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Passe du temps sur le forum
Sans hausser la voix, le coach Patrick Arlettaz a pointé les manques qui ont privé l’USAP d’une victoire à Nevers (14-10).
Parmi les cinquante nuances de colère dont dispose Patrick Arlettaz, celle de vendredi soir, quelques minutes après la défaite à Nevers (14-10), était du genre glaciale et grinçante. Mains dans les poches, mâchoire serrée, regard sévère, débit pour une fois monocorde. La critique fut cinglante mais juste.
Avez-vous des regrets ?
Oui, parce que ce n’est pas ce qu’on est venu chercher. Et encore oui parce qu’on ne peut pas faire autant de fautes à l’extérieur. Quand vous en faites autant, vous ne pesez jamais sur le match même si quand on a subi, défensivement, on ne s’est pas fait dépasser. Il y a eu des placages intéressants. On était connecté. En attaque, on s’est créé des occasions, mais on n’a pas eu le ballon en continuité que très peu souvent et quand vous faites autant de fautes, c’est impossible de gagner. C’est pas plus compliqué que ça. On a le point de bonus défensif, c’est une maigre consolation par rapport à l’investissement des joueurs. Mais c’est pour ça que ce sport est beau et qu’il est dur, aussi : l’engagement, l’investissement ne suffisent pas, il faut de l’intelligence sur toutes les zones de collision, sur tous les rucks et on s’est pénalisé beaucoup trop de fois pour espérer autre chose que le point de bonus défensif.
Comment expliquer ce manque de discipline ?
Un manque de lucidité par rapport à l’engagement, c’est la seule explication que j’ai. Le problème c’est que baisser l’engagement n’est pas la solution, donc il va falloir vite apprendre. Ça fait deux fois à l’extérieur déjà, à Aurillac (28-41) on avait été très pénalisés. On l’est de nouveau mais comme en face la qualité était supérieure à celle d’Aurillac, forcément ça termine avec un point de bonus défensif et pas une victoire. Il faut tout mettre bout à bout pour pouvoir espérer gagner ce genre de matches. C’est vrai, on a un point, on repart pas sans rien. On s’est promis de ne pas faire de déplacements à vide, on ne le fait pas. Mais il est moins plein que ce qu’on pouvait faire sur ce match.
De la bêtise par moments
Un certain agacement se fait sentir...
Oui, l’agacement vient de la frustration. On aurait eu les ballons, on aurait été moins pénalisés et ils auraient gagné, on aurait dit : « ouais, on a un point de bonus défensif mais on s’est battu, ça n’a pas tourné en notre faveur ». Là, on s’est tiré une balle dans le pied. On ne peut pas donner les matches. On ne peut pas savoir, si on avait fait moins de fautes, quelle aurait été l’issue du match. En tout cas, on sait qu’on aurait pu batailler un peu plus que ça et qu’on aurait pesé un peu plus sur la décision du match. (il prend une inspiration) La frustration amène de l’agacement qui amène de la colère. On est en colère. On meurt à 14-10 mais on n’est pas content de nous, loin de là.
N’est-ce pas paradoxal d’être agacé alors que vous dégagiez beaucoup de calme en début de match ?
Oui, je n’ai même pas l’impression que ce soit un manque de lucidité. C’est presque de la bêtise par moments. Ça, il faut l’arranger parce qu’on ne peut pas être bête à ce sport. Il y en a beaucoup qui croient que les rugbymen c’est des bourougnes qui vont droit devant. C’est pas fait pour ces gens-là, surtout le rugby de maintenant.
Êtes-vous en colère contre les contestations de vos joueurs envers l’arbitre ?
Oui, ça me plaît pas. Il y a beaucoup de points positifs, mais ce point négatif a tendance à m’irriter. Il ne faut plus que ça se reproduise. Un bon rugbyman est un rugbyman qui apprend. Donc il faut vite apprendre.
La grosse déception, c’est de subir les choses
Et puis il y a ce carton rouge à la fin...
(il coupe) Oui, ça vient couronner. On a joué pendant 20minutes à quatorze (jaune contre Roussel, rouge contre Géli), ça vient compliquer les choses. À un moment donné, à force de multiplier les fautes, forcément vous subissez et faites des fautes débiles. Et malgré ça, on a l’occasion de gagner. C’est ça qui est râlant. Si on veut voir le verre à moitié plein, effectivement, on a encore de la marge de progression sur cette lucidité mais après, on est suffisamment solide pour avoir encore le match en main face à une très belle équipe de Nevers sur les dix dernières minutes. La grosse déception, c’est que j’aime pas subir les choses. Je préfère perdre en faisant qu’en subissant. Là, on n’a pas subi les impacts, des furias, le plan tactique de Nevers ou quoi que ce soit, mais on a subi parce qu’on s’est flingué un peu tout seul. Ça, ça fait râler.
Mais n’estimez-vous pas que ce bonus, vous l’auriez raté il y a quelques semaines ?
Oui, mais on est dans un autre état d’esprit, avec une autre volonté. On met l’énergie pour, on a la qualité pour, il faut le faire. Si on ne le fait pas, c’est faute. Sur ce match, c’est faute.
