philippe78
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Pourquoi emprunter va nous coûter (beaucoup) plus cher
DECRYPTAGE La Fed ayant coupé le robinet, les taux remontent à grande vitesse. Avec des conséquences douloureuses pour les particuliers, la Bourse et les Etats endettés comme la France.
» Comment la Fed peut cesser de faire tourner la planche à billets
L’Etat français pouvait emprunter il y a quatre mois à 1,65% sur dix ans. Il doit maintenant payer 2,65% pour lever le moindre euro sur la même durée… Pourtant, tous les cadrans sont en train de passer au vert. François Hollande, comme il l’avait annoncé, voit poindre un début de hausse de la croissance en France. Quant aux efforts budgétaires du pays, ils se poursuivent.
Voilà qui aurait dû permettre de maintenir les taux d’intérêt à un niveau raisonnable. D’autant qu’au niveau international, les capitaux affluent sur les pays occidentaux. Les marchés émergents, qui, par leur taux de croissance, avaient réussi à siphonner les capitaux en mal d’investissement (220 milliards de dollars investis en deux ans), ne séduisent plus du tout : depuis le mois de mai, 97 milliards de dollars sont repartis vers les marchés des pays développés où ils se sont investis en actions et en obligations.
De fait, les marchés boursiers en ont bien profité : la Bourse de Paris a gagné 11% depuis mai dernier. Les obligations auraient dû aussi en profiter et l’afflux d’acheteurs de titres d’Etat aurait dû faire baisser les taux d’intérêt. C’est le contraire qui s’est produit. Pourquoi?
On vit un mini-krach obligataire
C’est là qu’il faut introduire un nouveau mot. Il va occuper d'ici peu une très grande place dans le vocabulaire économique mondial. Il s'agit du "taper" (prononcer "tapeur"). Qu’est-ce que ce "taper" ? C’est la nouvelle politique de la réserve fédérale. Elle consiste à fermer le robinet ("tap" en anglais) des liquidités dont elle inonde le monde depuis le début de la crise, en 2007. En six ans, elle a créé plus de 3.000 milliards de dollars de liquidités, sous forme de prêt à taux zéro aux banques qui les ont ensuite replacées dans l'économie, en les prêtant aux entreprises et aux particuliers, ou en les investissant pour leur propre compte.
Cela a contribué à relancer les cours boursiers et à maintenir les taux de crédit à un niveau artificiellement bas, pour aboutir, au final, à la relance de l’économie américaine. Mission accomplie, nous dit donc Ben Bernanke, le patron de la Fed, qui a décidé de fermer sa boutique à partir de la mi-septembre, maintenant que la croissance américaine est sur les rails.
Mais attention, prévient l’économiste d’Oddo Securities, Bruno Cavalier: "la Fed n’est jamais sortie d’une politique monétaire extrêmement accommodante sans causer de graves dégâts." On peut désormais parler d’un mini-krach obligataire : les taux de l’emprunt d’état à dix ans aux Etats-Unis sont passés de 1,60 à 2,95%. "Il faut bien comprendre que sur le marché des emprunts d’Etat un mouvement comme celui-ci est équivalent à un méga-krach sur les actions" commente notre chroniqueur des marchés, le PDG de MonFinancier.com, Marc Fiorentino.
Et la France, dans tout cela ?
Notre pays est désormais traité avec méfiance : les investisseurs, qui ont moins facilement accès à l’argent facile, sont plus circonspects lorsqu’il s’agit d’investir dans un pays considéré comme fragile. D’où l’écart croissant entre l’Allemagne, qui ne paie que 2,18% pour se financer à 10 ans, et la France, qui elle paie un demi-point de plus : 2,65%. Les investisseurs font donc à nouveau la différence entre les pays, et ils le font par le biais des rendements qu'ils exigent des obligations d'état. "Ces rendements vont retrouver des niveaux normaux." prévient Eric Chaney, économiste d'Axa Investment managers. Quel est le niveau normal des taux pour la France, dans ce cas. "3,2% d'ici un an", nous répond le très respecté Jean-Paul Betbèze, ex-directeur des études du Crédit agricole et désormais président de Betbèze Conseil.
