Un petit interview du Razor ... (dans ActuRugby)
Actu : Avec le recul, quel bilan faites-vous de la saison des Crusaders dans le Super Rugby Aotearoa et le Super Rugby Trans-Tasman ?
Scott Robertson : Le Super Rugby Aotearoa a juste été aussi dur que l’an dernier. Jouer les équipes néo-zélandaises, les unes après les autres, chaque semaine, requière une profondeur d’équipe et du caractère dans la consistance du jeu. Nous avons gagné et perdu des matchs avec peu d’écart au score. Évidemment, on aurait pu gagner certaines rencontres, si on n’avait pas pris de carton jaune. Depuis cinq ans maintenant, j’ai une équipe solide à domicile. Concernant le Super Rugby Trans-Tasman, c’était une course aux points que nous n’avons pas été capables de remporter. Nous avons inscrit suffisamment de points au classement, mais pas suffisamment au niveau du score face aux différentes équipes que nous avons affrontées, pour l’emporter au goal-average. C’était spécial.
Vous avez remporté 5 titres en 5 ans avec les Crusaders. Comment expliquez-vous une telle performance ?
S.R : Cinq titres consécutifs, c’est vraiment extraordinaire parce que vous avez besoin d’une équipe entière tout le temps. Vous savez, nous avons eu des joueurs qui sont partis à la retraite et des changements dans le staff. Nous avons eu beaucoup d’épreuves sur et en dehors du terrain, Pour accomplir cela et être compétitif chaque année, nous avons des gars pour qui, devenir un All Black, est aussi important que de gagner le championnat. Pour nous, c’est incroyable. Pour gagner le championnat, nous avons une organisation globale et complète. C’est quelque chose dont nous sommes extrêmement fiers et c’est ce qui explique notre performance.
Ce qui est important, c'est la capacité à toujours refaire les petites choses à haut niveau et avec une grande constance.
Quelle est la clé de cette domination des Crusaders sur le terrain ?
S.R : Comme toute bonne équipe, vous devez évoluer et être meilleur dans plusieurs secteurs. En défense, sans le ballon, les gars sont vraiment solides, car nous sommes attentifs les uns aux autres. C’est le succès original de nos trois-quarts, que nous avons construit en 1998, 1999 et 2000. Nous avons une ligne arrière impressionnante et reconnaissante de notre pack. Nos trois-quarts nous créent énormément d’opportunités. Nous avons une ligne arrière vraiment puissante et technique, de Richie Mo’unga aux ailiers Seevu Reece et George Bridge en passant par Will Jordan, David Havili, Leicester Fainga'anuku ou Jack Goodhue, et vous pouvez ajouter des jeunes talentueux qui arrivent. Cela rend l'équipe incroyablement dure à composer, mais cette profondeur d'équipe est aussi l'une des raisons de notre consistance.
Reste-t-il encore des points d’amélioration chez les Crusaders ?
S.R : Les tendances et la stratégie de jeu sont toujours des éléments d’amélioration vraiment importants. Nous constatons que si nous ne sommes pas disciplinés, nous avons plus de difficulté. Ce qui est important, c'est la capacité à toujours refaire les petites choses à haut niveau et avec une grande constance. Notre force, c’est la capacité de gagner les moments clés, et c’est aussi un de nos points importants d’amélioration. On doit aussi continuer à travailler pour avoir une avance qui nous permette de rester au-dessus des autres.
Quel est votre regard sur les performances estivales des joueurs des Crusaders avec les All Blacks, lors des test-matchs et des rencontres de la Bledisloe Cup ?
S.R : Je suis vraiment fier des Crusaders qui jouent avec les All Blacks. Évidemment, Sam Whitelock est un commandant en chef exceptionnel. Il fait un travail fabuleux depuis que le sélectionneur Ia Foster lui a confié le rôle de capitaine. Je vois aussi le travail de Richie Mo’unga au sein de la ligne de trois-quarts. Mais tous les garçons qui ont eu cette opportunité l’ont saisie. Je pense notamment à George Bower, qui est l’un des principaux piliers de notre pays et qui a su élever son jeu au niveau mondial. Pour eux, gagner la Bledisloe Cup était vraiment important, nous verrons ce qui se passera ensuite.
En France, de nombreuses personnes disent que les Crusaders sont la meilleure équipe du monde. Qu’en pensez-vous ?
S.R : (Sourire) Eh bien, la seule solution pour trouver les meilleurs du monde, c’est de jouer contre une équipe européenne. C’est le meilleur moyen. Et j’aimerais vraiment affronter le Stade Toulousain. Nous portons ensemble les mêmes couleurs Rouge et Noir et nous avons des supporters passionnés. Et puis, ils ont un incroyable record de victoires en coupe d'Europe (5 titres, NDLR). Il faudrait vraiment disputer ce match et nous verrons bien ce qu'il se passe.
Voir tous les supporters catalans avec leurs barbecues, à manger des escargots sous la Tour Eiffel, c’était vraiment extra.
Alors que Perpignan est de retour en Top 14, quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l'Usap en tant que joueur, entre 2003 et 2006 ?
S.R : C’était un moment particulier de ma vie pour moi et ma famille. Nous avons eu notre petit garçon Macklan-Gaultier. Il est Catalan, puisqu'il est né à Perpignan, juste avant de revenir en Nouvelle-Zélande. Cela a été des années extraordinaires. C'était un défi pour moi en tant que joueur, mais aussi en tant que personne. Perpignan était un lieu génial pour apprendre le français, se faire des amis incroyables et voyager en Europe. Mon meilleur souvenir de cette période reste probablement la finale que nous avons perdue. Ce jour-là, nous n’en n’avons pas fait assez, mais voir tous les Catalans avec leurs barbecues, à manger des escargots sous la Tour Eiffel, c’était vraiment extra. La plage de Canet-en-Roussillon me manque et de descendre en Espagne aussi. C’est différent que d’aller à Ashburton (Nouvelle-Zélande). Quand j’y repense, ces années m’ont aidé pour mon actuelle carrière de coach.