Rugby à XV - Top 14 : l'USAP revit grâce à sa force collective
Guilhem Richaud
La victoire contre Pau samedi (49-29), la troisième consécutive pour l'USAP, a montré que le staff catalan peut compter sur un groupe assez large entièrement concerné par l'objectif de la fin de saison : le maintien.
C'est l'un des enseignements de la rencontre. De la période même. Depuis quelques semaines, le redressement spectaculaire de l'USAP, qui a battu Pau, samedi à Aimé-Giral (49-29), est une histoire collective. Il y a bien quelques individualités qui font des miracles, comme Jerónimo de la Fuente, Tristan Tedder ou encore Jake McIntyre, qui ont constamment mis la défense béarnaise en danger, ou comme Brad Shields, avec son abattage monstrueux en défense, qui montre, match après match, que les dirigeants ont bien fait, à l'automne, de jouer la carte joker. Mais ce qui ressort de cet enchaînement de trois succès, le premier en Top 14 depuis 10 ans, c'est bien la force d'un groupe.
Bien aidés par une forme athlétique excellente, les Catalans montrent, depuis le début de l'année, que la totalité du groupe et mobilisée, et chacun répond présent. Car la liste des absences est longue, notamment du côté des cadres. Entre Mathieu Acebes et George Tilsley suspendus, Tom Ecochard, Piula Faasalele, Siua Halanukonuka ou encore, depuis un peu plus longtemps, Alivereti Duguivalu, qui sont blessés, ce sont beaucoup de joueurs d'expérience qui manquent à l'appel.
Des solutions partout
Là où la saison dernière l'effectif était un peu limité en nombre dès qu'il manquait quelques cadres, ce n'est désormais plus le cas. À chaque ligne, des solutions crédibles existent et la confiance fait le reste. Quand Piula Faasalele se blesse au genou, c'est Tuilagi, trois matches de Top 14 seulement au compteur, qui démarre, et ça marche. Quand Bachelier sort à la mi-temps, touché aux cervicales, c'est Kelian Galletier, et son expérience monstrueuse qui est là pour assurer. Quand Chiocci est absent, Tetrashvili et Lotrian font très bien le travail. Quand Halanukonuka se blesse, Joly porte la mêlée sur ses épaules...
Derrière, c'est tout aussi marqué. Avec les blessures, les suspensions, et les absences pour cause d'équipe de France à 7, il a fallu réorganiser. Ali Crossdale, qui a eu un temps d'adaptation plus important que son coéquipier anglais a pu profiter d'enchaîner les matches pour peser davantage ; Dubois, replacé à l'aile, a retrouvé ses jambes de la saison dernière et multiplie les bonnes performances. Sans parler d'Edward Sawailau, titulaire de dernière minute à Brive, à cause de la grippe de De la Fuente, qui a marqué l'essai de la victoire, avant de récidiver contre Pau quelques secondes seulement après son entrée...
Des absents bien présents
Ils sont une quarantaine de joueurs à s'entraîner ensemble tout au long de la semaine. Et tous se sentent concernés par la mission que s'est fixée le groupe : se maintenir en fin de saison quand bien même tout le monde les voyait, il y a encore quelques semaines, en Pro D2. Le staff, qui a aussi pu profiter de la Challenge Cup pour offrir du temps de jeu à certains a réussi à garder tout le monde sous tension. Et à chaque fois qu'un nouveau joueur entre dans le groupe, il arrive à se fondre dans le collectif.
Samedi, Boris Goutard, Shahn Eru et Lenny Viola qui n'étaient pas dans les 23, se sont échauffés comme s'ils allaient jouer. Parce qu'il y avait quelques doutes sur le virus qui circulait dans le groupe, mais surtout parce qu'il y avait besoin d'eux pour aider les titulaires. Au coup d'envoi, les deux premiers sont allés donner de la voix sur le bord du terrain avec Mathieu Acebes et Piula Faasalele, capitaines absents du terrain, mais ô combien présents dans le groupe.
Lenny Viola, lui, a endossé une chasuble et s'est placé avec le staff pour faire le porteur d'eau. À 18 ans, le jeune demi de mêlée des espoirs pourrait voir ça comme du bizutage. Mais c'est bien plus que ça : il prend de l'expérience pour le jour où ce sera son tour. Et ça tombe plutôt bien, il semble que ce moment approche. Samedi prochain à Bordeaux, lui et Goutard, entre autres, devraient jouer. Il faut préserver quelques joueurs qui ont pris des coups contre Pau pour la réception de Bayonne dans quinze jours, mais tous ceux qui iront en Gironde auront eux aussi envie de jouer un rôle majeur dans la grande dramaturgie de cette saison 2022-2023.