Ousap
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J'avais vraiment envie de partager cette histoire pour demain ...
Albert Séverin Roche a fait plus de 1000 prisonniers pendant la guerre. Archives / Mairie de Réauville
RÉCIT - Le 27e bataillon des chasseurs alpins d'Annecy doit inaugurer ce 10 novembre, en présence du ministre des Armées, un buste en l'honneur du «premier soldat de France», auteur de prouesses pendant la Première guerre mondiale.
L’Histoire est parfois cruelle. Honoré à la fin de la Grande guerre, célébré en «premier soldat de France» par le maréchal Foch, commandant suprême des forces alliées en 1918, Albert Roche était parmi ceux qui ont porté le cercueil du soldat inconnu vers sa sépulture. Le Drômois était alors connu pour être le militaire du rang le plus médaillé de la guerre, en récompense de ses nombreux actes inouïs de bravoure.
Mais petit à petit, il est tombé aux oubliettes. «On a retenu les grandes batailles et les grands généraux de 1914-1918, rarement les fantassins», analyse l’historien Dominique Lormier qui lui a consacré un ouvrage. «On a aussi eu tendance à mettre en avant les as, ces héros aviateurs comme Guynemer, dompteurs de la modernité mécanique». Les poilus, en revanche, ont rappelé dans la mémoire collective la souffrance du peuple français et le traumatisme de la guerre de tranchée. «Albert Roche est mort en 1939, dans un accident de la route, avant que la seconde guerre mondiale n’enterre définitivement sa mémoire», ajoute l'historien. Contrairement à d’autres, il n'aura pas connu, comme d'autres, une mort glorieuse sur le champ de bataille.
«On avait besoin d’un symbole pour incarner ce qu’on réalise», explique le colonel Vincent Minguet, chef de corps du 27e BCA qui inaugure un buste à l'effigie du poilu ce 10 novembre, veille de l’anniversaire de l’armistice. Et qui de mieux qu'Albert Roche, qui a prouvé sa pugnacité avant même le déclenchement de la guerre, pour le représenter ? «Petit et chétif», indique Dominique Lormier, fils d’agriculteur, rien ne le prédestine à devenir un combattant redoutable. On lui refuse en 1913 le service militaire. Mais il s’obstine. «Son visage de solide paysan n'est pas celui d'un pleutre. Son regard volontaire et intelligent en impose», poursuit l'historien. Albert Roche s’engage volontairement et fuit son petit village de la Drôme, dans la nuit, contre la volonté de son père qui le réclame à la ferme.
Assaut contre un fortin de mitrailleuses
Le soldat rejoint le 27e bataillon des chasseurs alpins et monte au front en 1915 dans les Vosges. Dès les premières batailles, il se distingue dans les assauts à la baïonnette. Mais c'est en décembre de cette année qu’Albert Roche va réaliser son premier fait d’armes remarquable. Alors que son capitaine demande quinze volontaires pour aller neutraliser un nid de mitrailleuse allemand, le Drômois propose de s'en charger avec seulement deux camarades. Le soldat rampe en tête, dans le froid hivernal, au milieu du champ de bataille dévasté par l’artillerie. Arrivé au fortin ennemi, Roche y glisse des grenades qui tuent plusieurs soldats allemands sur le coup. Les survivants se rendent, croyant être attaqués par un bataillon. Albert Roche rentre triomphalement avec cinq mitrailleuses et une dizaine de prisonniers.
À la fin de l’année 1915, Roche a multiplié les coups d’éclat de ce genre. Toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses et excellent tireur, il est déjà considéré comme un héros. Il participe sans aucun doute à la frayeur qui naît dans les troupes allemandes qui doivent combattre les chasseurs alpins qu'elles surnomment les diables bleus.
Toujours dans les Vosges, Albert Roche se retrouve un jour le seul survivant de sa tranchée après qu’un déluge de feu s’est abattu sur les positions françaises. Le Drômois doit faire face à une compagnie allemande d’une centaine de combattants qui se rue sur lui. Gardant son sang-froid, il installe tous les fusils de ses camarades et tire alternativement en lançant de nombreuses grenades faisant croire à l’ennemi que les Français sont encore nombreux à résister. Les Allemands reculent et Roche «capture de nombreux soldats ennemis blessés», indique Dominique Lormier. «Je ne connais pas de soldat allié ou allemand capable de rivaliser avec cet homme hors du commun», salue alors son commandant.
