Et si Perpignan réalisait l’exploit du siècle ?
Publié le 19/02/2019 à 17:03
Emilien Vicens
TOP 14 - Vainqueur pour la première fois de la saison à Montpellier (10-28), samedi, l’Usap n’a pas encore abdiqué dans la course au maintien. Mais avec douze points de retard sur le barragiste, les Catalans sont-ils en capacité de réaliser l’exploit du siècle ?
Soyons clairs d’emblée. Il n’est pas question de s’emballer après la première victoire de l’Usap en seize journées, d’autant que le club perpignanais pointe toujours à la dernière place du Top 14. Mais alors que l’on enterrait définitivement les Catalans, eux-mêmes abattus et fatalistes quant à leur avenir, au soir d’un énième revers face à Pau, il y a trois semaines, voilà que ces derniers ont signé leur premier succès de la saison sur la pelouse de Montpellier, samedi. Contre toute-attente, les sang et or réalisèrent une performance majuscule. Celle qui pourrait être le déclic d’un groupe forgé dans la difficulté. Mais à dix journées du terme de la saison, n’est-il pas trop tard ? Perpignan peut-il vraiment réaliser l’exploit de se maintenir ?
Gare à l’équipe décomplexée et euphorique
Après six mois de souffrances et 21 matchs sans victoire toutes compétitions confondues (20 défaites, 1 nul), l’Usap aurait-elle inversé cette fameuse spirale négative, principale cause des douloureux coups du sort, des décisions arbitrales défavorables et des mauvais rebonds à répétition ?
Derrière une défense irréprochable (154 plaquages effectués, 91% de réussite) et un état d’esprit héroïque, les protégés du trio Lanta-Arlettaz-Freshwater se sont (re)trouvés collectivement, remportant une bataille alors que la guerre semblait perdue. À l’aube du déplacement à Montpellier, Tom Écochard prévenait :
"De par notre passion, notre maillot et le métier qu’on fait, on est obligé de croire au peu de chances qui nous restent. C’est un constat d’échec, forcément, mais on n’a pas le choix de renoncer. Ça n’existe pas dans le sport de haut niveau et notamment dans ce club." Les Catalans ont enfin mis des actes sur des mots. Leur sourire au terme de la rencontre suffisait à rendre compte de la libération qu’ils venaient de vivre. Reste à savoir si ce précieux succès leur permettra d’enchaîner. Car décomplexée, l’Usap pourrait alors surfer sur cette euphorie lors des prochaines journées. Un cocktail que l’on sait souvent gagnant.
Le maintien historiquement bas ?
Face à l’engouement général, Enzo Selponi, héros du jour, s’empressait toutefois de rappeler la situation comptable de son équipe.
"Mathématiquement, rien n'est perdu. On doit y croire. Nous devons rester les pieds sur terre car nous n'avons gagné qu'un seul match." Un discours partagé avec celui qui revêtait le brassard de capitaine pour la première fois, Mathieu Acebes :
"Nous sommes toujours derniers du championnat et donc en Pro D2 à 90%. On ne va donc pas crier victoire ! Nous n’avons rien gagné, si ce n’est un match à l’extérieur, où beaucoup d’équipes gagnent en Top 14 cette saison", résumait le trois-quart centre.
Mais au fait, combien faudrait-il de points aux Sang et Or pour espérer se maintenir au terme de la saison ? Avec respectivement 20 et 21 points au compteur, les deux concurrents directs de Perpignan, Grenoble et Agen progressent à un rythme très peu soutenu. À tel point que les douzième et treizième places du championnat devraient se jouer à un niveau historiquement bas cette année. Dans une moyenne inférieure, l’Usap pourrait même avoir une chance d’accrocher la place de barragiste avec à peine trente unités au soir de la dernière journée, soit l’équivalent de cinq victoires et deux bonus récoltés lors des dix dernières rencontres. Tout sauf une utopie. Pour être précis, la tendance moyenne prévoit, elle, un maintien entre 32 et 34 points.
Perpignan-Agen : Un premier match à huit points
Reste que pour réaliser cet exploit inédit, la formation roussillonnaise devra compter sur les contre-performances des deux autres Petit Poucet du Top 14. La victoire d’Agen samedi soir face à Toulon (19-10) a par ailleurs manqué de couronner la soirée parfaite de Perpignan. Mais hasard du calendrier, l’Usap va recevoir le SUA puis le FCG sur cette fin d’exercice. À commencer par la venue du club lot-et-garonnais, samedi à Aimé-Giral (18h). Un premier match à "huit points" pour les Catalans, évidemment condamnés à l’emporter.
"Ce serait se tromper de se dire que le travail est terminé", lançait David Mélé, le plus ancien joueur de Perpignan encore présent dans l’effectif.
"Je pense qu’il faut même faire une séance encore plus sérieuse lundi (hier), pour montrer à nouveau le vrai visage de l’Usap à Aimé-Giral face à Agen." Le rendez-vous est pris pour les Catalans, qui, grâce à leur orgueil, se sont offert le droit de rêver. Deux chemins s’offrent désormais à eux : dans le pire des cas, l’Usap retrouvera la Pro D2 en tombant les armes à la main. Dans le meilleur des scénarios, en revanche, elle deviendrait la première équipe à se maintenir de cette manière. Que la partie commence.
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