Els de P@ris
USAPiste bavard
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- 1 Août 2012
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La chronique d'Els de P@ris : MAUVAISE BLAGUE
Aimé Giral a du se retourner dans sa tombe, et ses copains avec lui. Voir leur club de cœur partir pour un voyage incertain dans la division inférieure, tout cela parce que son état-major n’aurait pas su réagir à temps face à l’ennemi et que parce que certains joueurs auraient préféré défendre leur intérêt personnel plutôt que la patrie en danger a de quoi accabler ceux dont les noms figurent à l’entrée du stade. Une génération de joueurs morts dans les tranchées, il y a tout juste un siècle. Inutile de pousser plus loin la comparaison (absurde, évidemment) entre les souffrances de la Grande Guerre et celle d’une rétrogradation qui touche surtout nos egos. Il faut garder le sens de la mesure. Il n’empêche. Je suis sûr que de là où ils sont, les champions de 14 haussent les épaules ou lèvent les yeux au ciel.
Ils ne sont pas les seuls. Ceux de 1938, ceux de 1944, ceux de 1955, ceux de 2009 ont dû vivre ces dix dernières minutes clermontoises comme un cauchemar et celles qui ont suivi comme un grand moment de chagrin qu’il faudra du temps pour évacuer. Le fait que l’histoire ait été écrite à l’avance ne change rien à l’affaire. Et que ce ne soit que du sport (et pas la guerre !) n’enlève pas d’intensité à la tristesse. D’ailleurs, celle-là ne devrait pas se commenter, pas plus celle des anciens joueurs que celle des supporters en pleurs. Ce matin, il vaudrait mieux se taire, poser le stylo, ruminer. Ce devrait être la seule chronique possible ce matin. Celle du silence.
Mais puisqu’il faut chroniquer, chroniquons. L’USAP tombe donc au champ d’honneur pour trois petits points. Ceux qui la séparent d’Oyonnax au goal-average particulier. Ceux qui la séparent de Clermont à la fin du match d’hier. Ceux que Hook a oublié en route, dans un terrible lapsus révélateur, face aux poteaux et à 22 mètres, qui résument à eux seuls le destin contrarié de l’USAP. On prendra soin de ne pas accabler James. S’il y a un joueur qui nous a maintenu hors de l’eau, c’est bien lui. Sans lui, qui sait si nous n’aurions pas connu un destin à la Biarritz ?
Hier, l’USAP a fait beaucoup mieux que ce qu’on attendait d’elle dans nos rêves les plus fous. Elle a fait douter dans leur antre des Clermontois fatigués mais suffisants (il faudra quand même qu’un jour quelqu’un se décide mette une grosse fessée cul nu à ce petit morveux de Morgan P.). L’USAP a marqué l’un de ses plus beaux essais de sa saison. Elle a défendu comme elle ne l’avait jamais fait dans tous les autres matchs à l’extérieur réunis, redécouvrant le dernier jour ( !) les vertus de la défense inversée. Elle a même réussi ses ballons portés. Elle méritait le nul et aurait même pu remporter ce match sans qu’il y ait de quoi crier au hold-up. Elle échoue à quelques centimètres et peut sortir la tête haute. Mais pourquoi avoir attendu si tard ? Il lui fallait donc être le dos au mur pour retrouver un peu d’humilité et beaucoup d’envie ? Quelqu’un, dans le vestiaire, pourrait-il nous expliquer cette (grossière) erreur de timing ?
Pour aller jusqu’à nous sortir de l’impasse dans laquelle nous nous sommes mis tout seuls, il aurait fallu un sans-faute, un match parfait. Ne pas voir cette cagade de Haughton qui sort le ballon en touche alors qu’on a besoin de munitions pour aller chercher le nul. Ou ce ballon que Hook joue au pied alors que les Clermontois sont à 13. Avec une mêlée en plomb, quelques erreurs en moins et un davantage de culot, elle pouvait réaliser le chef d’œuvre. Las ! La messe était dite. Il fallait que l’USAP vienne mourir à quelques centimètres du paradis. Son destin s’est joué beaucoup plus tôt dans la saison. Mais sur ce match, il n’y a pas une division d’écart entre le club qui jouera les barrages et celui qui fait ses bagages.
