Entraîneur des avants de Clermont. Il était entraîneur des catalans lors du titre 2009. Dix ans plus tard, il reçoit au Michelin une Usap d’ores et déjà reléguée. L’occasion d’ouvrir la boîte à souvenirs, d’asséner quelques vérités au sujet de son club de cœur, et surtout de se tourner vers l’avenir...
Clermont - Perpignan. L’affiche renvoie nécessairement aux grandes rencontres d’un passé pas si lointain. Y a-t-il une place pour la nostalgie, vous concernant ?
Non, pas du tout. J’ai eu ma part d’émotion lorsque je suis revenu à Aimé-Giral pour la première fois lorsque j’étais entraîneur de Colomiers, également cette saison avec Clermont… Mais aujourd’hui, on est dans le rush final du championnat, et on n’a pas le temps de penser à autre chose qu’au présent. Et le présent, en ce qui concerne l’ASMCA, c’est cet impératif de terminer le travail en terminant à coup sûr parmi les deux premiers, pour nous qualifier directement en demi-finale du Top 14 et conserver des plages de repos qui nous permettront de mieux gérer notre fin de saison, puisque nous affronterons également La Rochelle en finale du Challenge européen. Cela passe par une victoire contre Perpignan ce week-end, c’est aussi simple que cela. Pas le temps d’être nostalgique (sourire).
Tout de même, en 2009, l’Usap devenait championne de France en battant Clermont en finale. Dix ans plus tard, l’ASM est toujours en haut de l’affiche, mais l’Usap est d’ores et déjà condamnée à la dernière place et reléguée en Pro D2. Qu’est-ce qui a fait la différence entre les deux clubs ?
La différence ? C’est la façon dont l’ASM a construit et structuré un vrai projet de club, à l’image du CEP (centre d’entraînement et de perfectionnement, N.D.L.R.) qui est sorti de terre voilà quatre ans, entre autres exemples. L’Usap n’a rien réussi à construire de semblable. Il y a eu beaucoup de problèmes, aussi bien sur le plan sportif qu’extrasportif, parce que l’Usap a essayé de copier le modèle économique de clubs comme le Racing 92 ou le RCT, sans en avoir les moyens ni la force de frappe économique. Elle a quelque peu délaissé son centre de formation, oublié son histoire, perdu sa culture, son identité, sa catalanité. La saison où l’Usap est descendue, cette catastrophe n’aurait jamais dû arriver. Mais quant tu perds tout ça, finalement, tu ne reçois jamais que ce que tu mérites.
Lorsque l’Usap est descendue en 2014, ce fut après un match perdu à… Clermont. Comme si les destins des deux clubs étaient liés…
Ils n’avaient d’ailleurs pas fait un mauvais match… Pour vous confier une anecdote, ce jour-là, nous étions à Aurillac avec Colomiers. Je suivais bien évidemment ce qui se passait, et juste avant mon briefing, j’ai eu les larmes aux yeux. Quand on a fait des sacrifices pour ce maillot pendant plus de vingt ans, c’est un peu normal… J’y ai pratiquement tout connu, du passage de l’amateurisme au professionnalisme. Alors, le jour où l’Usap est descendue, je n’ai pas pu parler à mes joueurs tellement la tristesse était grande.
La question peut paraître stupide, mais êtes-vous soulagé de ne pas avoir à faire le sale boulot d’envoyer l’Usap en Pro D2, son destin ayant été scellé la semaine dernière ?
Bien évidemment que je suis soulagé que Clermont n’ait pas à envoyer l’Usap en Pro D2… (il sourit) Vous savez, quand nous avons gagné à Aimé-Giral lors du match aller, je suis monté très vite dans le bus. Je n’ai pas vu les anciens, je ne suis pas resté au stade. J’ai trop de respect pour ce club, j’y ai vécu trop de belles histoires pour me réjouir d’une de ses défaites.
On compte aujourd’hui plus de champions de France 2009 sous le maillot clermontois que sous la casaque catalane. Anecdotique, ou pas ?