Recueilli par Pierre Cribeillet
Parmi les cinquante nuances de colère dont dispose Patrick Arlettaz, celle de vendredi soir, quelques minutes après la défaite à Nevers (14-10), était du genre glaciale et grinçante. Mains dans les poches, mâchoire serrée, regard sévère, débit pour une fois monocorde. La critique fut cinglante mais juste.
Avez-vous des regrets ?
Oui, parce que ce n’est pas ce qu’on est venu chercher. Et encore oui parce qu’on ne peut pas faire autant de fautes à l’extérieur. Quand vous en faites autant, vous ne pesez jamais sur le match même si quand on a subi, défensivement, on ne s’est pas fait dépasser. Il y a eu des placages intéressants. On était connecté. En attaque, on s’est créé des occasions, mais on n’a pas eu le ballon en continuité que très peu souvent et quand vous faites autant de fautes, c’est impossible de gagner. C’est pas plus compliqué que ça. On a le point de bonus défensif, c’est une maigre consolation par rapport à l’investissement des joueurs. Mais c’est pour ça que ce sport est beau et qu’il est dur, aussi : l’engagement, l’investissement ne suffisent pas, il faut de l’intelligence sur toutes les zones de collision, sur tous les rucks et on s’est pénalisé beaucoup trop de fois pour espérer autre chose que le point de bonus défensif.
Comment expliquer ce manque de discipline ?
Un manque de lucidité par rapport à l’engagement, c’est la seule explication que j’ai. Le problème c’est que baisser l’engagement n’est pas la solution, donc il va falloir vite apprendre. Ça fait deux fois à l’extérieur déjà, à Aurillac (28-41) on avait été très pénalisés. On l’est de nouveau mais comme en face la qualité était supérieure à celle d’Aurillac, forcément ça termine avec un point de bonus défensif et pas une victoire. Il faut tout mettre bout à bout pour pouvoir espérer gagner ce genre de matches. C’est vrai, on a un point, on repart pas sans rien. On s’est promis de ne pas faire de déplacements à vide, on ne le fait pas. Mais il est moins plein que ce qu’on pouvait faire sur ce match.
De la bêtise par moments
Un certain agacement se fait sentir...
Oui, l’agacement vient de la frustration. On aurait eu les ballons, on aurait été moins pénalisés et ils auraient gagné, on aurait dit : « ouais, on a un point de bonus défensif mais on s’est battu, ça n’a pas tourné en notre faveur ». Là, on s’est tiré une balle dans le pied. On ne peut pas donner les matches. On ne peut pas savoir, si on avait fait moins de fautes, quelle aurait été l’issue du match. En tout cas, on sait qu’on aurait pu batailler un peu plus que ça et qu’on aurait pesé un peu plus sur la décision du match. (il prend une inspiration) La frustration amène de l’agacement qui amène de la colère. On est en colère. On meurt à 14-10 mais on n’est pas content de nous, loin de là.
N’est-ce pas paradoxal d’être agacé alors que vous dégagiez beaucoup de calme en début de match ?
Oui, je n’ai même pas l’impression que ce soit un manque de lucidité. C’est presque de la bêtise par moments. Ça, il faut l’arranger parce qu’on ne peut pas être bête à ce sport. Il y en a beaucoup qui croient que les rugbymen c’est des bourougnes qui vont droit devant. C’est pas fait pour ces gens-là, surtout le rugby de maintenant.
Êtes-vous en colère contre les contestations de vos joueurs envers l’arbitre ?
Oui, ça me plaît pas. Il y a beaucoup de points positifs, mais ce point négatif a tendance à m’irriter. Il ne faut plus que ça se reproduise. Un bon rugbyman est un rugbyman qui apprend. Donc il faut vite apprendre.
La grosse déception, c’est de subir les choses
Et puis il y a ce carton rouge à la fin...
(il coupe) Oui, ça vient couronner. On a joué pendant 20minutes à quatorze (jaune contre Roussel, rouge contre Géli), ça vient compliquer les choses. À un moment donné, à force de multiplier les fautes, forcément vous subissez et faites des fautes débiles. Et malgré ça, on a l’occasion de gagner. C’est ça qui est râlant. Si on veut voir le verre à moitié plein, effectivement, on a encore de la marge de progression sur cette lucidité mais après, on est suffisamment solide pour avoir encore le match en main face à une très belle équipe de Nevers sur les dix dernières minutes. La grosse déception, c’est que j’aime pas subir les choses. Je préfère perdre en faisant qu’en subissant. Là, on n’a pas subi les impacts, des furias, le plan tactique de Nevers ou quoi que ce soit, mais on a subi parce qu’on s’est flingué un peu tout seul. Ça, ça fait râler.
Mais n’estimez-vous pas que ce bonus, vous l’auriez raté il y a quelques semaines ?
Oui, mais on est dans un autre état d’esprit, avec une autre volonté. On met l’énergie pour, on a la qualité pour, il faut le faire. Si on ne le fait pas, c’est faute. Sur ce match, c’est faute.
Recueilli par Pierre Cribeillet