Patrick Arlettaz le futur entraîneur de l'attaque des Bleus est un passionné du jeu et de l'USAP
De joueur à manager de Perpignan, sans jamais partir trop loin de sa chère Catalogne, le futur entraîneur de l'attaque des Bleus Patrick Arlettaz y a forgé ses convictions d'un rugby offensif ambitieux.
Beaucoup de choses étaient condensées ce 13 mai. Du jeu, du très beau jeu parfois et beaucoup d'amour. Réception de Toulouse à Aimé-Giral, la dernière à domicile pour Patrick Arlettaz (51 ans) dans le staff de l'USAP. Le maintien est loin d'être acquis - il le sera trois semaines plus tard grâce à une victoire à Grenoble en barrage (19-33), mais Perpignan cherche son salut par le jeu, à l'image des deux essais, en première main derrière un maul et une longue séquence conclue par un magnifique rasant au pied de Jake McIntyre pour Lucas Dubois.
La prise d'initiatives - de risques parfois -, l'alternance, la recherche d'intervalles, la possession... Des convictions qui bouillonnent dans la tête de Patrick Arlettaz depuis ses débuts comme joueur et qu'il n'a jamais reniées, peu importe le contexte. Le technicien de génie décrit par ses collègues et ses joueurs va toucher à la reconnaissance ultime en intégrant le staff des Bleus après la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre).
« Il n'était pas très branché prépa physique, il jouait tout sur le talent et le mental. Pierre Berbizier insistait sur la rigueur et l'hygiène de vie, donc la cigarette... » Sébastien Buada, coéquipier de Patrick Arlettaz à Narbonne
« C'est très flatteur pour un garçon comme moi, de Perpignan, qui bataille depuis sept ans », se marrait-il au bout du fil quand son nom était évoqué. Perpignan, on y revient. Une fois Toulouse vaincu, le 13 mai (26-21), Arlettaz enchaîne les accolades, salue les quatre coins d'un stade qu'il connaît par coeur. Difficile de contenir son émotion. « C'est mon club, résume-t-il alors. J'avais 3 ans et je venais ici avec mon grand-père. J'ai joué à 17 ans en équipe première, pour sa plus grande fierté. Et on m'a autorisé à prendre les commandes du club pendant sept ans. »
En bref
51 ans
Futur entraîneur de l'attaque du quinze de France.
Carrière d'entraîneur : adjoint à Montpellier (2003-2006) ; entraîneur des arrières à Narbonne (2008-2011) ; entraîneur de l'attaque à Perpignan (2012-2014) ; adjoint à Perpignan (2016-2019) ; entraîneur principal puis manager à Perpignan (2019-2023) ; entraîneur de l'attaque du quinze de France (après la Coupe du monde 2023).
Palmarès : champion de France de Pro D2 avec Perpignan (2018 et 2021).
Il avait acté son départ l'été dernier - l'équipe de France n'était pas dans les tuyaux -, usé par les années à la tête d'un Perpignan en lutte perpétuelle, pour quitter la Pro D2 ou rester en Top 14. Laisser le club là où il l'avait (quasiment) toujours connu, dans l'élite, était sa mission. « Il arrête sur deux maintiens, c'est encore plus beau, sourit David Marty, autre figure historique du club, intégré au staff de l'équipe première par Arlettaz il y a deux ans et qui sera associé à Franck Azéma la saison prochaine. Si on avait été relégués ? Il ne vaut mieux pas imaginer son état (rires). »
L'enfant de Cabestany, à quelques kilomètres à l'ouest de Perpignan, est parti en paix, au bout d'une histoire pas si linéaire avec l'USAP. Il y a débuté sa carrière de joueur en 1991. « Un centre pétri de talent avec déjà une vision du jeu au-dessus de la moyenne, se rappelle Laurent Arbo, jeune ailier à l'époque. Mais alors pas beau à voir, le dos voûté, un style de course dégueulasse (rires). Mais tellement clairvoyant dans ce qu'il faisait, je ne sais pas combien d'essais je lui dois ! »
L'histoire se termine en 1996. « Incompatibilité avec un entraîneur (Alain Tixador), explique Arbo. Sa philosophie du rugby ne correspondait pas à la sienne. Ça lui a arraché le coeur, mais il est parti, avec un beau pied de nez en allant à Narbonne, l'ennemi juré. » Il jouera cinq ans sous le maillot orange (1996-2001), notamment sous les ordres de Pierre Berbizier. L'arrière Frédéric Benazech, le demi d'ouverture Jérémy Valls et le demi de mêlée Sébastien Buada deviennent des potes.
