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Perpignan : Aimé-Giral, «mes que un estadi»

saucisselentille

USAPiste bavard
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15 Octobre 2016
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Après quatre saisons d'intermède, le Top 14 retrouve le stade Aimé-Giral de Perpignan. Une enceinte mythique, populaire, spontanée, bruyante. Et d'une parfaite mauvaise foi.
Max Guazzini sentait ces choses-là, la légende, la passion jusqu'à la déraison. Pourtant, ce n'est pas lui mais ses joueurs qui avaient décidé, en septembre 2005, d'inaugurer le fameux maillot rose - une bravade dans le milieu testostéroné du rugby - à Aimé-Giral, un jour de septembre 2005. «J'avais prévu de le sortir au mois de janvier, rappelle-t-il, eux ont vu ça comme un défi tant Aimé-Giral a une saveur particulière.» Sous-entendu : si ça passe là, ça passera partout. Plutôt virils, les Catalans ne sont pas contre un peu de folklore. Mais du rose... Dans le rugby... «Tous les noms d'oiseaux, je vous laisse imaginer, avaient été hurlés pendant quatre-vingts minutes», rigole un des journalistes présents au match. Aimé-Giral est pourtant le stade le plus coloré de France, le fameux sang et or enduit chaque travée, chaque mur, habille le moindre espace. Aimé Giral, l'homme qui avait transformé l'essai de Félix Barbe à la 76e minute de la finale 1914 face à Tarbes (8-7) à même pas dix-neuf ans. Son portrait habille le petit poste de transformation électrique, à gauche de l'auguste entrée. On y apprend que lui et six autres de ses équipiers ont perdu la vie, quatorze mois plus tard, au cours de la Première Guerre mondiale.

Aucune autre enceinte ne ressemble à Aimé-Giral, inauguré en 1940, rénové en 1998 puis 2008. L'éclairage est blafard, la pelouse parfois fatiguée, mais l'atmosphère incandescente. Les matches sont chauds. La mauvaise foi monnaie courante. La passion transpire. Les joueurs sortent par la petite tribune Fernand-Vaquer, située derrière les poteaux. L'adversaire remonte le terrain sous la fameuse bronca, une tradition que l'on verrait bien renaître avec ce retour dans l'élite. «Aimé-Giral, résume Patrick Arlettaz, c'est le pire endroit pour perdre. Mais il n'y a pas meilleur endroit quand tu gagnes.» L'édition 2018-2019 ouvre à Aimé-Giral et ce n'est sûrement pas un hasard si le diffuseur, Canal +, a choisi ce temple. De nombreux Stadistes n'ont jamais joué ici. Ils vont devoir vite trouver leurs marques. Jouer avec le vent, affronter la bronca, défier les 3 353 fidèles de la tribune Joseph (dit «Jep»)-Desclaux... Résister.

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S'acclimater au vent
On dit ici qu'elle souffle trois cents jours par an. «Moi, je dirais trois cent soixante», ironise David Mélé, buteur évidemment confronté aux caprices de la tramontane, ce vent froid, sec et violent issu des reliefs pyrénéens. «Je me souviens d'une anecdote, contre Toulouse, rigole-t-il. La pénalité était à peine à vingt-cinq mètres, légèrement sur la gauche des poteaux. Je sens le vent, je vise sur la droite parce que je sais qu'il me ramènera le ballon. Il a finalement atterri presque au point de corner...»

Face à Castres (16-9), le 20 décembre 2008, Dan Carter avait réalisé un piteux 2/5 face aux perches en première période pour son baptême en Top 14. «C'est la plus mauvaise mi-temps de toute ma vie», s'était-il excusé. Les buteurs ont beau venir repérer les lieux, ils sont confrontés à ce vent qui désoriente, dont on dit qu'il peut même avoir des effets perturbateurs sur l'équilibre psychique.

