Rugby – USAP : "Je vis les matches de l'Argentine avec passion", Jerónimo De La Fuente, premier supporter des
Gilles Navarro
6–8 minutes
Pour la première fois depuis qu’il est arrivé à l’USAP (2020), le capitaine argentin Jerónimo De La Fuente est resté à Perpignan pour les tests internationaux de l’automne. Un choix assumé qui ne l’empêche pas de regarder jouer les Pumas avec passion, et un maillot albiceleste sur les épaules.
"Comment je vis les matches des Pumas devant la télé ? Avec passion ! Je suis incapable de rester assis sur mon canapé ! Je bouge, je me lève, je me rassois ! Mais je ne crie pas trop, surtout lorsque sont réunies à la maison ma femme, sa mère et sa sœur." Jerónimo De La Fuente, l’ancien capitaine des Pumas, ne sera pas sur la pelouse du Stade de France, ce vendredi (21 h 10) pour un France-Argentine forcément explosif, forcément acharné.
"De tout temps, les matches entre les Français et les Pumas ont été de bons matchs, bien engagés, durs, poursuit-il.
Ce sera encore la même chose cette fois-ci."
Rien n’a changé, sauf le statut des Pumas argentins, qui sortent d’un Rugby Championship réussi, auréolé d’une première victoire chez les All Blacks (38-30, le 10 août à Wellington) et d’un succès prestigieux sur les Springboks champions du monde (29-28, le 22 septembre à Santiago del Estero). Sans compter la claque infligée aux Italiens voilà deux semaines (50-18) et la défaite avec les armes en Irlande (19-22).
Avènement d’une nouvelle génération argentine
Les Argentins débarquent à Paris avec le plein de confiance. Leur équipe rajeunie veut conforter son nouveau standing. Qu’est ce qui a changé chez les Pumas ?
"L’avènement d’une nouvelle génération talentueuse, explique De La Fuente.
"Coco" (Ruiz)
, Joaquín (Oviedo)
en sont les meilleurs exemples. Ils sont jeunes, mais ils ont déjà une solide expérience internationale. Avec Mallia, Chocobares, Carreras ou Rubiolo, ils sont des joueurs à gros potentiel. Et puis l’arrivée de Felipe à la tête de l’équipe a donné un nouvel élan…"
Jerónimo De la Fuente a porté pour la dernière fois le maillot argentin le 20 juillet dernier (victoire 79-5). contre l'Uruguay ( MAXPPP - Joe Giddens
Felipe, c’est Contepomi. L’ancien ouvreur du Leinster, de Toulon puis du Stade Français.
"Felipe était un grand joueur, poursuit le capitaine de l’USAP
. Il fait partie de ceux qui voient toujours le jeu avec un temps d’avance, parfois deux… Bon, Antoine Dupont, lui, il a trois temps d’avance sur tout le monde (il se marre)
! Entraîneur, il est "carré" sur tout ce qui concerne les lancements de jeu, les zones à attaquer, ou à défendre. Il a apporté de la rigueur et de la précision. Avec lui, tous les schémas de jeu sont bien préparés ! Il prône un jeu simple, mais bien exécuté." Dernier point essentiel dans la réussite argentine, leur intronisation en 2012 dans l’ancien Tri-Nations, devenu depuis le Rugby Championship. Affronter tous les ans les All Blacks, les Springboks ou les Wallabies, permet de grandir.
"Longtemps, nous avons eu du mal à exister, reconnaît De La Fuente.
Cette année, c’était bien ! Nous avons rivalisé."
J’avais besoin de penser à ma famille, à mon club, à mon corps… à ma tête aussi.
Si "Jéro" a fait le choix de ne plus jouer avec les Pumas cette année, c’est pour mieux se ressourcer.
"Depuis que je suis arrivé à l’USAP (2020)
, j'ai toujours répondu présent à l’appel des Pumas, souligne-t-il.
Mais j’avais besoin de penser à ma famille, à mon club, à mon corps… à ma tête aussi. Enchaîner les matches en club puis en équipe nationale est très exigeant. J’en ai parlé avec Felipe, j’avais besoin de souffler. Mentalement. Physiquement, je me sens prêt. S’il a besoin de moi, il sait qu’il peut m’appeler. Mais dans son projet, une nouvelle génération de joueurs arrive. Il faut savoir laisser la place et permettre l’éclosion des jeunes talents. "Choco" (Santiago Chocobares, le centre du Stade Toulousain)
en a. Il sera Puma pour un bout de temps. Même s’il est blessé aujourd’hui, il représente l’avenir de l’équipe argentine. Et moi, ce que je veux avant tout, c’est le meilleur pour les Pumas… et pour l’USAP aussi. J’aimerais bien aider le club à gagner quelque chose."
Entre deux tasses de maté
Il s’y emploie avec passion et talent. Son essai, contre Vannes est passé en boucle sur les chaînes de Canal +. Trois petits coups de pied à suivre, un rebond pour Veredamu qui lui redonne le ballon à l’intérieur. De la belle ouvrage.
"J’ai eu de la chance", avoue le capitaine de l’USAP
. Ces coups de pattes ont dû régaler Diego Maradonna, là-haut, à qui De La Fuente a dédié ce petit exploit technique, quatre ans après le décès de celui que l’on surnommait "el Pibe de Oro".
Justement, la dramaturgie des France-Argentine a changé, depuis la victoire des coéquipiers de Lionel Messi en finale de la Coupe du monde 2022 de football (3-3, 4 tirs au but à 2).
"Le lendemain, je suis arrivé à l’entraînement avec le maillot argentin sur le dos, dit-il.
Je me suis fait un peu chambrer…" Le XV de France a pu constater l’été dernier, lors de cette tournée estivale cauchemardesque, combien jouer les Pumas était difficile.
"Un test partout, sourit De La Fuente.
On va jouer la finale au Stade de France, non ?" Il la regardera avec ses coéquipiers dans un hôtel toulousain. Le lendemain, l’USAP affronte les champions de France en titre. "Jéro" aura encore enfilé son maillot des Pumas. Comme il l’a fait le week-end dernier, pour Irlande-Argentine. L’asado avec Carlos (Vela) et Rimas (Alvarez-Kairelis) ainsi que les tasses de maté ont rappelé à l’international argentin son attachement à ces couleurs albicelestes dont il est si fier. La passion à la mode Puma !
