Il faut bien trouver de l'argent quelque par dirons certains .....
Le Haut Conseil des finances publiques fragilise la crédibilité de Paris
Les onze sages chargés de contrôler les hypothèses de croissance du gouvernement pour 2013 et 2014 ont de sérieux doutes sur leur réalisme.
C'est une mauvaise habitude française également partagée à gauche et à droite. Le gouvernement joue une nouvelle fois l'optimisme pour dessiner sa trajectoire budgétaire future. Le ministre de l'Économie et des Finances a beau s'être tardivement aligné sur les chiffres publiés en février par la Commission européenne, ses prévisions de croissance pour 2013 (0,1 %) et 2014 (1,2 %) sont probablement encore surévaluées. C'est en substance ce que dit le Haut Conseil des finances publiques dans son avis rendu public, mardi.
Les 11 experts de cet organe prévu par le traité budgétaire européen estiment "qu'un léger recul du PIB en 2013 et une croissance sensiblement inférieure à 1,2 % en 2014 ne peuvent être exclus", compte tenu des incertitudes qui pèsent sur le climat économique.
2,9 % de déficit en 2014, trop optimiste ?
Résultat, le nouveau scénario de Pierre Moscovici en matière de réduction de déficit, qui sera envoyé à Bruxelles pour avis avant la fin du mois (dans un "programme de stabilité"), apparaît bien fragile. On savait déjà que le retour à 3 % du PIB, prévu initialement pour 2013 sur la base d'une croissance de 0,8 %, ne serait pas tenu. Depuis février, Paris négocie donc pied-à-pied avec la Commission (et ses partenaires) pour obtenir le droit de repousser à l'année prochaine cette barre fatidique fixée par le Pacte de stabilité et de croissance. La partie n'est pas encore gagnée : le commissaire aux Affaires économiques, le Finlandais Olli Rehn, réclame que le déficit soit ramené "nettement en dessous" de la barre des 3 % en 2014. Bercy réplique que "le sérieux" budgétaire de François Hollande permettra tout juste d'atteindre 2,9 % l'année prochaine, sauf à tomber dans l'austérité. Mais à lire l'avis du Haut Conseil des finances publiques, on comprend que même s'il obtenait gain de cause, Pierre Moscovici pourrait devoir se résoudre à durcir la cure, sauf à jeter aux oubliettes le redressement des comptes.
Si la croissance était bien négative de 0,2 % - comme le prévoient désormais en moyenne les grands instituts de conjoncture économique -, le déficit 2013 pourrait allègrement dépasser les 3,7 %. Il faudrait alors accentuer encore les efforts budgétaires prévus en 2014, pourtant calibrés sur une croissance optimiste de 1,2 % (les économistes prévoient plutôt 0,8 %).
Pas de répit après 2014
2014 sera donc au moins aussi difficile à vivre que 2013. François Hollande s'est bien engagé à ne pas augmenter les impôts, mais uniquement pour financer le déficit de l'État ! Ce n'est pas exclu pour la Sécurité sociale, ni d'ailleurs pour les collectivités locales. Mais une fois ce difficile cap de 2014 passé, les Français pourront-ils enfin souffler ? Rien n'est moins sûr. Là encore, le scénario budgétaire du gouvernement apparaît, au minimum, incertain. Il table sur une croissance de 2 % de 2015 à 2017 pour revenir à l'équilibre structurel. Le Haut Conseil des finances publiques n'y croit pas. "Le scénario de moyen terme présente un certain nombre de fragilités, notamment en ce qui concerne le retour de la croissance potentielle à son rythme d'avant crise et la capacité de l'économie française à dépasser ce potentiel dès le début de la période", écrit son président, le socialiste Didier Migaud.
Reste à savoir comment Bruxelles réagira à la lecture du programme de stabilité français et à l'avis du haut Conseil des finances publiques attaché. Sur la base des remarques de la Commission, les partenaires de la France, réunis en conseil, inviteront certainement Paris à ajuster sa politique économique et budgétaire.
le changement c'est pas pour dans l'immédiat ......