Top 14 : à l'USAP, la défense et l'attaque ne font qu'un
Gilles Navarro04/06/2024 à 21:07
À l’image d’Ignacio Ruiz et Joaquín Oviedo, l’USAP se montre agressive en défense. L'Indépendant - Olivier GOT
L’USAP régale par son jeu offensif. Avec 76 essais inscrits en 25 matches (plus de 3 par rencontre), l’équipe de Franck Azéma a battu son record historique en Top 14 ! Toute la difficulté réside à continuer à bien défendre quand l’équipe est à l’offensive. Un équilibre que s’évertuent à trouver le staff et son "Monsieur Défense", Gérald Bastide.
Il déteste les courants d’air, les portes de saloon et les espaces mal colmatés. Quand la défense de l’USAP ne respecte pas les consignes, vous pouvez entendre les coups de gueule de Gérald Bastide jusqu’à Canohès ou Villeneuve-de-la-Raho ! Et encore, les jours sans tramontane.
Depuis 2019, l’ancien arrière de l’USAP (1992-94 puis 1995-99) est en charge du secteur défensif de l’équipe catalane après avoir été celui du XV de France sous l’ère Novès. L’homme est aussi exigeant envers les autres qu’il peut l’être pour lui. Comment faire pour qu’une équipe offensive, comme l’est devenue l’USAP aujourd’hui (76 essais, 3e du Top 14) pour 610 points inscrits (5e), ne perde pas en chemin ses principes défensifs ?
"La confiance est primordiale, répond Bastide.
Confiance en soi et dans tes coéquipiers. Le rugby est un jeu où tu attaques à quinze… et tu défends à quinze. Le principe numéro 1 est de conserver le ballon pour mettre en place le jeu défini. Et le numéro 2 est d’éviter les offloads", ces passes après contact qui déstabilisent n’importe quelle défense.
Le travail de l’attaque et de la défense, les entraîneurs de l’USAP ne le dissocient pas.
"Au contraire, on cherche toujours à associer les deux. La ligne qui défend le fait jusqu’à ce qu’elle récupère le ballon, la ligne d’attaque joue jusqu’à déstabiliser la défense. On travaille les deux aspects du jeu en même temps. Il faut créer des réflexes pour s’adapter aux situations de match. Tu peux perdre un ballon, après tout le jeu réclame faute, mais il faut réagir de façon connectée, avoir un temps de réaction collectif optimal. Aujourd’hui, nous sommes sur une bonne dynamique. Trouver le bon équilibre est le problème à résoudre." C’est un travail de longue haleine qui explique en partie les difficultés du début de saison. Il a fallu intégrer les nouveaux joueurs, certains revenus à Perpignan juste après la Coupe du monde, comprendre les directives d’un staff renouvelé. S’adapter. Ingérer. Digérer.
"Héros… ou zéro ?"
Cette soif d’attaquer, de jouer, est entretenue par un staff qui en a fait son credo.
"Mais les principes défensifs doivent être respectés par tous les joueurs, poursuit Gérald Bastide.
Je dis bien tous. On ne leur interdit rien sur le terrain, mais ils doivent savoir que certaines situations te mettent dans la difficulté si tu ne respectes pas ces principes. Quand tu tentes quelque chose, tu dois y aller avec la détermination nécessaire, pour réussir ce que tu as prévu. C’est ce que les Anglais appellent "0 or heroe ?"
Zéro ou héros… Si tu récupères un ballon dans un ruck, sur un renvoi ou que tu réussis une interception, tu es un héros ! Si tu rates…"
À Pau, face à une équipe joueuse, dont les chiffres offensifs tutoient les sommets (19 594 mètres parcourus ballon en main, 2e, et 200 offloads réussis, 4e), Gérald Bastide connaît la recette.
"Il faudra être capable de bien défendre pour récupérer quelques ballons, dit-il.
L’équation est simple, tu récupères des ballons, tu peux attaquer… Tu n’en récupères pas et tu subis… Pau est l’une des meilleures équipes de notre championnat dans le secteur des offloads, et en contre-attaques. Toute la difficulté, dans ces matches à l’extérieur, est de savoir si tu vas être capable de museler l’adversaire."
Ne lui parlez pas de play-off ou de qualification, les calculs l’intéressent moins que le positionnement des joueurs dans un système de jeu. Son truc à lui c’est que son équipe défende. Et bien. Ce ne sera pas chose aisée, surtout avec le forfait de Jerónimo de la Fuente, patron des lignes arrières catalanes, en termes de défense et d’organisation défensive.
"Ça me semble compliqué pour lui, admet Bastide.
Jerónimo est un garçon brillant, indispensable par son efficacité et sa constance sur un match. On aurait préféré qu’il soit dans le groupe. Mais l’équipe a appris à jouer sans lui, surtout quand il est avec les Pumas argentins. Les gars savent jouer sans lui." Un exploit à Pau sans leur capitaine relèverait encore un peu la performance de l’USAP…