Après l’annonce de la fin de carrière de Potgieter, l’USAP se déplace à Vannes ce jeudi soir (20h45).
Plus que du détachement, c’est d’un pragmatisme glacial dont il faudrait se gorger les veines pour avoir le cœur d’aborder ce match comme un autre. Par nature, un déplacement à Vannes ne suscite pas l’enthousiasme. C’est un fait. Mais l’annonce de la maladie et, conséquence, de la fin de carrière de Jacques-Louis Potgieter ont relégué tout intérêt sportif au second plan.
L’indécence du sport.
Rien. Voilà ce que pèse l’enjeu sportif au regard du sort de Jacques-Louis Potgieter. Il y aurait même une sorte d’indécence à s’appesantir sur des considérations comptables, dynamiques de groupe, absences... Une plus grande encore à décrypter dès aujourd’hui les conséquences du retrait de l’ouvreur titulaire de l’USAP. Un bla-bla habituel, sel du sport, mais qu’on ne jette pas sur des plaies vives. « J’espère qu’on peut travailler encore pour notre objectif dont on a parlé sur le stage en début de saison », glissait Potgieter, mardi matin, comme une invitation à ne jamais dévier du sportif. Quand tout le monde oubliait le rugby, c’est lui qui en reparlait. Alors puisqu’il le faut, oui, aujourd’hui, tout le monde en reparlera.
Samedi matin dans les vestiaires, la saison de ce groupe a basculé. Le Sud-Africain venait d’annoncer à ses coéquipiers sa maladie. Ce soir (20 h 45), l’USAP joue le match d’après. D’ordinaire, et parce que c’est un sport de combat, l’adversité et les coups du sort ont tendance à sublimer un groupe. Mais n’est-ce pas méprisable et racoleur de faire de ce match un symbole ? Potgieter a été rattrapé par la maladie. Aujourd’hui, l’USAP est rattrapée par le sport. La cruauté du jeu, c’est précisément de ne jamais s’arrêter, d’avancer coûte que coûte. À marche forcée s’il le faut. Les cas particuliers, aussi dramatiques soient-ils, ne peuvent suspendre le déroulement d’une saison. Mais Vannes, il faut bien y aller, quand même. Il faut y jouer. Et peut-être y gagner.