Top 14 – Bayonne-USAP : Camille Lopez, la passion du rugby à fleur de peau
Gilles Navarro06/09/2024 à 16:20
Camille Lopez aime jouer dans de chaudes ambiances.L'INDEPENDANT - MICHEL CLEMENTZ
Avant de jouer sous les couleurs de Clermont puis Bayonne depuis 2022, Camille Lopez a joué une saison avec l’USAP (2013-14). L'enfant de Mauléon évoque les clubs à forte identité, sa dernière saison (normalement) en Top 14, l’ambiance de Jean-Dauger, sa passion pour le rugby.
Clermont-USAP-Bayonne. Camille Lopez a effectué la majeure partie de sa carrière dans des clubs à l’identité rugby très forte. Lui, l’enfant de la Soule (l’un des 7 territoires du Pays Basque français), formé à Mauléon, tombé dans la marmite du rugby dès son plus jeune âge, a toujours préféré les places fortes de l’Ovalie qui transpirent la passion.
"Je ne me suis jamais véritablement fait la réflexion, explique le demi d’ouverture international (27 sélections) de l’Aviron Bayonnais.
Mais jouer pour des clubs qui sont des bastions du rugby m’a toujours attiré. C’est plus agréable de porter un maillot qui a une histoire, un passé, de défendre les couleurs d’une équipe qui suscite un engouement dans toute une région, suscite l’adhésion de toute une ville. Tu sens la passion. Ça procure un surplus de motivation. Clermont, Perpignan, Bayonne ont des histoires incroyables. Comme mon club de cœur, Mauléon…"
Camille a grandi avec ces vibrations. À Mauléon, on vit le rugby avec son cœur, avec ses tripes. Jusqu’à l’âge de 20 ans, il est resté fidèle à son village, ses copains.
"À Mauléon, les jours de match, la ville est un désert, raconte-t-il.
Le dimanche à 15 h, ne cherche personne dans les rues, tout le monde est au stade pour soutenir le SAM (Sport Athlétique Mauléonais)
. Tu peux circuler sans encombre. Dans ces conditions, pas besoin de discours de motivation. Tu défends les couleurs de ton équipe, de ta ville. C’est pareil quand tu évolues dans un club à la forte identité. J’espère que notre sport saura conserver ces valeurs longtemps encore."
Depuis quinze ans, et son arrivée à l’UBB, alors en Pro D2, Camille Lopez a fait de sa passion un métier.
"Mais je n’ai vraiment pas l’impression que le rugby est devenu un métier, rectifie-t-il.
L’autre jour, un copain d’enfance est venu déjeuner à la maison. En rigolant, à la fin du repas, je lui ai dit : "Allez demain, il faut aller au boulot !" Mais je ne le pensais pas vraiment. J’ai la chance d’avoir pu vivre de ma passion. Celle qui me suit depuis tout-petit. Jamais je n’aurais imaginé gagner ma vie en jouant au rugby… C’est pourtant ce qui s’est produit."
La dernière, peut-être…
À 35 ans, il vit peut-être sa dernière saison au plus haut niveau. Son contrat avec l’Aviron prend fin en 2025.
"Je l’attaque comme si ce devait être la dernière, dit-il.
Je suis un passionné, j’adore mon sport. J’aimerais y rester et faire quelque chose. Mais je n’en ai pas encore parlé avec Bayonne. On verra en cours de saison. En tout cas, j’aborde cette saison de Top 14 comme si ce devait être la fin de l’histoire. Je ne suis pas inquiet, il y a une vie après le rugby. Et puis si tout doit s’arrêter, je ne couperai pas complètement puisque mes deux garçons sont à l’école de rugby de l’Aviron…"
En attendant, il s’est préparé pour vivre une dernière saison bayonnaise au moins aussi belle que les deux précédentes. L’an passé, avec ses 227 points inscrits au pied, il a grandement aidé le club basque à se maintenir dans un Top 14 de plus en plus concurrentiel. Et il est prêt à récidiver. Dès samedi, lorsque l’Aviron Bayonnais ouvrira la saison face à une vieille connaissance de Camille Lopez, l’USAP, dont il a porté les couleurs une saison (2013-14). Pas forcément un bon souvenir pour Lopez, victime d’une rupture du ligament antérieur au genou droit lors de la saison de la descente du club catalan en Pro D2. Mais il n’a pas oublié la passion qui animait les travées d’Aimé-Giral. De celle qu’il affectionne tout particulièrement.
"Au-delà de ma blessure, et de la frustration qu’elle a générée, je me souviens du premier match à Perpignan gagné contre Castres (26-23). Aimé-Giral était plein, et il y avait une ambiance de folie. Le public catalan est passionné, il adore son équipe. Ce fut une jolie soirée !" D’autant plus belle qu’il inscrivit le dernier essai du match, celui de la victoire, à trois minutes du coup de sifflet final.
L’ambiance bayonnaise n’est pas mal non plus.
"Je suis originaire d’ici (75 kilomètres séparent Mauléon de Bayonne)
, et quand le public de Dauger reprend en choeurla Peña Baiona,
j’en ai des frissons. Depuis tout petit, je chante des chants basques. Alors quand ils sont repris par 16 000 spectateurs, j’ai la chair de poule !"