Peloton d'éxécution
Capturé un jour avec son lieutenant, Albert Roche s'empare en plein interrogatoire du pistolet de son geôlier, et tient en respect les 12 autres gardiens présents. Il rentre dans la tranchée française avec son officier supérieur et 42 prisonniers allemands.
Le Drômois combat aussi avec les chasseurs alpins sur le front de la Somme et lors de la sanglante bataille du Chemin des Dames. Lors de cette dernière, il sauve la vie de son capitaine blessé au milieu de la ligne de front. Il rampe pendant plusieurs heures pour le retrouver et le ramène sain et sauf. À son retour, il confie l’officier à l’infirmerie. Épuisé, il s’endort dans une tranchée jusqu’à ce qu’une patrouille le réveille, croyant tomber sur un déserteur à une période de la guerre où les mutineries font rage. Le chasseur Roche, sans témoin pour confirmer ses dires, est condamné à être fusillé dans les 24 heures. Finalement, le témoignage de son capitaine arrive à temps. (truc bien français bordel de ***** ...)
Multi décoré pendant la guerre, Roche reçoit la Légion d’honneur à la fin du conflit et ses supérieurs ne tarissent pas d’éloge à son sujet. «D’une bravoure légendaire», «modèle de courage et de dévouement», il brillait «par son audace et son mépris du danger», il a participé à des «luttes acharnée à l’arme blanche et à la grenade» et a montré «un rare esprit et une rare conscience au-dessus de tout éloge».
«Je vous présente votre libérateur!»
Après l’armistice, le maréchal Foch présente le soldat sur le balcon de l’hôtel de ville de Strasbourg. «Alsacien, je vous présente votre libérateur Albert Roche. C'est le premier soldat de France !», clame-t-il devant une foule en liesse. Sans le moindre galon de laine, le héros finit soldat de première classe. «J’ai repensé à lui après le décès du caporal-chef Maxime Blasco», confie le colonel Vincent Minguet. «Ce sont des soldats qui viennent tous les deux d’un milieu assez modeste et qui ont fait preuve d’un courage exceptionnel», explique l’officier. Au mois de septembre, le village natal d'Albert Roche, Réauville, a déjà inauguré le buste en l'honneur du héros.
«Nous avons comme grand modèle dans notre bataillon le lieutenant résistant Tom Morel. Mais pour les 1000 militaires du rang sur les 1500 de notre bataillon, il nous fallait ce héros, qui par une sorte de mystique, a réussi à dépasser sa condition».
Source : Le fig
Albert Séverin Roche a fait plus de 1000 prisonniers pendant la guerre. Archives / Mairie de Réauville
RÉCIT - Le 27e bataillon des chasseurs alpins d'Annecy doit inaugurer ce 10 novembre, en présence du ministre des Armées, un buste en l'honneur du «premier soldat de France», auteur de prouesses pendant la Première guerre mondiale.
L’Histoire est parfois cruelle. Honoré à la fin de la Grande guerre, célébré en «premier soldat de France» par le maréchal Foch, commandant suprême des forces alliées en 1918, Albert Roche était parmi ceux qui ont porté le cercueil du soldat inconnu vers sa sépulture. Le Drômois était alors connu pour être le militaire du rang le plus médaillé de la guerre, en récompense de ses nombreux actes inouïs de bravoure.
Mais petit à petit, il est tombé aux oubliettes. «On a retenu les grandes batailles et les grands généraux de 1914-1918, rarement les fantassins», analyse l’historien Dominique Lormier qui lui a consacré un ouvrage. «On a aussi eu tendance à mettre en avant les as, ces héros aviateurs comme Guynemer, dompteurs de la modernité mécanique». Les poilus, en revanche, ont rappelé dans la mémoire collective la souffrance du peuple français et le traumatisme de la guerre de tranchée. «Albert Roche est mort en 1939, dans un accident de la route, avant que la seconde guerre mondiale n’enterre définitivement sa mémoire», ajoute l'historien. Contrairement à d’autres, il n'aura pas connu, comme d'autres, une mort glorieuse sur le champ de bataille.
