Il n'y a pas qu'en France que l'on veut les taxer. Crise économique oblige, même la Grande-Bretagne et les Etats-Unis s'y mettent.
Les riches ont été choyés depuis trente ans parce qu’on pensait qu’ils étaient créateurs d’innovations, d’investissements, de richesses et d’emplois. Ils ont été avantagés par les gouvernements Reagan, Thatcher puis tous les autres, peu ou prou.
Avec la crise, le vent tourne. Les Etats sont endettés, ils cherchent des recettes là où elles sont. Les opinions, oppressées par l’austérité, pensent aujourd’hui que la fiscalité est devenue injuste. Les impôts partent à la hausse, en particulier sur les hauts revenus. Avec bien sûr des différences de montant entre les pays et entre la gauche et la droite, mais la direction est la même partout.
La Grande-Bretagne va augmenter les impôts sur les riches, a annoncé son ministre des Finances. Qui l’eut cru? Mais la croissance est faible, les rentrées d’impôts sont taries. George Osborne va réduire les niches fiscales et il s’est mis en chasse des multinationales qui ne paient pas assez d’impôts dans les îles britanniques. Starbucks, Amazon et Google sont les premiers visés.
David Cameron, le Premier ministre, avait, souvenez-vous, dit qu’il déroulerait le tapis rouge pour les exilés fiscaux français. Il ne va pas taxer à 75% les super-riches comme François Hollande, lui et la City ont trop besoin d’attirer les grosses fortunes mondiales. Mais nécessité fait loi: il doit trouver de l’argent pour combler un déficit qui perdure à 6,6% du PIB en 2012 et qui ne donne pas de vrais signes d’amélioration.
Barak Obama s’apprête à faire pareil. Il est démocrate, donc de gauche, et rehausser les impôts est plus naturel que pour le conservateur David Cameron. Mais le président américain réélu a un programme sévère. Les deux tranches les plus hautes de l’impôt sur le revenu vont être relevées à 36% et 39,6%. Les cotisations santé seront plus fortes pour les hauts revenus. La taxe sur les gains en capital passera de 15% à 20%, les dividendes seront taxés à 39,6%, les niches seront plafonnées et ceux qui gagnent plus d’un million de dollars par an seront surtaxés, on ne sait pas encore de combien.
L'impôt a cessé d'être progressif
La France socialiste n’est donc pas la seule, au contraire. La crise débouche sur une inversion de tendance. L’Hexagone a un niveau record de prélèvements obligatoires: en 2011, le total des impôts et taxes représentait 44,2% du PIB, battu par la Suède, 44,5%, mais au-dessus de l’Allemagne, 37%, du Royaume-Uni, 35,5%, des Etats-Unis, 25%, et de la moyenne OCDE 34%.
Qu’on ne se trompe pas: les prélèvements n’ont cessé d’augmenter durant ces trente dernières années. Plus faiblement dans les pays anglo-saxons mais néanmoins en hausse. La révolution libérale ne s’est pas traduite par moins d’Etat.
Mais les riches ont été taxés relativement de moins en moins. L’impôt a cessé d’être progressif. Camille Landais, Thomas Picketty et Emmanuel Saez le démontrent clairement pour la France. Le taux d’imposition est en moyenne de 45% des revenus, il monte pour frôler les 50% pour des revenus de 8.000 euros brut par mois, les classes aisées, puis redescend pour les 1% les super-riches et il pique même vers les 35% pour les 0,1%, les ultra-riches. C’est le même phénomène que celui observé aux Etats-Unis par le milliardaire Warren Buffet: sa secrétaire payait proportionnellement plus d’impôts que lui.
Nécessité budgétaire et impératif de justice sociale, le vent a tourné. Les plus aisés doivent contribuer comme les autres à la rigueur des temps et même plus que les autres.
Eric Le Boucher
Les riches ont été choyés depuis trente ans parce qu’on pensait qu’ils étaient créateurs d’innovations, d’investissements, de richesses et d’emplois. Ils ont été avantagés par les gouvernements Reagan, Thatcher puis tous les autres, peu ou prou.
Avec la crise, le vent tourne. Les Etats sont endettés, ils cherchent des recettes là où elles sont. Les opinions, oppressées par l’austérité, pensent aujourd’hui que la fiscalité est devenue injuste. Les impôts partent à la hausse, en particulier sur les hauts revenus. Avec bien sûr des différences de montant entre les pays et entre la gauche et la droite, mais la direction est la même partout.
La Grande-Bretagne va augmenter les impôts sur les riches, a annoncé son ministre des Finances. Qui l’eut cru? Mais la croissance est faible, les rentrées d’impôts sont taries. George Osborne va réduire les niches fiscales et il s’est mis en chasse des multinationales qui ne paient pas assez d’impôts dans les îles britanniques. Starbucks, Amazon et Google sont les premiers visés.
David Cameron, le Premier ministre, avait, souvenez-vous, dit qu’il déroulerait le tapis rouge pour les exilés fiscaux français. Il ne va pas taxer à 75% les super-riches comme François Hollande, lui et la City ont trop besoin d’attirer les grosses fortunes mondiales. Mais nécessité fait loi: il doit trouver de l’argent pour combler un déficit qui perdure à 6,6% du PIB en 2012 et qui ne donne pas de vrais signes d’amélioration.
Barak Obama s’apprête à faire pareil. Il est démocrate, donc de gauche, et rehausser les impôts est plus naturel que pour le conservateur David Cameron. Mais le président américain réélu a un programme sévère. Les deux tranches les plus hautes de l’impôt sur le revenu vont être relevées à 36% et 39,6%. Les cotisations santé seront plus fortes pour les hauts revenus. La taxe sur les gains en capital passera de 15% à 20%, les dividendes seront taxés à 39,6%, les niches seront plafonnées et ceux qui gagnent plus d’un million de dollars par an seront surtaxés, on ne sait pas encore de combien.
L'impôt a cessé d'être progressif
La France socialiste n’est donc pas la seule, au contraire. La crise débouche sur une inversion de tendance. L’Hexagone a un niveau record de prélèvements obligatoires: en 2011, le total des impôts et taxes représentait 44,2% du PIB, battu par la Suède, 44,5%, mais au-dessus de l’Allemagne, 37%, du Royaume-Uni, 35,5%, des Etats-Unis, 25%, et de la moyenne OCDE 34%.
Qu’on ne se trompe pas: les prélèvements n’ont cessé d’augmenter durant ces trente dernières années. Plus faiblement dans les pays anglo-saxons mais néanmoins en hausse. La révolution libérale ne s’est pas traduite par moins d’Etat.
Mais les riches ont été taxés relativement de moins en moins. L’impôt a cessé d’être progressif. Camille Landais, Thomas Picketty et Emmanuel Saez le démontrent clairement pour la France. Le taux d’imposition est en moyenne de 45% des revenus, il monte pour frôler les 50% pour des revenus de 8.000 euros brut par mois, les classes aisées, puis redescend pour les 1% les super-riches et il pique même vers les 35% pour les 0,1%, les ultra-riches. C’est le même phénomène que celui observé aux Etats-Unis par le milliardaire Warren Buffet: sa secrétaire payait proportionnellement plus d’impôts que lui.
Nécessité budgétaire et impératif de justice sociale, le vent a tourné. Les plus aisés doivent contribuer comme les autres à la rigueur des temps et même plus que les autres.
Eric Le Boucher