Supporter la bronca
La campagne de la Ligue pour le respect du buteur n'a peut-être pas atteint Perpignan... Il faut ici avoir les nerfs solides face aux perches. La bronca décontenance dès l'entrée des équipes sur la pelouse. De l'extérieur, elle est prise pour un manque de respect. À Aimé-Giral, c'est une tradition. «Les choses ont changé, souligne Jean-Marc Pastoret, président des Barretines, l'une des vingt-quatre penyes (club de supporters) recensées à l'USAP, et on respecte les buteurs plus qu'avant. La bronca, en revanche, fait toujours son effet. Je sais que l'adversaire entend le bruit dans le vestiaire, dans le couloir, il ressent toute notre ferveur et ça l'intimide.»

Attention. Si les supporters sont capables d'idolâtrer, ils sont souvent à l'image de l'équipe et ne pardonnent pas grand-chose. «Ils sont fans jusqu'à l'excès, sourit David Mélé. Si tu es derrière au score, ils peuvent te siffler, et si tu as le malheur de ne pas te battre, alors ça peut être compliqué d'aller acheter ton pain en ville le lendemain...»

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Se souvenir de la tribune CGT
Elle s'appelle Jep-Desclaux, elle était la tribune CGT. «La tribune populaire par excellence, rappelle Thomas Lièvremont, consultant pour Eurosport et ancien troisième-ligne de l'USAP (1996-2000). Enfin, ce n'était même pas une tribune, mais des gradins, en escaliers. Les gens étaient debout, des fous furieux. Ils secouaient les grillages, jetaient des gravillons sur les joueurs. Ils se déplaçaient d'un côté à l'autre au gré des actions, simplement pour mettre la pression sur l'arbitre ou sur l'adversaire. La mauvaise foi est une vertu partagée sur tous les stades de France. Elle était exacerbée dans la CGT.»

L'ancien numéro 8, finaliste du Championnat de France avec les Sang et Or en 1998, concède bien volontiers que la tribune s'est quelque peu «embourgeoisée» aujourd'hui, mais il se souvient que, en qualité «d'étranger», quand il joua ensuite à Biarritz, il vivait toujours «un moment particulier à Aimé-Giral». «Tu as beau connaître, être prêt, ça peut vite virer à l'enfer...» «En fait, insiste Mélé, les gens ici sont fiers de leur équipe, de ce qu'elle représente, des valeurs qu'elle défend. Il faut comprendre que certains touchent le smic mais prennent tout de même la carte et attendent de nous un comportement irréprochable.»

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Comprendre la catalanité
Ça commence dès l'entrée principale, sur le porche de couleur ocre. Le message de bienvenue (Benvinguts) est délivré dans les deux langues, indice de la forte identité catalane. La devise - «sempre endavant» (toujours en avant) - est en catalan. Les compositions d'équipes sont délivrées dans les deux langues. Comme toutes les annonces du speaker, à chaque point inscrit, chaque remplacement. Composé par Lluis Llach, l'Estaca, hymne officieux contre l'oppression franquiste et pour la liberté, est chanté avant chaque match. Les paroles défilent sur les écrans géants. Même les gosses l'entonnent.

Chaque essai perpignanais est accompagné d'Els hi fotrem de Jordi Barre. Un temps, le club avait songé à changer l'habitude. La levée de boucliers a été énorme... Le groupe Al Chemist a pour sa part écrit un autre hymne (Cantem mes fort), que l'on entend fredonner dans les travées. Un temps en jachère, cette double identité est aujourd'hui encouragée. Les joueurs reviennent ainsi à la tenue historique, maillot azur, short blanc et chaussettes sang et or. Aimé-Giral sera comble (14 593 places) ce samedi, à 14h45, pour ses retrouvailles avec le Top 14. On jurerait qu'il le sera souvent cette saison.

(*) «Plus qu'un stade».

40 %
Le nombre d'abonnés a bondi de 40 % cet été à Perpignan, pour atteindre 7 400. Soit environ la moitié de la capacité du stade Aimé-Giral (14 593).
 

Carança

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Bon quand même, la Tramontane n'est pas issu des reliefs pyrénéens, c'est par définition le vent du Nord...
 

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Nord ouest. Nord c' est gargal.
 
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