il y a un peu plus de 10 ans, vous n’étiez pas encore président mais l’usap était à la place du racing, en finale de coupe d’europe (perdue face à toulouse). Que s’est-il passé en 10 ans ?
François riviere: L’usap s’est reposée sur ses lauriers et il n’y pas eu suffisamment de réformes sportives et économiques. La comparaison avec le racing est intéressante car je sais pour connaître le président lorenzetti depuis des années qu’au début, il a vraiment galéré. Il y avait peut-être une différence entre le racing qu’il a récupéré et l’usap que j’ai récupérée, ce sont les dettes. C’est-à-dire que la totalité de l’argent qu’il a investi dans le club a été consacré à son développement. En ce qui concernait l’usap, la quasi-totalité de l’argent que j’ai investi, environ 6,5 millions, a été utilisée pour rembourser les dettes du club. Dans des clubs comme le racing, toulon, pau ou l’ubb qui ont aussi connu des moments difficiles, l’argent injecté a d’abord permis de construire et de développer. C’est aussi le cycle de la vie d’un club, où il faut parfois accepter d’être en bas.
Il y a quelques jours, vous avez martelé chez nos confrères de france bleue roussillon que si l’usap ne remontait pas dans les deux ans, vous pourriez quitter vos fonctions. Pouvez-vous préciser vos propos ?
F.r: J’ai pour ambition de faire remonter ce club dans l’élite. Pour cela, il y a des prérequis : éponger les dettes, repenser les partenariats et se pencher sur la partie sportive, dont la formation. Je suis arrivé au club il y a deux ans et si dans deux ans l’aventure n’est pas couronnée par un succès, je trouverai honnête d’en tirer les conséquences et je ne dis pas ça sous forme de menace : Si en 4 ans je ne suis pas arrivé à mon but, j’aurai le courage de partir et de ne pas m’entêter. Mais sans vouloir être présomptueux, je pense que nous allons y arriver.
Bourgoin est tombé dans les filets de la dnacg et pourrait être relégué en fédérale 1. Comment se portent les finances de l’usap ?
F.r: J’ai fait le nécessaire pour que le dnacg soit rassurée par nos comptes. Nous savons que nous allons avoir cette année une perte importante due à des contentieux survenus avant mon arrivé (le licenciement de jacques delmas, des impayés à l’urssaf, ndlr). Autre point important, les matchs du jeudi et du vendredi ont engendré une perte de recette de l’ordre de 650 000€. Les 180 000€ de droits télés supplémentaires ne comblent pas le trou. On arrive au total à une perte nette de 2 millions d’€. Nous avons donc reconstitué les fonds propres du club et assuré le fonds de garantie. Nous sommes donc au clair avec la dnacg.
Avez-vous travaillé sur un budget top 14 et un budget pro d2 pour la saison prochaine ?
F.r: Exactement : Si nous devons rester en pro d2, le budget serait de 10 millions d’€ ; en cas d’accession en top 14, il passerait mécaniquement à 13 millions d’€ en raison notamment des droits télés et de la billetterie.
N’êtes-vous pas lassé que votre rôle de président soit souvent réduit au rôle de président tiroir-caisse ?
F.r: Je veux retenir le côté positif : Après mon accident (3 semaines de coma en décembre 2015), on m’a rapporté l’élan populaire qu’a suscité mon état de santé, notamment lors de la venue de lyon. J’ai eu des centaines de messages de sympathie. Les catalans sont reconnaissants du travail accompli. Mais je sais aussi que nous sommes dans une époque où il est toujours plus simple de critiquer ; le moindre sujet est propice à l’insatisfaction. Mais je tiens à prévenir tout le monde : On n’y arrivera pas si nous ne sommes pas solidaires.
évoquons la partie sportive à présent. Le recrutement est-il bouclé ?
F.r: J’évoquerai ce sujet en détail quand la saison sera terminée et quand christian lanta, le patron du sportif, sera installé. Mais pendant ce temps, le recrutement se poursuit. Nous travaillons au recrutement d’un pilier droit et à la prolongation de dewaldt duvenage notamment.
Le cas de quelques anciens, marty et pérez, ont agité le club depuis quelques semaines…
f.r: Seule la performance doit guider les choix sportifs. Nous avons des ambitions élevées et pour cela, nous devons faire jouer les meilleurs, quitte à ce qu’ils ne soient pas catalans. Si à compétence égale, on peut avoir un joueur catalan c’est super ! Mais à mon avis le critère de catalanité ne doit plus être le premier critère.
Qu’est-ce qui a guidé votre choix dans le recrutement de christian lanta ?
F.r: L’usap avait besoin de quelqu’un qui n’a plus rien à se prouver et christian lanta est dans ce cas-là, il a gagné des titres (champion de france et d’italie). Il est libre par rapport à des attaches locales et il sera là pour faire le boulot en son âme et conscience.
Dimanche, l’usap ne sera pas maître de son destin pour la qualification. Si l’usap ne se qualifie pas pour les phases finales, considérerez-vous la saison comme un échec ?
F.r: Que le résultat de dimanche soit positif ou négatif, mon rôle de président est de me projeter sur la saison suivante. L’an dernier, nous avons fait une demi-finale (face à agen) et je souhaite faire aussi bien cette année. Si nous n’y sommes pas, ce ne sera pas un succès, c’est évident, mais à côté de ça j’ai basé mon action sur 4 ans et on savait pertinemment qu’il faudrait du temps pour restructurer le club. Mais les supporters doivent savoir que je ne lâcherai pas et que l’usap ne doit pas rester en pro d2. Depuis mon accident, je ressens une force supplémentaire : Je fais et j’assume parce que je pense que c’est bon pour le club. Et puis j’ouvre ma gueule. Gentiment, mais j’ouvre plus ma gueule !