Oui, nous sommes de retour. Et pas n’importe comment, par la grande porte, avec la manière, avec du panache, du courage, de l’abnégation et un supplément d’âme. Quel pied immense depuis dimanche ! Quelle apothéose avec cette journée de communion incroyable ! Quand on vit une journée comme celle-là, on comprend que ce club c’est vraiment plus qu’un club.
Sur le parking D, il y avait le « peuple catalan » dans toute sa diversité : des catalans natifs, des catalans adoptés, des catalans de cœur, des expatriés, des hommes, des femmes, des vieux, des jeunes, des enfants, des petits, des grands, des gros, des maigres… Tous réunis dans la joie et la ferveur pour ce club qui nous rassemble.
Une fois dans le stade, la magie. Avec 4000 places pour le club, on arrive à se retrouver à 14000 dans le stade. Çà, c’est vraiment un tour de force. L’atmosphère et l’ambiance sont indescriptibles.
Et puis il y a ce match. Début de match idéal avec le premier essai. Puis, ça devient plus compliqué. Les Grenoblois ont le ballon et avancent à l’impact. Ils passent devant. L’angoisse monte…jusqu’aux premières mêlées. On les démonte. Tournant du match. La confiance revient dans l’équipe et chez les supporters. On passe devant juste avant la mi-temps. Ça commence à sentir bon. 2ième mi-temps : l’USAP met du rythme, ne desserre pas son emprise et insiste en mêlée : Grenoble est asphyxié. Essai de Cocagi dans son style caractéristique tout en crochet. Puis 3 points, le break est fait. Puis l’essai de Carbou : c’est presque dans la poche mais, sait-on jamais. Enfin l’essai de Mafi comme un symbole : la délivrance est totale. Quel plaisir de suivre les dernières minutes sans la boule au ventre avec ce sentiment de plénitude : on est champion et on retourne en Top 14. Plus qu’une seule idée en tête : aller sur la pelouse pour remercier les joueurs.
Je savoure l’instant et je repense aussi aux périodes de vaches maigres pour mieux mesurer le chemin parcouru. Cette période où on craignait presque la descente en fédérale. Ces défaites piteuses sur les terrains de clubs de 3ième zone où notre mêlée reculée de manière honteuse. Une équipe sans âme dirigée par des entraineurs tristes. Des joueurs au physique et au niveau douteux… je ne donnerai pas de nom. Puis, le recrutement s’est fait plus qualitatif, plus ciblé et moins quantitatif sous l’impulsion de Lanta. Puis, le grand tournant a été l’arrivée du duo Arlettaz-Freshwater. Arlettaz a donné un style et une âme à cette équipe. Un mec droit pour lequel les joueurs se sentent prêts à partir à la guerre. Il a inculqué les valeurs du club qu’il a chevillées au corps et qu’il incarne parfaitement. On avait vu les prémices en fin de saison dernière et la confirmation a été éclatante pour la première saison pleine. Freshwater a forgé patiemment notre conquête. Les progrès ont été constants jusqu’à cette finale où on a marché sur les Grenoblois. Quel plaisir et quelle fierté de voir cette mêlée avancer !
Je pense aussi à cette saison incroyable. A l’accumulation hallucinante de tuiles que je ne vais pas répéter ici car tout les monde les a en tête. Malgré cela ou grâce à cela, l’équipe n’a cessé de grandir tout au long de la saison. Elle nous a fait plaisir par son jeu et par son état d’esprit. Les mecs n’ont jamais rien lâché gagnant pas mal de match dans les derniers instants. On a retrouvé une équipe qui nous donnait du plaisir et qui nous rendait fier. Il y a eu des moments plus difficiles comme la défaite contre Béziers. Mais l’équipe a su s’en servir pour mieux rebondir. On finit premier, meilleure attaque et on se dit qu’on est maudit à cause de ces phases finales instaurées pour la première fois. Finalement, l’équipe trouve l’énergie de surclasser ses adversaires et d’aller au bout…et c’est encore plus beau
L’aventure humaine et sportive a été extraordinaire. S’il est certain que ce club est plus qu’un club, il est maintenant évident que cette équipe est plus qu’une équipe. Elle est entrée au Panthéon Usapiste. Elle est entrée dans la légende. Merci pour les émotions que vous nous avait donné. Merci aux joueurs et au staff de nous avoir rendu notre fierté.
L’année prochaine sera sans doute compliquée. On aura un budget parmi les plus faibles. Mais ce qu’on a gagné cette année, ça ne s’achète pas et c’est extrêmement difficile à obtenir : un état d’esprit et une alchimie qui font les grandes équipes. Je fais confiance à ces joueurs et à ce staff pour maintenir cette flamme.