Dans le sillage de l’entame canon de leur équipe, les supporters catalans mettent le feu en tribunes et retrouvent peu à peu leur lustre d’antan qui faisait du public usapiste l’un des plus chauds de France.
«
Ce n’est pas un maillot mais un drapeau que vous portez aujourd’hui ». Les mots d’Alain Teixidor, prononcés à quelques minutes du coup d’envoi du quart de finale retour du championnat de
France qui opposait l’USAP au
Castres Olympique en mai 1998, résonnent encore dans les vestiaires de Brutus. Et pour cause,
ces paroles sont toujours d’actualité et pleines de sens. Alors que la cathédrale Aimé-Giral a rugi comme à ses plus belles heures en ouverture du championnat face à
Bayonne, les supporters de l’USAP ont également su se faire entendre lors des deux premiers matchs à l’extérieur de leur équipe, en se déplaçant en masse à
Colomiers puis à
Carcassonne. Et même si le résultat n’a pas souri aux Catalans du côté de la banlieue toulousaine au bout d’interminables arrêts de jeu,
la communion fut belle dans la cité audoise.
« L'USAP, c'est 'més que un club' »
Présent à Domec dimanche dernier, Xavier, abonné à
l'USAP depuis plusieurs saisons, insiste sur le côté fédérateur qui constitue la base et la force du club catalan :
«
L’USAP, c’est ‘més que un club’ : c’est l’étendard de la région, une identité à travers laquelle les Catalans se reconnaissent. Ces dernières années ont été compliquées parce que au-delà des résultats, beaucoup ne se reconnaissaient plus dans l’état d’esprit véhiculé. Avoir des entraîneurs issus du sérail comme Arlettaz voire Freshwater, qui ont tous les deux porté ce maillot et qui ont les valeurs de l’USAP dans la peau, ça se ressent sur le terrain et ça change beaucoup de choses ». Avant de rajouter et d’illustrer ses propos : «
Il n’y a qu’à voir le nombre de penyes dans certaines grandes villes (Els de Tolosa, Els de Paris...) et d’expatriés qui suivent le club. À Carcassonne, j’en ai croisé qui faisaient l’aller-retour depuis Lyon dans la journée et à Aimé-Giral, certains viennent de Nancy pour assister aux matchs. L’USAP, ce n’est pas le club de Perpignan mais celui du peuple catalan. »
Une dynamique retrouvée du côté des supporters
Même si le club catalan a quasiment toujours trusté la première place au classement des affluences des stades de
Pro D2 depuis sa relégation, une certaine fracture s'était opérée entre une partie du public et la direction du club vers le printemps 2016. Période qui marquait alors l’épilogue de la deuxième saison de l’USAP dans l’antichambre du rugby français. Alimenté par des choix sportifs douteux et des slogans tapageurs de la part du président François Rivière, ce désamour d’une part des abonnés a trouvé son point d’orgue lors du
traitement abrupt réservé aux deux historiques de la maison USAP :
David Marty et Jean-Pierre Pérez. Depuis, le club usapiste s’est renforcé avec l’arrivée notamment de Christian Lanta en tant que directeur sportif. La nomination du tandem Arlettaz - Freshwater aux commandes de l’équipe en septembre 2016 a insufflé une nouvelle dynamique autant dans la philosophie de jeu que dans l’état d’esprit, beaucoup plus en phase avec la culture de l’USAP. D’où l’engouement retrouvé du côté des aficionados catalans. Avant même la reprise du championnat, le président François Rivière avait souligné
une augmentation du nombre d'abonnés de l'ordre de 15% par rapport à la saison passée.
Une tendance qui ne cesse de s'intensifier depuis le début de la saison, comme l’explique le journaliste de
France Bleu Roussillon Cyrille Manière :
«
Il y a une vraie dynamique. Lors du premier match contre Bayonne, on a eu droit à plusieurs olas dans le stade, des chants tout le match et même la chenille dans les tribunes. Mais surtout, l’USAP est le seul club de Pro D2 capable de faire se déplacer autant de supporters à l’extérieur. À Colomiers, c’était la première fois, hors derbies, qu’il y avait autant de sang et or à l’extérieur en quatre saisons de Pro D2. La tendance s’est confirmée et accentuée à Carcassonne. On sent que le public adhère et croit en cette équipe. Au quotidien, l’USAP recommence à alimenter les conversations de manière positive. »
De son côté, le co-président de la Penya dels Trabuycares, Laurent Panabieres, livre son ressenti sur l’ambiance qui règne en tribunes en cette entame de l'exercice 2017/2018 :
«
À l’extérieur, plusieurs bus se mobilisent, les gens viennent en voiture, tous les drapeaux sont de sortie… Quand on est dans un stade en folie comme à Carcassonne, c’est presque plus jouissif qu’à Aimé-Giral. À nous de transmettre aux joueurs cette passion qui nous anime. »
Désormais, l'USAP va devoir ferrailler pour conserver sa place dans le wagon de tête, à commencer par la réception de
Montauban ce dimanche, seule équipe invaincue en ce début de championnat, avant un déplacement à
Béziers le dimanche suivant. Nul doute que les joueurs Sang et Or pourront compter sur le soutien inconditionnel de leur chaud 16e homme.