C’est anecdotique. La chaîne s’est certes rompue à un moment, mais l’Usap est en train de se reconstruire. Ce qui me plaît, c’est que des entraîneurs comme Perry Freshwater ou Patrick Arlettaz sont là pour transmettre la culture de ce club, tout comme Laurent Arbo qui est revenu à la préparation physique, David Marty ou Guillaume Vilaceca avec les espoirs, entre autres… Les anciens ne sont pas là pour être des obstacles, mais pour apporter de la richesse. C’est ce qu’a très bien compris un club comme le Stade toulousain, qui tire les fruits de sa politique aujourd’hui. Les Perpignanais ont vécu une saison difficile avec des matchs qu’ils ont perdus de très peu, mais c’est aussi arrivé à des clubs comme Lyon, Toulon, le Racing… Cette saison, le fossé était trop important avec le Pro D2 qu’ils ont survolé l’an dernier, d’autant que très peu de joueurs de l’effectif avaient connu le Top 14 auparavant, et que les entraîneurs n’ont jamais pu aligner leur équipe type à cause des blessures. Mais cela a été une belle saison d’apprentissage pour l’Usap qui reviendra plus forte. Dans les zones de marque, on est là pour marquer, pas pour faire joli. Cette leçon, ils la retiendront à l’avenir.
En parlant de leçon, comment expliquez-vous que la défense clermontoise se soit montrée si poreuse en avril, avec une moyenne de 33 points encaissés lors des cinq derniers matchs ?
À ce niveau de compétition, tu paies toutes tes erreurs cash. Il me semble que nous étions à un moment de la saison où les joueurs avaient besoin de se régénérer, après avoir attaqué très fort la saison, joué en équipe de France pour beaucoup d’entre eux… Sur certains matchs, on a manqué de concentration lorsque nous avons pris une certaine avance. Cela arrive, c’est humain. Ce sont des problèmes qui sont beaucoup moins difficiles à régler que des questions d’organisation globale. La preuve, c’est que nous sommes malgré tout toujours la meilleure défense du Top 14. Cela veut quand même dire quelque chose… Quand il s’est agi de tenir le score à Paris, l’équipe n’a pas flanché. Sauf que le trou d’air a été avancé pour avoir lieu juste après le coup d’envoi… (il se marre) Oui, à force d’entendre dire que nous n’étions pas bons sur les vingt dernières minutes, nous avons oublié de jouer les vingt premières ! Mais là encore, ça ne me dérange pas vraiment. Je sens des signaux très positifs au niveau de l’état d’esprit de l’équipe. Je suis certain qu’au bon moment, nous saurons être concentrés et appliqués pendant 80 minutes.
Clermont - Perpignan. L’affiche renvoie nécessairement aux grandes rencontres d’un passé pas si lointain. Y a-t-il une place pour la nostalgie, vous concernant ?
Non, pas du tout. J’ai eu ma part d’émotion lorsque je suis revenu à Aimé-Giral pour la première fois lorsque j’étais entraîneur de Colomiers, également cette saison avec Clermont… Mais aujourd’hui, on est dans le rush final du championnat, et on n’a pas le temps de penser à autre chose qu’au présent. Et le présent, en ce qui concerne l’ASMCA, c’est cet impératif de terminer le travail en terminant à coup sûr parmi les deux premiers, pour nous qualifier directement en demi-finale du Top 14 et conserver des plages de repos qui nous permettront de mieux gérer notre fin de saison, puisque nous affronterons également La Rochelle en finale du Challenge européen. Cela passe par une victoire contre Perpignan ce week-end, c’est aussi simple que cela. Pas le temps d’être nostalgique (sourire).
Tout de même, en 2009, l’Usap devenait championne de France en battant Clermont en finale. Dix ans plus tard, l’ASM est toujours en haut de l’affiche, mais l’Usap est d’ores et déjà condamnée à la dernière place et reléguée en Pro D2. Qu’est-ce qui a fait la différence entre les deux clubs ?
La différence ? C’est la façon dont l’ASM a construit et structuré un vrai projet de club, à l’image du CEP (centre d’entraînement et de perfectionnement, N.D.L.R.) qui est sorti de terre voilà quatre ans, entre autres exemples. L’Usap n’a rien réussi à construire de semblable. Il y a eu beaucoup de problèmes, aussi bien sur le plan sportif qu’extrasportif, parce que l’Usap a essayé de copier le modèle économique de clubs comme le Racing 92 ou le RCT, sans en avoir les moyens ni la force de frappe économique. Elle a quelque peu délaissé son centre de formation, oublié son histoire, perdu sa culture, son identité, sa catalanité. La saison où l’Usap est descendue, cette catastrophe n’aurait jamais dû arriver. Mais quant tu perds tout ça, finalement, tu ne reçois jamais que ce que tu mérites.
