En plein marasme, la filière automobile peine à enrayer la chute des ventes
La filière automobile française, en plein marasme, peine à enrayer la chute des ventes et les perspectives s'annoncent sombres pour ce secteur clé de l'industrie hexagonale qui revendique de peser 9% de la population active, avec 2,35 millions d'emplois directs ou indirects.
"Les constructeurs français subissent durement le recul des marchés européens", résume Patrick Blain, président du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
"Très présents dans les pays d'Europe du sud, très actifs dans les gammes de petites voitures qui ne bénéficient plus des mesures de soutien gouvernementales, ils voient leur débouché principal se contracter fortement", explique-t-il.
Pour les six premiers mois de cette année, PSA Peugeot Citroën et Renault, affichent une production mondiale en repli de 12,8% sur un an, avec 3 millions de voitures et utilitaires légers. La baisse est plus marquée encore dans l'Hexagone: -13,8%, à moins d'un million de véhicules (657.711 pour PSA, 299.893 pour Renault).
Sur le marché national, les deux constructeurs français sont les deux principales victimes du plongeon de 13,4% en données brutes des immatriculations de voitures particulières depuis le début de l'année.
Leur part de marché a reculé par rapport à leurs concurrents étrangers. PSA et Renault ont pesé 53,4% des ventes au premier semestre 2012, contre 57,4% un an plus tôt. A l'inverse, les constructeurs allemands eux se maintiennent et les acteurs low cost asiatiques progressent.
Dans ce contexte, les sites automobiles sont loin de tourner à plein régime. Selon le cabinet d'études Alix Partners, les usines d'assemblage de PSA et Renault tournent actuellement à 60% seulement de leurs capacités, un rythme intenable à terme d'un point de vue financier.
La restructuration choc de PSA
Bref, les voitures coûtent cher à la fabrication et se vendent mal. Une situation qui pousse les constructeurs à prendre des mesures d'économie: fermertures ou redimensionnement de sites, chômage partiel.
Premier constructeur national, PSA traverse les difficultés les plus graves. Il souffre notamment de ne pas avoir autant délocalisé sa production que Renault, présent au Maroc et en Turquie, par exemple. Le constructeur au losange ne produit en France que 25% de ses voitures contre 44% pour PSA.
Pour se redresser, ce dernier a annoncé en juillet la suppression de 8.000 emplois en France et l'arrêt de la production de son usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2014, une restructuration choc jugée "inacceptable en l'état" par le gouvernement qui a demandé au constructeur de revoir sa copie.
Renault, de son côté, n'a pas "à ce stade (...) de plan de suppression d'emplois ou de fermeture de site", a assuré vendredi son directeur général délégué Carlos Tavares, bras droit du PDG Carlos Ghosn.
Mais le groupe reconnaît que "la situation est difficile dans (ses) usines". Il recourt au chômage partiel et encourage depuis plusieurs mois des salariés de certains sites où l'activité est faible à aller travailler sur d'autres. Et Carlos Tavares d'avertir: "la tempête en Europe risque de durer".
In fine, les constructeurs français paient aussi aujourd'hui de n'avoir pas réussi au fil des ans à se positionner sur le haut de gamme, comme l'ont fait les marques allemandes.
Si l'Allemagne est réputée pour ses berlines, la France n'a plus sur ce segment stratégique de modèles forts tirant ses marques en termes d'image comme de marges. L'image de l'automobile française reste aujourd'hui par trop collée au milieu de gamme avec des modèles comme la Clio, les Peugeot 308 et 208 ou la Citroën C3.