Les conséquences, vous n'allez pas tarder à les sentir : les épargnants peuvent s'attendre à une forte baisse de la bourse. Car les entreprises auront plus de mal à investir. Et beaucoup d'investisseurs quitteront le monde des actions trop risqué, pour celui des obligations nouvellement émises, à taux élevé. A 4.000 points et avec des taux entre 2,65 et 3%, la Bourse de Paris apparaît d'ailleurs surévaluée de 15 à 20%.
Un coup dur pour l'immobilier
Le marché qui sera le plus sensible à cette nouvelle donne sera sans doute celui de l'immobilier. Une hausse des taux d'intérêt se transmet immanquablement par une hausse des taux de crédit. Aujourd'hui, ils commencent à frémir et ont déjà atteint 2,98% selon les chiffres publiés jeudi par l'observatoire des crédit CSA/Crédit Logement. Ils devraient, pour suivre la hausse déjà réalisée par l'OAT, augmenter de… 60% et donc passer de passer dans les prochains mois de 3% (leur niveau de mai et d'aujourd'hui) à… 4,8%.
Impossible? Pas vraiment. Rappelez-vous. En 2008, ils avaient déjà atteint ce niveau. Ce qui avait fait plonger les prix de 7 à 15%, car 80% des achats immobiliers sont faits à crédit. "La hausse a déjà commencé" confirme Mael Bernier, porte-parole du courtier en prêts Empruntis "mais je ne pense pas qu'on en arrive à dépasser les 4% à la fin de l'année : les banques ont besoin de prêter et réduiront leurs marges pour continuer à prêter à taux raisonnable." N'empêche : à 3,8 ou 3,9%, il faudra pouvoir aligner presque 30% d'apport personnel supplémentaire pour acheter le même bien. De quoi décourager les primo-accédants ou pousser les vendeurs à réduire leur prétention
http://www.challenges.fr/economie/2...nes-plumes-de-tous-les-cotes.html?xtor=RSS-81
Pas vu que les prix de l'immo ont plongé de 7 à 15 % en 2008...
Bref on n'est pas sorti de l'auberge
DECRYPTAGE La Fed ayant coupé le robinet, les taux remontent à grande vitesse. Avec des conséquences douloureuses pour les particuliers, la Bourse et les Etats endettés comme la France.
» Comment la Fed peut cesser de faire tourner la planche à billets
L’Etat français pouvait emprunter il y a quatre mois à 1,65% sur dix ans. Il doit maintenant payer 2,65% pour lever le moindre euro sur la même durée… Pourtant, tous les cadrans sont en train de passer au vert. François Hollande, comme il l’avait annoncé, voit poindre un début de hausse de la croissance en France. Quant aux efforts budgétaires du pays, ils se poursuivent.
Voilà qui aurait dû permettre de maintenir les taux d’intérêt à un niveau raisonnable. D’autant qu’au niveau international, les capitaux affluent sur les pays occidentaux. Les marchés émergents, qui, par leur taux de croissance, avaient réussi à siphonner les capitaux en mal d’investissement (220 milliards de dollars investis en deux ans), ne séduisent plus du tout : depuis le mois de mai, 97 milliards de dollars sont repartis vers les marchés des pays développés où ils se sont investis en actions et en obligations.
De fait, les marchés boursiers en ont bien profité : la Bourse de Paris a gagné 11% depuis mai dernier. Les obligations auraient dû aussi en profiter et l’afflux d’acheteurs de titres d’Etat aurait dû faire baisser les taux d’intérêt. C’est le contraire qui s’est produit. Pourquoi?
On vit un mini-krach obligataire
C’est là qu’il faut introduire un nouveau mot. Il va occuper d'ici peu une très grande place dans le vocabulaire économique mondial. Il s'agit du "taper" (prononcer "tapeur"). Qu’est-ce que ce "taper" ? C’est la nouvelle politique de la réserve fédérale. Elle consiste à fermer le robinet ("tap" en anglais) des liquidités dont elle inonde le monde depuis le début de la crise, en 2007. En six ans, elle a créé plus de 3.000 milliards de dollars de liquidités, sous forme de prêt à taux zéro aux banques qui les ont ensuite replacées dans l'économie, en les prêtant aux entreprises et aux particuliers, ou en les investissant pour leur propre compte.