Le reste, notamment ce qui s’est passé dans les autres matchs, est anecdotique. Il ne fallait compter que sur ses propres forces. S’en remettre aux Castrais (aux Castrais !) ou aux Brivistes (aux Brivistes !) était une illusion coupable. Une de plus. Comme compter sur un arbitrage sans faille. Car les deux cartons de la deuxième mi-temps sont très sévères et ressemblent plus à de la compensation qu’à la sanction de fautes avérées. Des pénalités suffisaient. Cruels cartons qui nous renvoient sur le banc de touche pour au moins une saison. Mais ce ne sont pas eux qui condamnent l’USAP. Elle s’est mise à la faute toute seule.
Ce n’est pas le genre de la maison d’entamer les grands procès populaires, de s‘en prendre à tel ou tel, sans connaître les dessous de l’histoire. D’autres s’en chargent très bien. Les procureurs de la 25ème heure sont déjà de sortie. De toute façon, c’est trop tard. Il fallait réagir avant. Mais l’argument « c’est la faute à pas de chance » est évidemment irrecevable. On ne passe pas de la H Cup à la Pro D2 sans qu’il y ait un gros grain de sable dans la machine.
Reconstruire, disent-ils. Evidemment. On ne peut pas repartir sur ce champ de ruines. On attendra donc les nouvelles en espérant, sans trop y croire, que ce seront les meilleures de la saison. Ce ne sera pas difficile. Mais que la saison prochaine risque d’être longue ! Rien n’est acquis. Promettre qu’on remontera dans un an est aussi téméraire que d’assurer il y a trois mois que l’USAP ne descendrait pas.
Allez, on ne part pas en enfer. On est juste en route pour le purgatoire. Pour combien de temps ? Toute honte bue, il va falloir des sous (beaucoup, nettement plus que pour club moyen de Pro D2), une rigueur inconnue jusque là, un management costaud, une vraie vision à moyen terme, un staff renouvelé, une adhésion exigée des joueurs, une vie collective. Arrêter de parler des valeurs et les vivre au quotidien. Au delà des promesses mesurées, en sont-ils capables ? On pose la question sans savoir qui ce « ils » désigne. Une chose est sûre : l’USAP n’a besoin ni de starlettes ni de caractériels.
Aujourd’hui, on nous plaint. Demain, on sera oublié. Ce sont les règles de la vie sportive. Tout va très vite. Nous sommes dans l’éphémère. La claque est violente, douloureuse, vexante. Oui, c’est cela : nous sommes vexés. Vexés d’être maltraités de la sorte. Vexés d’avoir été trompés. Vexés d’avoir été trahis. Que ceux qui ricanent aujourd’hui soient rassurés : cela nous passera.
Il sera juste agaçant de voir ces météorites que sont Camille ou Sofiane sourire en marquant sous d’autres couleurs. Mais que ce sera très pénible de voir Guilhem et Tao jouer les premiers rôles sous le maillot de la Rade, si cela se confirme. Comment ne pas avoir le sentiment d’un immense gâchis ? Et une si grande amertume dans la bouche qu’il faudra du temps pour l’évacuer.
Dans un moment d’égarement, on rêverait que le noyau dur des cadres actuels, courtisés par les gros chéquiers inélégants qui tournent comme des rapaces au dessus d’Aimé Giral, se révoltent contre le cours de l’histoire, qu’ils adressent aux tycoons du Top 14 un splendide bras d’honneur, qu’ils renoncent à partir, se donnent un an pour faire le job, et repartent à l’assaut comme à Valmy en 1792. Leurs «carrières» en pâtiraient (vous avez bien dit « carrières ? »), certes, leurs salaires aussi. Mais ils auraient l’occasion de devenir ainsi les précurseurs du retour d’un autre joueur de rugby. Ils seraient les dignes héritiers de Giral.
Non, mais ça ne va pas la tête ? Tu rêves ? Dans quel monde vis-tu ? Oui, pardonnez-moi. Je m’égare. Retour à la réalité. Il faut faire le deuil du Top 14 pour au moins quelques mois. Voire un peu plus. On le suivra à distance pendant qu’on partira pour d’obscurs combats de deuxième rang. Cela nous apprendra à nous voir plus beaux que nous n’étions. Si ce n’est pas un cauchemar, c’est juste une mauvaise blague. Aimé Giral ne va pas la trouver drôle. Espérons qu’elle soit courte.
