Top 14 : Lam, la fine lame de l'USAP
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Le talonneur samoan de l'USAP disputera dans quelques mois sa deuxième Coupe du monde.
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Publié le 19/04/2023 à 10:51 , mis à jour à 11:11
Le talonneur samoan Seilala Lam poursuit un double objectif : aider l'USAP à se maintenir en Top 14 pour préparer la Coupe du monde avec les Samoa l'esprit tranquille.
Seilala Lam n'oubliera jamais l'année 2016. Il jouait talonneur avec les Canberra Vikings en NRC, le championnat australien domestique.
Pour le fun.
"Le rugby n'était pas vraiment ma priorité, avoue-t-il.
Je jouais avant tout pour le plaisir de retrouver les copains et de boire une bière après le match. J'avais 26 ans, je travaillais en usine et j'étais heureux comme ça. Lorsque j'ai reçu une proposition des Auckland Blues... Un essai de cinq semaines pour tenter d'intégrer l'effectif pro. J'ai demandé à mon père ce qu'il en pensait. Il m'a répondu : "quel est ton but dans la vie?".
Je lui ai répondu que j'aimerais bien faire carrière dans le rugby. Il m'a dit: "alors vas-y et entraîne toi et réalise ton rêve !"
L'expérience d'Auckland a été difficile. Je débarquais en Nouvelle-Zélande où je ne connaissais personne au club. Et puis le téléphone a sonné... C'était mon frère aîné, Jack, qui jouait à Bristol. Il me dit que son agent était à la recherche d'un talonneur pour un club français, Nevers, qui ambitionnait de rejoindre l'élite pro française. Partir en France impliqait de laisser ma famille en Australie. Mon père, une nouvelle fois, m'a posé la question :: "quel est ton but ?"
Lam débarque en France, où il fait apprécier sa tonicité et son engagement physique. Pour sa première saison en France, il est champion de France de Fédérale 1 avec le club nivernais. Nevers veut le garder mais Selaila, après une saison et demie dans la Nièvre, qui lui permet de devenir international (1), rejoint Perpignan, comme joker médical de Brice Mach, contraint d'arrêter le rugby pour un problème cervical. Il mouille le maillot de l'USAP avec tellement de fougue et d'enviequ'il devient vite l'un des chouchous d'Aimé-Giral.
"En venant en France, ma vie a basculé, assure-t-il.
Avec l'aide de Dieu, j'ai réussi à atteindre mon but. Sûr que mes parents ont prié pour moi..." Il est très proche d'eux. Tous les mois, il leur envoie un peu d'argent pour les aider à mieux vivre du côté de Sydney..
"C'est normal, assure Selaila.
Ils ont tout fait pour moi quand j'étais enfant. Ils ont consenti beaucoup de sacrifices. Je me dois de leur rendre ce qu'ils m'ont donné. Je joue aussi pour eux !" Il clot le chapitre en s'amusant :
"Western Union (2) est mon meilleur ami !"
"Jouons sans nous poser de questions"
A Perpignan, Selaila Lam a trouvé le club familial qu'il recherchait. Sa famille ert heureuse sur les rivages de la Méditerranée, et lui donne tout ce qu'il peut pour aider l'USAP à conserver sa place en Top 14. A 34 ans, il reste toujours aussi rugueux, aussi efficace dans la cage. Pourtant il a joué en troisième ligne jusqu'à ses 25 ans. C'est Michaël Cheika, l'ancien entraîneur des Wallabies, aujourdhui à la tête des Pumas argentins, qui lui conseilla de se reconvertir en talonneur. Cheika dirigeait alors le célèbre club de Sydney de Randwick, où jouait Lam.
"Au début, c'était dur, se souvient Lam.
Il fallait apprendre un nouveau poste, de nouevlles attitudes. J'en ai lancé des ballons à l'entraînement pour maîtriser les lancers en touche..." Deux titres de Pro D2 avec l'USAP ont assis la réputation du "guerrier samoan", costaud à l'impact, dur au mal. Il aimerait poursuivre l'aventure catalane au delà de son contrat, qui prendra fin la saison prochaine, ou en 2025 si la clause d'une année supplémentaire qu'il a négociée, est activée. Ensuite, il aimerait bien transmettre son expérience à des jeunes. Pourquoi pas à l'USAP ? Il surveille avec bienveillance la progression de Lucas (Velarte) et Victor (Montgaillard),
"good kids".
"Ils ont envie d'apprendre et de progresser, explique Lam.
Ils travaillent dur." Lui aussi. Car il s'est fixé pour objectif, avec ses copains, de laisser l'USAP en Top 14.
"Il faut y croire, avoir confiance en nous, dit-il.
Contre le Racing, nous devons aborder le match comme nous l'avons fait contre Pau, sans nous poser de questions. Nous avons tout ce qu'il faut pour nous maintenir. A nous de jouer!" Il pourrait ainsi partir l'esprit libre rejoindre l'équipe samoane à Appia, et préparer sa deuxième Coupe du monde, après celle de 2019 au Japon. Il a reçu les fiches d'entraînement envoyées par le sélectionneur samoan, Mapusua.
"Vous savez quel est son prénom ?", interroge Lam.
"Seilala... Comme moi. Et en plus c'est mon oncle ! Mais j'étais international avant qu'il ne soit nommé..." Jouer la Coupe du monde en France avec l'équipe samoane serait un formidable aboutissement pour Lam, qui a toujours en tête les conseils paternels :
"fais quelque chose de ta vie !" Il est fier de ce qu'il a réalisé jusque là.
(1) Son premier test-match fut un Samoa-Géorgie, le 11 juin 2016, à Apia. Les deux équipes firent match nul : 19-19.
(2)
Western Union est une banque qui s'est spécialisée dans les transferts d'argent internationaux.
Gilles Navarro