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21 mars 2018
MASSY-USAP 19-11
DOUCHE FROIDE
Voici que venait donc le moment d’accueillir notre USAP en région parisienne, moment toujours si important pour notre penya, depuis trop longtemps sevrée de ses déplacements parisiens et européens. C’est comme il y a deux ans du côté de Massy que nos favoris se retrouvaient, dans le cadre à la fois urbain et champêtre du stade Jules Ladoumègue.
Notre USAP y arrivait rayonnante, auréolée de son statut de leader, et avec une équipe montrant sa volonté de dégager prestement sa route vers les phases finales.
Mais, déjà, plusieurs nuages semblaient s’amonceler au-dessus de nos têtes. Déjà, l’horaire du match, loin du dimanche qui avait permis une belle fête il y a trois ans, nous offrait la seule représentation non décalée de l’année et un vendredi 20 heures rétrécissant le temps de convivialité. Qui plus est, la pluie se mettait de la partie : rien de bien étonnant pour le Parisien qui a cette année reçu sur la tête plus d’eau que ce qu’il faudrait pour l’apéro de tout un village pendant une année, et qui a vu la neige repointer son nez le lendemain, mais cela n’aidait pas, malgré l’accueil en tous points remarquable et rugby de nos amis massicois.
Et quand nous nous déplacions dans le stade, pourtant sans précipitation de notre part, sur une tribune découverte, les cieux ne semblaient pas disposés à nous laisser en paix. Et autant le dire, dans ce temps d’attente, votre serviteur a commencé à sentir le doute s’insinuer en lui comme les gouttes d’eau qui rentraient dans sa tenue. Ce petit stade, cette pelouse gorgée d’eau, le froid, une équipe valeureuse jouant son maintien, tout cela commençait à ressembler au lieu idéal pour un traquenard pour un leader venu doucher les espoirs de toute sa concurrence.
Mais tout cela ne nous empêchait pas de chanter, d’autant que la pluie étant déjà là, nous pouvions nous en donner à cœur-joie sans craindre de déclencher une averse. Mieux, l’averse en question s’arrêtait au coup d’envoi. Un signe ?
La pluie s’arrêtait, mais les nuages ne s’en allaient pas pour autant. Et le début du match nous offrait un résumé de l’atmosphère qui allait présider toute la partie. Nos joueurs se lançaient pied au plancher, avec de longues séquences dont ils ont le secret, mais avec peut-être trop de précipitation. La sanction arrivait : une glissade de ballon, un rebond capricieux, un contre, un essai immédiat. Notre réplique était rapide, avec un drop de Selponi, chose aussi rare qu’une journée ensoleillée à Paris cet hiver, une pénalité de Bousquet, mais au moment de prendre le score, le pied de notre buteur flottait, avant que son mollet ne le lâche.
Tout le match se trouvait résumé ici : notre équipe cherchant à submerger nos hôtes par de longues séquences à la main, lesquels faisaient preuve d’une remarquable abnégation et d’une excellente organisation défensive, leur permettant de nous contrer et de profiter de chaque opportunité avec un buteur enquillant avec la régularité qu’a eue la grisaille à Paris cet hiver.
Cette volonté de jouer à tout va n’est pas nouvelle chez nous. Mais quand on se heurte à une défense aussi solide, que le terrain est gorgé d’eau et que le ballon ressemble à une savonnette, refuser à ce point le jeu au pied, cela peut s’apparenter à une forme de suffisance, à tout le moins de facilité. Et quand on voyait notre arrière, dans ses 22, jeter une quintuple sautée comme on lance une bombe à eau depuis un balcon, on se disait qu’on était déjà bien contents de ne pas subir une nouvelle
douche froide, et que visiblement, nos joueurs n’avaient pas tout compris à l’atmosphère du lieu et du match. La pause arrivait, et on se trouvait plutôt à sec malgré notre enthousiasme pour pousser nos joueurs.
Le second acte semblait partir sur de meilleures bases, la foudre étant peut-être tombée dans les vestiaires sur la tête de nos joueurs. Plus d’alternance dans le jeu, et la volonté d’être plus patient, de fixer et de faire mal avant de partir sur les largeurs, ce qui aboutissait à une belle réalisation de notre opportuniste ailier JB Pujol. On se disait que maintenant, la tempête allait pouvoir s’abattre sur des locaux fatigués.
Hélas, rien de tout cela, Massy laissait passer l’orage, et nos joueurs prenaient un malin plaisir à mettre à l’eau toutes leurs opportunités, que ce soit par des en-avants à répétition, ou par des loupés au pied, symbolisés par l’entrée en jeu compliquée d’une charnière qui prenait là une belle leçon de navigation par gros temps. En face, les Massicois formaient une digue particulièrement solide. La dernière pénalité à la sirène, sur le poteau, était la goutte d’eau : notre USAP rentrerait à sec de son déplacement, ce qui était le comble vu la météo en région parisienne cette année…
Finalement, que garder de cette sortie de piste sur route glissante ? Le résultat en lui-même n’est finalement pas dramatique, la victoire de Grenoble dans les Landes nous garantissant la demi-finale sauf crash dans notre antre contre des Angoumoisins déjà sauvés et des voisins en passe de l’être.
Mais ce qui interroge en vue des phases finales, c’est la capacité de notre équipe à s’adapter à des conditions qui ne lui conviennent pas. Si c’est un manque de concentration, peut-être trop de facilité, alors cette défaite peut-être un avertissement salutaire, un seau d’eau sur la figure pour réveiller tout le monde.
Mais ce n’est pas la première fois que notre équipe peine face à des adversaires parfois limités, mais mettant en place une défense et un pressing tout-terrain. Si on ajoute à cela des conditions favorisant ce genre de jeu, nos joueurs semblent en échec. Nul doute que nos adversaires des phases finales l’ont vu, et nous proposeront ce genre de défi, comme Grenoble a pu le faire à Mont-de-Marsan.
Nos joueurs vont arriver en phases finales avec la pancarte du favori, mais ne doivent pas avoir l’impression qu’ils marchent sur l’eau, car toute glissade sera fatale. Si on se trouve à prier les cieux pour qu’ils restent cléments en avril-mai, c’est quand même problématique. Que les trois derniers matches permettent de chasser ces nuages, et nous serons prêts (et présents) pour l’ultime bataille d’une saison qui ne sera pas, jusqu’au bout, un long fleuve tranquille !