Cela a contribué à relancer les cours boursiers et à maintenir les taux de crédit à un niveau artificiellement bas, pour aboutir, au final, à la relance de l’économie américaine. Mission accomplie, nous dit donc Ben Bernanke, le patron de la Fed, qui a décidé de fermer sa boutique à partir de la mi-septembre, maintenant que la croissance américaine est sur les rails.
Mais attention, prévient l’économiste d’Oddo Securities, Bruno Cavalier: "la Fed n’est jamais sortie d’une politique monétaire extrêmement accommodante sans causer de graves dégâts." On peut désormais parler d’un mini-krach obligataire : les taux de l’emprunt d’état à dix ans aux Etats-Unis sont passés de 1,60 à 2,95%. "Il faut bien comprendre que sur le marché des emprunts d’Etat un mouvement comme celui-ci est équivalent à un méga-krach sur les actions" commente notre chroniqueur des marchés, le PDG de MonFinancier.com, Marc Fiorentino.
Et la France, dans tout cela ?
Notre pays est désormais traité avec méfiance : les investisseurs, qui ont moins facilement accès à l’argent facile, sont plus circonspects lorsqu’il s’agit d’investir dans un pays considéré comme fragile. D’où l’écart croissant entre l’Allemagne, qui ne paie que 2,18% pour se financer à 10 ans, et la France, qui elle paie un demi-point de plus : 2,65%. Les investisseurs font donc à nouveau la différence entre les pays, et ils le font par le biais des rendements qu'ils exigent des obligations d'état. "Ces rendements vont retrouver des niveaux normaux." prévient Eric Chaney, économiste d'Axa Investment managers. Quel est le niveau normal des taux pour la France, dans ce cas. "3,2% d'ici un an", nous répond le très respecté Jean-Paul Betbèze, ex-directeur des études du Crédit agricole et désormais président de Betbèze Conseil.
Les conséquences, vous n'allez pas tarder à les sentir : les épargnants peuvent s'attendre à une forte baisse de la bourse. Car les entreprises auront plus de mal à investir. Et beaucoup d'investisseurs quitteront le monde des actions trop risqué, pour celui des obligations nouvellement émises, à taux élevé. A 4.000 points et avec des taux entre 2,65 et 3%, la Bourse de Paris apparaît d'ailleurs surévaluée de 15 à 20%.
Un coup dur pour l'immobilier
Le marché qui sera le plus sensible à cette nouvelle donne sera sans doute celui de l'immobilier. Une hausse des taux d'intérêt se transmet immanquablement par une hausse des taux de crédit. Aujourd'hui, ils commencent à frémir et ont déjà atteint 2,98% selon les chiffres publiés jeudi par l'observatoire des crédit CSA/Crédit Logement. Ils devraient, pour suivre la hausse déjà réalisée par l'OAT, augmenter de… 60% et donc passer de passer dans les prochains mois de 3% (leur niveau de mai et d'aujourd'hui) à… 4,8%.
Impossible? Pas vraiment. Rappelez-vous. En 2008, ils avaient déjà atteint ce niveau. Ce qui avait fait plonger les prix de 7 à 15%, car 80% des achats immobiliers sont faits à crédit. "La hausse a déjà commencé" confirme Mael Bernier, porte-parole du courtier en prêts Empruntis "mais je ne pense pas qu'on en arrive à dépasser les 4% à la fin de l'année : les banques ont besoin de prêter et réduiront leurs marges pour continuer à prêter à taux raisonnable." N'empêche : à 3,8 ou 3,9%, il faudra pouvoir aligner presque 30% d'apport personnel supplémentaire pour acheter le même bien. De quoi décourager les primo-accédants ou pousser les vendeurs à réduire leur prétention
http://www.challenges.fr/economie/2...nes-plumes-de-tous-les-cotes.html?xtor=RSS-81
Pas vu que les prix de l'immo ont plongé de 7 à 15 % en 2008...
Bref on n'est pas sorti de l'auberge