N'ayant pas souhaité réagir à chaud sous peine d'en perdre ma lucidité et après avoir cogité toute la nuit, je tiens à donner ma vision des choses sur notre club.
Quasiment tout a été dit sur le match d'hier soir. Le (non) coaching a été surréaliste et le concernant, il faudrait qu'Arlettaz nous explique clairement sa manie de faire rentrer des types à la 78ème minute, parce qu'à part déréguler notre jeu et déstabiliser psychologiquement le remplaçant, j'ai du mal à en percevoir l'intérêt. Un mec qui a été mauvais du début à la fin comme Chateau doit sortir en début de deuxième mi-temps, surtout si tu disposes sur le banc d'un international écossais qui présente un tout autre profil plus à même de rééquilibrer la troisième-ligne. Un mec comme Tomaszczyk qui manque de carburant dès le premier quart d'heure doit sortir en début de deuxième mi-temps, surtout si tu disposes sur le banc d'un pilier mobile (donc qui n'aurait pas pris ce carton jaune idiot) qui a donné satisfaction en mêlée sur le dernier bloc. La liste est longue, car que dire à propos de Mailau, Vilaceca qui ne sont même pas entrés sur le terrain... Hier soir, on avait tout simplement notre meilleur banc à disposition depuis le début de la saison. C'est à se demander si le staff s'est aperçu qu'on se faisait bouffer dans tous les secteurs de la 47e à la 75e minute. Quid des jeux au pied d'Acebes ? Arlettaz avait ouvertement exprimé sa volonté de cibler l'occupation territoriale sur ce match pour ne pas rééditer l'erreur qui avait été commise à Albi, mais alors pourquoi s'obstiner à filer la gonfle à Acebes qui n'est pas foutu de trouver une seule touche et qui remet constamment les adversaires dans le sens du jeu ? Le pire dans tout ça, c'est qu'au-delà du manque d'agressivité chronique à l'extérieur, notre incapacité à gérer des matchs hors de nos bases semble carrément ancrée dans les moeurs de l'USAP depuis sa descente en Pro D2, un peu à l'image de l'ASMCA en finale. Même l'arrivée de Carlisle qui présente un profil de gestionnaire ne remédie pas à cette forme de sinistrose.
Mais revenons à la méthode de management d'Arlettaz (mon but n'est pas de l'accabler, mais seulement de pointer ses limites). J'aime beaucoup l'homme, car je trouve qu'il incarne les valeurs de l'USAP et son retour au bord de la pelouse nous a fait énormément de bien dans le sens où sa démarche repose essentiellement sur l'affectif, chose dont nous avions terriblement besoin pour trancher avec la morosité affligeante du duo Gelez-Benetton. Cependant, force est de constater que sa méthode pose question. J'ai toujours pensé que pour aspirer à réussir dans notre sport, le plus important est de garder tout un groupe de 35/40 joueurs concerné en faisant des roulements à chaque match ou presque mais tout en gardant une ossature solide (c'est ce qui a fait notre force en 2009). L'optique du staff semble bien différente : garder les 23 mêmes joueurs chaque weekend quitte à tirer sur la corde, puis changer les 3/4 de l'effectif sur une rencontre où l'opposition est jugée plus faible pour faire jouer ceux qui ont peu de temps de jeu. En gros, tu laisses la chance aux joueurs revanchards de regagner leur place mais dans le même temps, le XV aligné n'a plus de repères ni d'automatismes. Du coup, tu demandes l'impossible à ces joueurs en manque de temps de jeu. Le cas de Chalureau illustre parfaitement cela : ce n'est qu'en le mettant en confiance (même par défaut après la blessure de Vivalda) que l'on peut tirer le meilleur de son potentiel. C'est ainsi que certains éléments disparaissent des radars : l'exemple le plus frappant est celui d'André, l'un de nos meilleurs joueurs la saison dernière, qui a fait quelques mauvaises parties en début de saison et qui est complètement écarté de toutes les feuilles de match. Et pour en avoir touché un mot avec lui il y a deux/trois mois de ça, son moral est ruiné et il ne comprend pas les décisions des entraîneurs. À force, ces derniers sont en train d'en dégoûter plus d'un. Or qui dit moral plombé de plusieurs joueurs dit mauvaise symbiose dans le groupe. Pourtant, et je réinsiste sur ce point qui semble capital à mes yeux, l'osmose d'un groupe est nécessaire au sens strict (elle ne peut pas ne pas être) pour enchaîner les résultats et éviter la bipolarité domicile/extérieur que nous connaissons depuis 3 ans.
Puisque l'espoir d'une qualification en demi-finale est entériné (et quel dommage, car en mettant de côté son avantage économique, elle aurait permis de créer une histoire commune au groupe en vue de la saison prochaine et de donner du baume au coeur à tous les fidèles supporters dont le mal est de plus en plus profond), tournons-nous vers le futur proche et parlons donc du recrutement. L'analyse du journaliste Vincent Couture dans L'Indépendant résume assez parfaitement ma pensée : « sans faire la fine bouche, on ne peut pas d'une main vouloir conquérir le Top 14 et, de l'autre, ne pas lui donner les moyens de ses ambitions. Si l'USAP vise le sommet de la Pro D2, elle n'a pas d'autres choix que de muscler son effectif à chaque intersaison. Avec ce recrutement à cinq têtes, les Catalans sont certains de valoriser leur quinze de départ. Mais la Pro D2, marathon à sables mouvants, impose de la profondeur d'effectif et du coffre. Or l'USAP, qui compte beaucoup sur ses Espoirs l'an prochain, risque d'en manquer à certains postes ou concernant certains profils. Alors oui, tout cela a aussi un coût. Et François Rivière est là pour ça, ainsi qu'il le proclame lui-même. » Difficile d'espérer un redressement radical la saison prochaine : on n'apprend décidément pas de nos erreurs au niveau du mercato et on ne se donne pas suffisamment les moyens financiers de nos ambitions, donc chaque saison devient une saison de transition. C'est d'autant plus frustrant que Rivière semble avoir sorti le chéquier pour s'offrir les services d'un trio de qualité pour la préparation physique et la performance sportive, mais le recrutement a minima et la décision de ne pas étoffer certains postes clés donne l'impression d'un bon travail fait à moitié qui risque de coûter très cher à l'arrivée la saison prochaine.
La passion que j'entretiens pour l'USAP est si incommensurable que je ne la lâcherai pour rien au monde, en dépit des désillusions récurrentes à l'extérieur qui plombent l'état d'esprit dans la voiture à chaque retour de déplacement. Cela ne m'empêche pas de croire ardemment en la nécessité d'un changement structurel dans la politique que mène le club, sous peine de végéter dans ce terne championnat qui ne correspond ni à son histoire et de facto à son standing, ni à ses supporters et à la ferveur qu'il est capable de drainer.