Pro D2 - Montauban des accusés
Il n’y a guère que dans sa quête du ridicule que le rugby français dépasse ses concurrents. Régulièrement repoussées, ses frontières semblent infinies. Qui s’étonnera de voir plus de têtes grises que blondes dans les tribunes ? Moins d’ouillades que de mises en examen. Moins d’ailiers français que de lampadaires et tables de chevet hostiles. Moins de victoires bleues que de perquisitions à Marcoussis. À mesure que les stades et audiences toussotent, VSD lance son OPA sur les pages sportives. Cachez ces valeurs que je ne saurais voir.
L’esprit dérègle
Aujourd’hui même, aux alentours de 16 h, la polémique Montauban-USAP fêtera sa première semaine d’existence. Souvenez-vous, cette victoire des Catalans... Non, souvenez-vous plutôt de cette scandaleuse 72e minute où Karl Chateau n’a pas regagné les tribunes. Remplaçant d’un Shahn Eru knock-out, le troisième ligne aurait dû laisser sa place à Pierre Lucas ou Romuald Séguy, un des remplaçants inutilisés par l’USAP.
Une règle de plus, un « laisser-passer A38 » dont ce sport a le secret. À mesure qu’il se technocratise, le rugby (à XV) creuse un peu plus le fossé qui le sépare de son public. Même les connaisseurs ne s’y reconnaissent plus. L’administration française n’est pas la seule à mériter un choc de simplification. Par ruissellement, les procédures prolifèrent. La douleur de la défaite a donc inspiré une réclamation de « nos amis montalbanais » auprès de la LNR.
Leur exigence ? Que ce match soit rejoué. Une tartufferie de plus dans la comédie burlesque du rugby français.
1. S’il fallait rejouer chaque rencontre à la moindre erreur d’arbitrage, probablement que le rugby rejouerait depuis toujours le même match depuis 150 ans.
2. Karl Chateau n’a eu aucune influence directe sur la victoire de l’USAP.
3. Ironie d’une histoire qui n’en manquait pourtant pas, le flanker catalan a « offert » une balle de match à Montauban.
#PleureCommeMontauban
Dossier contre dossier, la troisième mi-temps entre les deux clubs se jouera à Paris. Sans aucun précédent à sa disposition, la LNR fera jurisprudence mercredi. Mais au-delà d’un simple fait de jeu, cette décision en dira long sur l’esprit des règles. Et pendant ce temps, on se rit du rugby. Si les Usapistes se disent sourds aux vitupérations des réseaux sociaux, les Montalbanais se terrent dans le mutisme. Bien plus large que celui de la victoire catalane (20-22), l’écho de la réclamation a porté loin.
Le hashtag #PleureCommeMontauban a fait florès sur twitter. Vidéos, commentaires et détournements le tournant en ridicule ont submergé Montauban. Le microcosme a choisi son camp.
Sur notre propre site, les audiences sont sans appel : l’annonce de la réclamation est l’article le plus lu de la saison. Et c’est bien là le grand mérite de Tarn-et-Garonnais que d’avoir subitement projeté la Pro D2 sur le devant de la scène. Un pas de plus dans l’univers procédurier du rugby. Après avoir subi une triste quatrième défaite consécutive jeudi soir à Mont-de-Marsan (17-12), Montauban en concédera-t-il une cinquième mercredi ?