas que pour les autres.
Il s’est créé quelque chose cette saison entre cette équipe et ses supporters ?
Je pense que les supporters étaient dans l’attente d’une USAP triomphante. J’ai vécu, depuis 10 ans plusieurs périodes très difficiles avec les deux descentes. De pouvoir construire avec les supporters une relation qui colle avec les résultats de l’équipe, c’est quand même plus simple. Et puis l’USAP est un vrai phare. La voir gagner est un bonheur pour moi, mais surtout pour tous les supporters. Il faut leur être très reconnaissants parce que ce qu’ils ont fait, à Oyonnax, à Montpellier, à Bayonne, et ce qu’ils feront aussi à Pau, c’est extrêmement important pour l’USAP. C’est réellement le 16e homme. D’ailleurs après l’amende
(25 000 € infligés par la commission de discipline pour le jet de gobelets en direction de l’arbitre après USAP Clermont le 11 mai), j’ai reçu des centaines de messages de supporters qui étaient ennuyés pour le club. Il y a eu une vraie solidarité qui m’a touché. La cagnotte aussi. Ici, on n’est pas dans un paradis économique. Je suis très reconnaissant envers les supporters qui mettent des sous pour aider le club.
Il y a une forme de reconnaissance pour le travail qui est fait par l’USAP et pour l’USAP.
D’autant plus qu’ils sont nombreux à se saigner à l’année pour l’USAP…
Évidemment. Pour les déplacements, mais aussi, déjà, pour acheter l’abonnement. Il faut bien être conscient qu’un abonnement à 400 ou 500 € en moyenne, c’est beaucoup d’argent pour un supporter modeste. Ils viennent à la boutique, boivent des verres à la buvette… Ils sont toujours là.
Cette année, beaucoup d’équipes et de managers ont loué le jeu et l’ambiance à l’USAP…
Je voyage beaucoup et je suis stupéfait de la façon dont on parle de l’USAP à Paris et dans toute la France. Il y a désormais un effet USAP. Il y a une forme de reconnaissance pour le travail qui est fait par l’USAP et pour l’USAP.
Il y a aussi, grâce notamment au jeu prôné par Franck Azéma, une meilleure reconnaissance médiatique de l’USAP. Est-ce que ça aide au rayonnement du club ?
C’est évident. Je ne m’en suis pas plaint auprès de Canal +, mais pense d’ailleurs que l’essai du week-end aurait pu être celui d’Ali Crossdale
(rires, NDLR). Tout ça ne s’est pas fait un jour. C’est le fruit de tout ce qui a été fait avec Patrick Arlettaz. Cette année, c’est aussi peut-être plus facile parce qu’on a mis en place un banc plus volumineux, ce qui nous permet, quand il y a des blessés, de ne pas être angoissé par le manque de joueurs. Et puis, ça avait déjà commencé les années précédentes, mais il y a un état d’esprit dans ce groupe. C’est aussi ça que voient les journalistes. Je remarque un changement de ton incroyable à la télévision. Ils sentent qu’il y a un effet collectif qui s’est mis en place.