L'avis de Moustache dans l'indépendant de ce matin :
La question se pose à l'heure, sombre, d'assurer la survie des clubs tels l'USAP face à Oyonnax samedi. Elle est au cœur de l'enjeu du maintien.Doit-on jouer pour gagner ou jouer pour ne pas perdre ? Telle est la question existentielle qui taraude bon nombre d'équipes en souffrance.
Surtout celles qui, comme l'USAP, 12e ou Oyonnax, 11e avec deux points d'avance, luttent pour sauver leur peau. A une différence fondamentale. Depuis son accession au Top 14, le champion de France de Pro D2 en titre a une certitude : son combat est celui du maintien. "Nous, on sait que l'on joue le maintien depuis le début de saison. Avant le match contre Bordeaux-Bègles c'était tranquille, on a passé la semaine à rigoler", confesse le 2e ligne de l'USO, Thibault Lassalle. Là où certains se 'rétrécissent', se crispent, les joueurs de Christophe Urios arrivent à être libérés, entreprenants et envoyer du jeu comme en témoignent leurs deux jolis essais lors du succès sur Bordeaux-Bègles (26-12) en match en retard de la 19e journée vendredi dernier. Question d'état d'esprit, de mental qui fait oublier l'enjeu permanent de la relégation. A contrario, l'USAP, elle, engluée dans ses peurs, ses doutes, ses questionnements, semble jouer pour ne pas perdre. Elle a en effet beaucoup plus à perdre qu'Oyonnax, la logique initiale voulant que les Catalans bataillent pour la qualification et le promu pour éviter la descente.
Sélectionneur du XV d'Italie, Jacques Brunel avait fait triompher sa philosophie du 'jouer pour gagner' lors de la conquête du Brennus avec l'USAP. Avant la finale 2009 remportée contre Clermont, cette 'devise' avait été le fondement de sa stimulation et préparation. "Tu peux avoir peur de perdre une finale. Mais là, tu joues ta survie, nuance l'ancien de manager catalan. Ce sont deux contextes différents, même si les attitudes doivent être les mêmes quant à la détermination, l'harmonie dans le groupe, la certitude dans la manière". Avec les Italiens, 'moustache' tient un cap identique. "A mon arrivée en Italie, j'ai dit la même chose aux joueurs : imporre i non opporre, imposer et non opposer, explique-t-il. L'un est en résistance, en mode défensif, et l'autre est acteur. L'un attend et l'autre, conquérant, impose à l'adversaire."
Cette 'théorie' induit un énorme mental, une force de persuasion et d'intime conviction chez les joueurs. "Bien sûr, il faut faire abstraction de tes supposés défauts ou faiblesses et être convaincu de tes qualités. C'est une forme de détermination qui n'est pas obligatoirement très objective. C'est toujours facile à dire et plus difficile à mettre en œuvre. Mais, c'est la seule solution. Il ne faut pas douter de soi mais avoir des certitudes quant à sa force, son engagement, sa détermination", affirme le Gersois. Du point de vue du jeu, cela implique de l'initiative, de l'ambition, de la foi d'un côté, en opposition à de l'inhibition, de la fébrilité, de l'inefficacité de l'autre. "Tu ne vas pas changer ton jeu du jour au lendemain. Mais, tu t'appuies sur des choses sur lesquelles l'équipe se sent bien. Surtout, il faut être efficace avec une grande concentration. Quand tu joues pour ne pas perdre, tu es attentiste, tu espères que ça va évoluer en ta faveur mais tu n'es pas sûr de toi. Il faut avoir de la conviction dans ce que tu fais, un plan de jeu où tout le monde se retrouve et surtout une détermination partagée par tous. Tu dois t'engager à fond, ne pas être fébrile. Il ne faut pas que les peurs reprennent le dessus", pense Brunel.
C'est limpide, et on s'aperçoit vite qu'on n'a pas tous les ingrédients en magasin en ce moment.