Aimé Giral a du se retourner dans sa tombe, et ses copains avec lui. Voir leur club de cœur partir pour un voyage incertain dans la division inférieure, tout cela parce que son état-major n’aurait pas su réagir à temps face à l’ennemi et que parce que certains joueurs auraient préféré défendre leur intérêt personnel plutôt que la patrie en danger a de quoi accabler ceux dont les noms figurent à l’entrée du stade. Une génération de joueurs morts dans les tranchées, il y a tout juste un siècle. Inutile de pousser plus loin la comparaison (absurde, évidemment) entre les souffrances de la Grande Guerre et celle d’une rétrogradation qui touche surtout nos egos. Il faut garder le sens de la mesure. Il n’empêche. Je suis sûr que de là où ils sont, les champions de 14 haussent les épaules ou lèvent les yeux au ciel.
Ils ne sont pas les seuls. Ceux de 1938, ceux de 1944, ceux de 1955, ceux de 2009 ont dû vivre ces dix dernières minutes clermontoises comme un cauchemar et celles qui ont suivi comme un grand moment de chagrin qu’il faudra du temps pour évacuer. Le fait que l’histoire ait été écrite à l’avance ne change rien à l’affaire. Et que ce ne soit que du sport (et pas la guerre !) n’enlève pas d’intensité à la tristesse. D’ailleurs, celle-là ne devrait pas se commenter, pas plus celle des anciens joueurs que celle des supporters en pleurs. Ce matin, il vaudrait mieux se taire, poser le stylo, ruminer. Ce devrait être la seule chronique possible ce matin. Celle du silence.
Mais puisqu’il faut chroniquer, chroniquons. L’USAP tombe donc au champ d’honneur pour trois petits points. Ceux qui la séparent d’Oyonnax au goal-average particulier. Ceux qui la séparent de Clermont à la fin du match d’hier. Ceux que Hook a oublié en route, dans un terrible lapsus révélateur, face aux poteaux et à 22 mètres, qui résument à eux seuls le destin contrarié de l’USAP. On prendra soin de ne pas accabler James. S’il y a un joueur qui nous a maintenu hors de l’eau, c’est bien lui. Sans lui, qui sait si nous n’aurions pas connu un destin à la Biarritz ?
Hier, l’USAP a fait beaucoup mieux que ce qu’on attendait d’elle dans nos rêves les plus fous. Elle a fait douter dans leur antre des Clermontois fatigués mais suffisants (il faudra quand même qu’un jour quelqu’un se décide mette une grosse fessée cul nu à ce petit morveux de Morgan P.). L’USAP a marqué l’un de ses plus beaux essais de sa saison. Elle a défendu comme elle ne l’avait jamais fait dans tous les autres matchs à l’extérieur réunis, redécouvrant le dernier jour ( !) les vertus de la défense inversée. Elle a même réussi ses ballons portés. Elle méritait le nul et aurait même pu remporter ce match sans qu’il y ait de quoi crier au hold-up. Elle échoue à quelques centimètres et peut sortir la tête haute. Mais pourquoi avoir attendu si tard ? Il lui fallait donc être le dos au mur pour retrouver un peu d’humilité et beaucoup d’envie ? Quelqu’un, dans le vestiaire, pourrait-il nous expliquer cette (grossière) erreur de timing ?
Pour aller jusqu’à nous sortir de l’impasse dans laquelle nous nous sommes mis tout seuls, il aurait fallu un sans-faute, un match parfait. Ne pas voir cette cagade de Haughton qui sort le ballon en touche alors qu’on a besoin de munitions pour aller chercher le nul. Ou ce ballon que Hook joue au pied alors que les Clermontois sont à 13. Avec une mêlée en plomb, quelques erreurs en moins et un davantage de culot, elle pouvait réaliser le chef d’œuvre. Las ! La messe était dite. Il fallait que l’USAP vienne mourir à quelques centimètres du paradis. Son destin s’est joué beaucoup plus tôt dans la saison. Mais sur ce match, il n’y a pas une division d’écart entre le club qui jouera les barrages et celui qui fait ses bagages.