Lorsque l’Usap est descendue en 2014, ce fut après un match perdu à… Clermont. Comme si les destins des deux clubs étaient liés…
Ils n’avaient d’ailleurs pas fait un mauvais match… Pour vous confier une anecdote, ce jour-là, nous étions à Aurillac avec Colomiers. Je suivais bien évidemment ce qui se passait, et juste avant mon briefing, j’ai eu les larmes aux yeux. Quand on a fait des sacrifices pour ce maillot pendant plus de vingt ans, c’est un peu normal… J’y ai pratiquement tout connu, du passage de l’amateurisme au professionnalisme. Alors, le jour où l’Usap est descendue, je n’ai pas pu parler à mes joueurs tellement la tristesse était grande.
La question peut paraître stupide, mais êtes-vous soulagé de ne pas avoir à faire le sale boulot d’envoyer l’Usap en Pro D2, son destin ayant été scellé la semaine dernière ?
Bien évidemment que je suis soulagé que Clermont n’ait pas à envoyer l’Usap en Pro D2… (il sourit) Vous savez, quand nous avons gagné à Aimé-Giral lors du match aller, je suis monté très vite dans le bus. Je n’ai pas vu les anciens, je ne suis pas resté au stade. J’ai trop de respect pour ce club, j’y ai vécu trop de belles histoires pour me réjouir d’une de ses défaites.
On compte aujourd’hui plus de champions de France 2009 sous le maillot clermontois que sous la casaque catalane. Anecdotique, ou pas ?
C’est anecdotique. La chaîne s’est certes rompue à un moment, mais l’Usap est en train de se reconstruire. Ce qui me plaît, c’est que des entraîneurs comme Perry Freshwater ou Patrick Arlettaz sont là pour transmettre la culture de ce club, tout comme Laurent Arbo qui est revenu à la préparation physique, David Marty ou Guillaume Vilaceca avec les espoirs, entre autres… Les anciens ne sont pas là pour être des obstacles, mais pour apporter de la richesse. C’est ce qu’a très bien compris un club comme le Stade toulousain, qui tire les fruits de sa politique aujourd’hui. Les Perpignanais ont vécu une saison difficile avec des matchs qu’ils ont perdus de très peu, mais c’est aussi arrivé à des clubs comme Lyon, Toulon, le Racing… Cette saison, le fossé était trop important avec le Pro D2 qu’ils ont survolé l’an dernier, d’autant que très peu de joueurs de l’effectif avaient connu le Top 14 auparavant, et que les entraîneurs n’ont jamais pu aligner leur équipe type à cause des blessures. Mais cela a été une belle saison d’apprentissage pour l’Usap qui reviendra plus forte. Dans les zones de marque, on est là pour marquer, pas pour faire joli. Cette leçon, ils la retiendront à l’avenir.
En parlant de leçon, comment expliquez-vous que la défense clermontoise se soit montrée si poreuse en avril, avec une moyenne de 33 points encaissés lors des cinq derniers matchs ?
À ce niveau de compétition, tu paies toutes tes erreurs cash. Il me semble que nous étions à un moment de la saison où les joueurs avaient besoin de se régénérer, après avoir attaqué très fort la saison, joué en équipe de France pour beaucoup d’entre eux… Sur certains matchs, on a manqué de concentration lorsque nous avons pris une certaine avance. Cela arrive, c’est humain. Ce sont des problèmes qui sont beaucoup moins difficiles à régler que des questions d’organisation globale. La preuve, c’est que nous sommes malgré tout toujours la meilleure défense du Top 14. Cela veut quand même dire quelque chose… Quand il s’est agi de tenir le score à Paris, l’équipe n’a pas flanché. Sauf que le trou d’air a été avancé pour avoir lieu juste après le coup d’envoi… (il se marre) Oui, à force d’entendre dire que nous n’étions pas bons sur les vingt dernières minutes, nous avons oublié de jouer les vingt premières ! Mais là encore, ça ne me dérange pas vraiment. Je sens des signaux très positifs au niveau de l’état d’esprit de l’équipe. Je suis certain qu’au bon moment, nous saurons être concentrés et appliqués pendant 80 minutes.