« Il aurait eu une carrière différente s'il avait joué dix ans plus tôt, estime Buada, car il avait du mal avec le rugby qui devenait professionnel. Il n'était pas très branché prépa physique, il jouait tout sur le talent et le mental. Pierre (Berbizier) insistait sur la rigueur et l'hygiène de vie, donc la cigarette... » « Il aurait pu viser beaucoup plus haut, avoir plus que sa seule sélection en équipe de France (en octobre 1995) et aller jouer dans de plus grands clubs, enchaîne Jérémy Valls. Mais ce n'est pas lui ça. Il met sa famille et sa région avant tout. Montpellier, c'était l'extrême limite géographique (rires). »
« Vu le boulot qu'il a abattu à Perpignan, je suis impatient de voir ce que ça va donner avec les avions de chasse de l'équipe de France » Perry Freshwater, entraîneur des avants de l'USAP
Il y finira d'ailleurs sa carrière de joueur en 2003 sur un titre de champion de D2, enchaînant presque naturellement sur une carrière d'entraîneur, toujours dans l'Hérault (2003-2006) puis à Narbonne (2008-2011). « Joueur, il était déjà passionné par le jeu offensif, il te parlait de cellules, de répartitions dans la ligne d'attaque, se rappelle Bénazech. Il avait des certitudes sur le jeu et il les appliquait comme joueur, ce qui pouvait fâcher quelques entraîneurs (rires). »
L'USAP revient dans son parcours professionnel en 2012, quand Marc Delpoux fait appel à lui comme entraîneur de l'attaque. Il est dans son élément, celui qu'il retrouvera en équipe de France dans quelques mois. « On sent tout de suite le spécialiste, qui fait l'unanimité pour ses compétences, se rappelle le demi de mêlée Tom Ecochard, onze saisons à l'USAP. Mais il a été très dur avec les jeunes comme moi. Il n'acceptait pas un ballon tombé, une mauvaise passe... Mais il a ce charisme, cet affect pour les joueurs, avec ce côté droit, honnête, qui te rendent vite fan du personnage. »
Malgré les pointures dans son effectif, l'USAP est relégué en 2014, pour la première fois de son histoire. Un traumatisme, décuplé pour Arlettaz le Catalan. « Il avait une telle aura dans le vestiaire qu'il aurait pu prendre les commandes, se rappelle Perry Freshwater, ancien pilier et team manager du club à l'époque. Mais il a été solidaire de Delpoux et est parti. » À la formation... à l'USAP, encore.
Perpignan végète en Pro D2 et Arlettaz revient dans le staff en septembre 2016. Directeur sportif depuis peu, Christian Lanta fait appel à ce joueur qu'il avait entraîné des années plus tôt en équipe de France universitaire, championne du monde en 1996, et avec lequel il n'a jamais perdu contact. Une troisième vie à l'USAP dans laquelle l'ancien joueur puis entraîneur adjoint a pris de l'épaisseur jusqu'à finir manager la saison dernière. Il y aura une première remontée en 2018, une saison de Top 14 à 24 défaites (en 26 matches) mais un projet qui garde le cap pour un nouveau titre de champion de Pro D2 en 2021 et des maintiens en 2022 et 2023.
Perry Freshwater est de l'aventure depuis 2016 dans le staff. « Combien de joueurs quelconques a-t-il rendu bons voire très bons ? salue le camarade de bord de touche. Et l'homme est tellement brillant en société... Je ne l'ai pas vu rater une causerie. Les mots changent mais ils sont toujours justes. Vu le boulot qu'il a abattu à Perpignan et toutes les idées qu'il a, je suis impatient de voir ce que ça va donner avec les avions de chasse de l'équipe de France... » Il s'éloignera alors de sa Catalogne, mais a déjà prévu d'y revenir entre les rassemblements.
