Comme tous les sports, comme toutes les activités humaines, le rugby n'en finit pas de se professionnaliser. Certains peuvent avoir la nostalgie du rugby familial ou du rugby de village, mais le top 14, c'est clair, ce n'est plus ça ! Parmi les nombreuses conséquences de cette professionnalisation, en termes de préparation, d'installations, de systèmes de jeu, d'encadrement, d'animation autour des matches, etc., il y a aussi la carrière des joueurs. Des phénomènes déjà observés dans le foot (des équipes de club dans lesquels il n'y a plus aucun joueur du pays concerné ; des équipes de club qui ont trois internationaux de différentes nationalités à chaque poste ; des internationaux qui restent sur le banc une ou plusieurs saison(s) ; des joueurs qui changent de club pour gagner des titres et gagner plus d'argent) se développent aujourd'hui dans le rugby.
Je ne pense pas qu'il faille juger ces jeunes joueurs de rugby professionnels à l'aune d'un seul critère, fantasmé et idéalisé : celui de l'amour du maillot et du club. Même si celui-ci existe toujours, ce n'est plus aujourd'hui le critère dominant. Personnellement, je peux tout à fait comprendre leurs choix, comme ceux des cadres qui changent de boîte pour relever de nouveaux challenges et/ou obtenir des salaires plus élevés. Je le comprends d'autant mieux que la carrière des rugbymen est courte (il y a donc moins de temps à perdre).
Ceci étant dit, ce que je comprends beaucoup moins, c'est le choix de certains joueurs qui prennent un risque important de ne pas avoir beaucoup de temps de jeu, donc de ne plus pratiquer leur sport, et donc aussi de voir leur valeur sportive et marchande diminuer rapidement. Durand (au Racing puis à Toulon), Porical (à Paris), Planté (au Racing) et Mermoz (à Toulon) sont plus ou moins dans ce cas (pas Chouly, ni Mas, ni Tchale Watchou, qui, soit dit en passant, fait des matches énormes avec Montpellier - et si c'était cette perte-là qui, finalement, se faisait le plus sentir à l'Usap...).
Enfin, autre conséquence importante de cette professionnalisation, loin du rugby familial, certaines équipes de club à gros moyens deviennent de véritables machines, à l'impact physique destructeur, à la défense infranchissable, aux combinaisons millimétrées dans toutes les situations de jeu... L'Usap ne me semble pas avoir encore franchi ce cap. Notre manque de régularité et notre manière si personnelle de perdre tout d'un coup le fil d'un match en témoignent... C'est sur cette régularité et sur cette solidité qu'il faut travailler si l'on veut rivaliser avec les meilleurs.