Le voyage à Montpellier pourrait dicter bien des choses auprès des Catalans. Avec en cas de réussite, une tournure définitive vers d’autres cieux bien plus séduisants.
On ne s’improvise pas candidat naturel aux hautes sphères en un claquement de doigts. Encore moins quand le côté spectaculaire de la cause est subjugué en l’espace de quelques mois. N’importe quel membre du club Sang et Or à ce jour, ne manifestera aucune tentation d’explorer des dimensions inatteignables depuis le Brennus de 2009. Logique, surtout quand l’Usap tente avec brio, de sauver sa peau presque chaque saison dans l’élite. Sauf qu’un changement de braquet est intervenu, pas n’importe lequel, l’arrière Louis Dupichot le concède : "La confiance survient avec le type de rencontre que l’on peut effectuer comme contre Lyon. Mais depuis le début de l’année, on a toujours essayé de mettre en place notre jeu, de faire vivre ce ballon. Et on s’occupe déjà de nous avant de voir autre chose." Avec une place importante accordée aux hommes ainsi qu’à l’intégration commune des talents, histoire d’inclure un maximum de joueurs, il poursuit : "À mon arrivée, j’ai dû faire le deuil du Racing 92. J’étais blessé au départ, et des tas de détails à régler en arrivant ici. Aujourd’hui, tout va bien et c’est un vrai plaisir."
Un élan populaire
Dotés d’un parcours remarquable depuis le mois de décembre, où les hommes de Franck Azéma trustent les meilleurs résultats en Top 14, nul n’est insensible aux productions euphorisantes proposées par les pensionnaires d’Aimé-Giral. D’autant qu’une mobilisation sans précédent accompagnera les Catalans vers ce nouveau défi. L’ancien Francilien admet une reconnaissance sans limite : "C’est très fort, je n’ai jamais vécu ce phénomène dans ma carrière. Quand on voit l’engouement au stade, les larmes aux yeux ne sont jamais loin. J’étais gêné pour eux avec notre mauvais démarrage, mais aujourd’hui, je suis heureux de pouvoir contribuer à leur passion. Il a fallu construire notre effectif et la solidarité a toujours prévalu sur le reste, c’est important." Plus de 3 500 supporters de Perpignan seront au GGL Stadium, une transhumance remarquable qui s’amplifie de journées en journées alors que la cathédrale locale affiche systématiquement complet.
Zéro spéculation
Face à des Héraultais cantonnés à une place de barragiste qu’ils connaissent si bien, les Usapistes composeront avec leurs forces en présence et toutes les convictions induites par le parcours actuel. D’abord pour consolider l’opération maintien, l’unique objectif des Catalans à ce moment de la saison. Le natif de Paris porte un regard méfiant sur l’adversaire du week-end : "Le championnat est très dur, le moindre faux pas te met dans l’embarras. C’est sûr que de leur côté, ce n’était certainement pas dans leurs objectifs d’être à cette place. Ils demeurent clairement compétitifs tout de même, et mettront tout sur le terrain pour nous vaincre. Puis on revient de tellement de loin, qu’on va se focaliser sur notre rugby pour ce déplacement et nous verrons bien." Entre sagesse et humilité, Perpignan trace son sillon à son rythme, d’une célérité insoupçonnée assurément. Le voyage à Montpellier peut aussi bien constituer un éventuel tremplin qu’une soudaine affirmation d’un potentiel changement d’ère. Tout un peuple trépigne d’en connaître les desseins, si possible vers le haut.