Le reste, notamment ce qui s’est passé dans les autres matchs, est anecdotique. Il ne fallait compter que sur ses propres forces. S’en remettre aux Castrais (aux Castrais !) ou aux Brivistes (aux Brivistes !) était une illusion coupable. Une de plus. Comme compter sur un arbitrage sans faille. Car les deux cartons de la deuxième mi-temps sont très sévères et ressemblent plus à de la compensation qu’à la sanction de fautes avérées. Des pénalités suffisaient. Cruels cartons qui nous renvoient sur le banc de touche pour au moins une saison. Mais ce ne sont pas eux qui condamnent l’USAP. Elle s’est mise à la faute toute seule.
Ce n’est pas le genre de la maison d’entamer les grands procès populaires, de s‘en prendre à tel ou tel, sans connaître les dessous de l’histoire. D’autres s’en chargent très bien. Les procureurs de la 25ème heure sont déjà de sortie. De toute façon, c’est trop tard. Il fallait réagir avant. Mais l’argument « c’est la faute à pas de chance » est évidemment irrecevable. On ne passe pas de la H Cup à la Pro D2 sans qu’il y ait un gros grain de sable dans la machine.
Reconstruire, disent-ils. Evidemment. On ne peut pas repartir sur ce champ de ruines. On attendra donc les nouvelles en espérant, sans trop y croire, que ce seront les meilleures de la saison. Ce ne sera pas difficile. Mais que la saison prochaine risque d’être longue ! Rien n’est acquis. Promettre qu’on remontera dans un an est aussi téméraire que d’assurer il y a trois mois que l’USAP ne descendrait pas.
Allez, on ne part pas en enfer. On est juste en route pour le purgatoire. Pour combien de temps ? Toute honte bue, il va falloir des sous (beaucoup, nettement plus que pour club moyen de Pro D2), une rigueur inconnue jusque là, un management costaud, une vraie vision à moyen terme, un staff renouvelé, une adhésion exigée des joueurs, une vie collective. Arrêter de parler des valeurs et les vivre au quotidien. Au delà des promesses mesurées, en sont-ils capables ? On pose la question sans savoir qui ce « ils » désigne. Une chose est sûre : l’USAP n’a besoin ni de starlettes ni de caractériels.
Aujourd’hui, on nous plaint. Demain, on sera oublié. Ce sont les règles de la vie sportive. Tout va très vite. Nous sommes dans l’éphémère. La claque est violente, douloureuse, vexante. Oui, c’est cela : nous sommes vexés. Vexés d’être maltraités de la sorte. Vexés d’avoir été trompés. Vexés d’avoir été trahis. Que ceux qui ricanent aujourd’hui soient rassurés : cela nous passera.
Il sera juste agaçant de voir ces météorites que sont Camille ou Sofiane sourire en marquant sous d’autres couleurs. Mais que ce sera très pénible de voir Guilhem et Tao jouer les premiers rôles sous le maillot de la Rade, si cela se confirme. Comment ne pas avoir le sentiment d’un immense gâchis ? Et une si grande amertume dans la bouche qu’il faudra du temps pour l’évacuer.
Dans un moment d’égarement, on rêverait que le noyau dur des cadres actuels, courtisés par les gros chéquiers inélégants qui tournent comme des rapaces au dessus d’Aimé Giral, se révoltent contre le cours de l’histoire, qu’ils adressent aux tycoons du Top 14 un splendide bras d’honneur, qu’ils renoncent à partir, se donnent un an pour faire le job, et repartent à l’assaut comme à Valmy en 1792. Leurs «carrières» en pâtiraient (vous avez bien dit « carrières ? »), certes, leurs salaires aussi. Mais ils auraient l’occasion de devenir ainsi les précurseurs du retour d’un autre joueur de rugby. Ils seraient les dignes héritiers de Giral.
Non, mais ça ne va pas la tête ? Tu rêves ? Dans quel monde vis-tu ? Oui, pardonnez-moi. Je m’égare. Retour à la réalité. Il faut faire le deuil du Top 14 pour au moins quelques mois. Voire un peu plus. On le suivra à distance pendant qu’on partira pour d’obscurs combats de deuxième rang. Cela nous apprendra à nous voir plus beaux que nous n’étions. Si ce n’est pas un cauchemar, c’est juste une mauvaise blague. Aimé Giral ne va pas la trouver drôle. Espérons qu’elle soit courte.
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