Pro D2: l’USAP flingue Narbonne
Hier, d’ambitieux Catalans ont mis sous l’éteignoir des Audois mal en point dans la course au maintien.
Ça craint pour Narbonne, ça farte pour l’USAP. Les moins de vingt ans qui n’ont pas connu l’épique derby de 2001, conclu par une victoire à l’arraché de l’USAP (21-19), garderont longtemps en mémoire l’incroyable scénario d’hier après-midi, qui vit Perpignan assommer une nouvelle fois le RCNM sur le gong. 79e minute de jeu. Les Catalans, qui avaient chaud aux fesses, menaient alors 18-12 et restaient à la merci d’un contre narbonnais. Et puis Alipate Ratini a surgi de sa boîte.
L’ailier de l’USAP a d’abord crucifié les orange et noir sur un essai en bout de ligne, en conclusion d’une attaque en première main. Puis, alors que la sirène avait retenti, le Racing réengagea, cafouilla le ballon, sembla s’arrêter de jouer devant un public médusé, laissant le soin à Sébastien Descons d’alerter Ratini dans le côté fermé. Le Fidjien ne s’en laissa pas compter et, après un ultime coup de rein, s’affala derrière la ligne dans une ambiance surréaliste pour offrir à l’USAP le cinquième essai de son équipe (81e ), celui du bonus offensif, celui de l’espoir pour la qualification.
■ Chacun y a cru
Ce matin, les sang et or ne sont plus distancés que de trois points par Biarritz, Montauban et Colomiers. « On est encore vivants », a commenté tout sourire l’entraî- neur Patrick Arlettaz. Changement de décor dans le camp des vaincus. « On s’est heurté à un mur. J’ai le sentiment qu’on était loin et proche à la fois », s’est fendu un Christian Labit dépité. Le manager audois, qui refuse d’abdiquer, sait néanmoins que la partie va désormais être redoutable pour éviter de glisser dans la tombe.
Car même avec six points d’avance sur le premier relégable Albi, ni la sérénité ni la dynamique ne sont du côté narbonnais. Et pourtant ils y ont cru. À 5-5 à la mi-temps, les orange et noir pouvaient se féliciter de s’être montrés ultra-réalistes. Il leur aura suffi de franchir pour la première les 22 mètres adverses ballon en main pour égaliser via Romain Manchia (38e ), alors que jusque-là ils n’avaient pas existé. Dans un derby tendu et pauvre techniquement, le Racing a subi de plein fouet la domination usapiste. C’est même un petit miracle si les Catalans n’ont pas inscrit deux essais de plus avant la pause.
■ Suspense paradoxal
Il y a quelques semaines de cela, les sang et or, joueurs mais terriblement inefficaces, ne s’en seraient pas remis mentalement. Mais ils ont retenu la leçon. Constamment présents au pressing, Mafi et ses partenaires eurent le mérite de ne jamais desserrer leur étreinte. Narbonne, qui semblait avoir repris du poil de la bête, s’éteignit alors à petit feu dans le second acte, malgré un deuxième essai de Yassine Jarmouni (65e ) contre le cours du jeu. Tel fut le paradoxe de ce match : maintenir le suspense alors qu’il n’y a pas eu photo.
L’USAP, maître du ballon, était clairement la plus forte. « On n’a pas été récompensés de notre domination », regretta le directeur sportif Christian Lanta. C’était compter sans Ratini qui, en deux coups de cuillère à pot, scella le destin d’un derby à rebondissements. À peine le temps de savourer ou de se remettre la tête à l’endroit qu’il faudra remettre le couvert vendredi. L’USAP recevra Angoulême, tandis que Narbonne s’offrira un nouveau derby à Carcassonne. La passion est intacte.