De joueur à manager de Perpignan, sans jamais partir trop loin de sa chère Catalogne, le futur entraîneur de l'attaque des Bleus Patrick Arlettaz y a forgé ses convictions d'un rugby offensif ambitieux.
Beaucoup de choses étaient condensées ce 13 mai. Du jeu, du très beau jeu parfois et beaucoup d'amour. Réception de Toulouse à Aimé-Giral, la dernière à domicile pour Patrick Arlettaz (51 ans) dans le staff de l'USAP. Le maintien est loin d'être acquis - il le sera trois semaines plus tard grâce à une victoire à Grenoble en barrage (19-33), mais Perpignan cherche son salut par le jeu, à l'image des deux essais, en première main derrière un maul et une longue séquence conclue par un magnifique rasant au pied de Jake McIntyre pour Lucas Dubois.
La prise d'initiatives - de risques parfois -, l'alternance, la recherche d'intervalles, la possession... Des convictions qui bouillonnent dans la tête de Patrick Arlettaz depuis ses débuts comme joueur et qu'il n'a jamais reniées, peu importe le contexte. Le technicien de génie décrit par ses collègues et ses joueurs va toucher à la reconnaissance ultime en intégrant le staff des Bleus après la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre).
« Il n'était pas très branché prépa physique, il jouait tout sur le talent et le mental. Pierre Berbizier insistait sur la rigueur et l'hygiène de vie, donc la cigarette... » Sébastien Buada, coéquipier de Patrick Arlettaz à Narbonne
« C'est très flatteur pour un garçon comme moi, de Perpignan, qui bataille depuis sept ans », se marrait-il au bout du fil quand son nom était évoqué. Perpignan, on y revient. Une fois Toulouse vaincu, le 13 mai (26-21), Arlettaz enchaîne les accolades, salue les quatre coins d'un stade qu'il connaît par coeur. Difficile de contenir son émotion. « C'est mon club, résume-t-il alors. J'avais 3 ans et je venais ici avec mon grand-père. J'ai joué à 17 ans en équipe première, pour sa plus grande fierté. Et on m'a autorisé à prendre les commandes du club pendant sept ans. »
En bref
51 ans
Futur entraîneur de l'attaque du quinze de France.
Carrière d'entraîneur : adjoint à Montpellier (2003-2006) ; entraîneur des arrières à Narbonne (2008-2011) ; entraîneur de l'attaque à Perpignan (2012-2014) ; adjoint à Perpignan (2016-2019) ; entraîneur principal puis manager à Perpignan (2019-2023) ; entraîneur de l'attaque du quinze de France (après la Coupe du monde 2023).
Palmarès : champion de France de Pro D2 avec Perpignan (2018 et 2021).
Il avait acté son départ l'été dernier - l'équipe de France n'était pas dans les tuyaux -, usé par les années à la tête d'un Perpignan en lutte perpétuelle, pour quitter la Pro D2 ou rester en Top 14. Laisser le club là où il l'avait (quasiment) toujours connu, dans l'élite, était sa mission. « Il arrête sur deux maintiens, c'est encore plus beau, sourit David Marty, autre figure historique du club, intégré au staff de l'équipe première par Arlettaz il y a deux ans et qui sera associé à Franck Azéma la saison prochaine. Si on avait été relégués ? Il ne vaut mieux pas imaginer son état (rires). »
L'enfant de Cabestany, à quelques kilomètres à l'ouest de Perpignan, est parti en paix, au bout d'une histoire pas si linéaire avec l'USAP. Il y a débuté sa carrière de joueur en 1991. « Un centre pétri de talent avec déjà une vision du jeu au-dessus de la moyenne, se rappelle Laurent Arbo, jeune ailier à l'époque. Mais alors pas beau à voir, le dos voûté, un style de course dégueulasse (rires). Mais tellement clairvoyant dans ce qu'il faisait, je ne sais pas combien d'essais je lui dois ! »
L'histoire se termine en 1996. « Incompatibilité avec un entraîneur (Alain Tixador), explique Arbo. Sa philosophie du rugby ne correspondait pas à la sienne. Ça lui a arraché le coeur, mais il est parti, avec un beau pied de nez en allant à Narbonne, l'ennemi juré. » Il jouera cinq ans sous le maillot orange (1996-2001), notamment sous les ordres de Pierre Berbizier. L'arrière Frédéric Benazech, le demi d'ouverture Jérémy Valls et le demi de mêlée Sébastien Buada deviennent des potes.
« Il aurait eu une carrière différente s'il avait joué dix ans plus tôt, estime Buada, car il avait du mal avec le rugby qui devenait professionnel. Il n'était pas très branché prépa physique, il jouait tout sur le talent et le mental. Pierre (Berbizier) insistait sur la rigueur et l'hygiène de vie, donc la cigarette... » « Il aurait pu viser beaucoup plus haut, avoir plus que sa seule sélection en équipe de France (en octobre 1995) et aller jouer dans de plus grands clubs, enchaîne Jérémy Valls. Mais ce n'est pas lui ça. Il met sa famille et sa région avant tout. Montpellier, c'était l'extrême limite géographique (rires). »
« Vu le boulot qu'il a abattu à Perpignan, je suis impatient de voir ce que ça va donner avec les avions de chasse de l'équipe de France » Perry Freshwater, entraîneur des avants de l'USAP
Il y finira d'ailleurs sa carrière de joueur en 2003 sur un titre de champion de D2, enchaînant presque naturellement sur une carrière d'entraîneur, toujours dans l'Hérault (2003-2006) puis à Narbonne (2008-2011). « Joueur, il était déjà passionné par le jeu offensif, il te parlait de cellules, de répartitions dans la ligne d'attaque, se rappelle Bénazech. Il avait des certitudes sur le jeu et il les appliquait comme joueur, ce qui pouvait fâcher quelques entraîneurs (rires). »
L'USAP revient dans son parcours professionnel en 2012, quand Marc Delpoux fait appel à lui comme entraîneur de l'attaque. Il est dans son élément, celui qu'il retrouvera en équipe de France dans quelques mois. « On sent tout de suite le spécialiste, qui fait l'unanimité pour ses compétences, se rappelle le demi de mêlée Tom Ecochard, onze saisons à l'USAP. Mais il a été très dur avec les jeunes comme moi. Il n'acceptait pas un ballon tombé, une mauvaise passe... Mais il a ce charisme, cet affect pour les joueurs, avec ce côté droit, honnête, qui te rendent vite fan du personnage. »
Malgré les pointures dans son effectif, l'USAP est relégué en 2014, pour la première fois de son histoire. Un traumatisme, décuplé pour Arlettaz le Catalan. « Il avait une telle aura dans le vestiaire qu'il aurait pu prendre les commandes, se rappelle Perry Freshwater, ancien pilier et team manager du club à l'époque. Mais il a été solidaire de Delpoux et est parti. » À la formation... à l'USAP, encore.
Perpignan végète en Pro D2 et Arlettaz revient dans le staff en septembre 2016. Directeur sportif depuis peu, Christian Lanta fait appel à ce joueur qu'il avait entraîné des années plus tôt en équipe de France universitaire, championne du monde en 1996, et avec lequel il n'a jamais perdu contact. Une troisième vie à l'USAP dans laquelle l'ancien joueur puis entraîneur adjoint a pris de l'épaisseur jusqu'à finir manager la saison dernière. Il y aura une première remontée en 2018, une saison de Top 14 à 24 défaites (en 26 matches) mais un projet qui garde le cap pour un nouveau titre de champion de Pro D2 en 2021 et des maintiens en 2022 et 2023.
Perry Freshwater est de l'aventure depuis 2016 dans le staff. « Combien de joueurs quelconques a-t-il rendu bons voire très bons ? salue le camarade de bord de touche. Et l'homme est tellement brillant en société... Je ne l'ai pas vu rater une causerie. Les mots changent mais ils sont toujours justes. Vu le boulot qu'il a abattu à Perpignan et toutes les idées qu'il a, je suis impatient de voir ce que ça va donner avec les avions de chasse de l'équipe de France... » Il s'éloignera alors de sa Catalogne, mais a déjà prévu d'y revenir entre les rassemblements.