«On avait besoin d’un symbole pour incarner ce qu’on réalise», explique le colonel Vincent Minguet, chef de corps du 27e BCA qui inaugure un buste à l'effigie du poilu ce 10 novembre, veille de l’anniversaire de l’armistice. Et qui de mieux qu'Albert Roche, qui a prouvé sa pugnacité avant même le déclenchement de la guerre, pour le représenter ? «Petit et chétif», indique Dominique Lormier, fils d’agriculteur, rien ne le prédestine à devenir un combattant redoutable. On lui refuse en 1913 le service militaire. Mais il s’obstine. «Son visage de solide paysan n'est pas celui d'un pleutre. Son regard volontaire et intelligent en impose», poursuit l'historien. Albert Roche s’engage volontairement et fuit son petit village de la Drôme, dans la nuit, contre la volonté de son père qui le réclame à la ferme.
Assaut contre un fortin de mitrailleuses
Le soldat rejoint le 27e bataillon des chasseurs alpins et monte au front en 1915 dans les Vosges. Dès les premières batailles, il se distingue dans les assauts à la baïonnette. Mais c'est en décembre de cette année qu’Albert Roche va réaliser son premier fait d’armes remarquable. Alors que son capitaine demande quinze volontaires pour aller neutraliser un nid de mitrailleuse allemand, le Drômois propose de s'en charger avec seulement deux camarades. Le soldat rampe en tête, dans le froid hivernal, au milieu du champ de bataille dévasté par l’artillerie. Arrivé au fortin ennemi, Roche y glisse des grenades qui tuent plusieurs soldats allemands sur le coup. Les survivants se rendent, croyant être attaqués par un bataillon. Albert Roche rentre triomphalement avec cinq mitrailleuses et une dizaine de prisonniers.
À la fin de l’année 1915, Roche a multiplié les coups d’éclat de ce genre. Toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses et excellent tireur, il est déjà considéré comme un héros. Il participe sans aucun doute à la frayeur qui naît dans les troupes allemandes qui doivent combattre les chasseurs alpins qu'elles surnomment les diables bleus.
Toujours dans les Vosges, Albert Roche se retrouve un jour le seul survivant de sa tranchée après qu’un déluge de feu s’est abattu sur les positions françaises. Le Drômois doit faire face à une compagnie allemande d’une centaine de combattants qui se rue sur lui. Gardant son sang-froid, il installe tous les fusils de ses camarades et tire alternativement en lançant de nombreuses grenades faisant croire à l’ennemi que les Français sont encore nombreux à résister. Les Allemands reculent et Roche «capture de nombreux soldats ennemis blessés», indique Dominique Lormier. «Je ne connais pas de soldat allié ou allemand capable de rivaliser avec cet homme hors du commun», salue alors son commandant.
Peloton d'éxécution
Capturé un jour avec son lieutenant, Albert Roche s'empare en plein interrogatoire du pistolet de son geôlier, et tient en respect les 12 autres gardiens présents. Il rentre dans la tranchée française avec son officier supérieur et 42 prisonniers allemands.
Le Drômois combat aussi avec les chasseurs alpins sur le front de la Somme et lors de la sanglante bataille du Chemin des Dames. Lors de cette dernière, il sauve la vie de son capitaine blessé au milieu de la ligne de front. Il rampe pendant plusieurs heures pour le retrouver et le ramène sain et sauf. À son retour, il confie l’officier à l’infirmerie. Épuisé, il s’endort dans une tranchée jusqu’à ce qu’une patrouille le réveille, croyant tomber sur un déserteur à une période de la guerre où les mutineries font rage. Le chasseur Roche, sans témoin pour confirmer ses dires, est condamné à être fusillé dans les 24 heures. Finalement, le témoignage de son capitaine arrive à temps. (truc bien français bordel de ***** ...)
Multi décoré pendant la guerre, Roche reçoit la Légion d’honneur à la fin du conflit et ses supérieurs ne tarissent pas d’éloge à son sujet. «D’une bravoure légendaire», «modèle de courage et de dévouement», il brillait «par son audace et son mépris du danger», il a participé à des «luttes acharnée à l’arme blanche et à la grenade» et a montré «un rare esprit et une rare conscience au-dessus de tout éloge».
«Je vous présente votre libérateur!»
Après l’armistice, le maréchal Foch présente le soldat sur le balcon de l’hôtel de ville de Strasbourg. «Alsacien, je vous présente votre libérateur Albert Roche. C'est le premier soldat de France !», clame-t-il devant une foule en liesse. Sans le moindre galon de laine, le héros finit soldat de première classe. «J’ai repensé à lui après le décès du caporal-chef Maxime Blasco», confie le colonel Vincent Minguet. «Ce sont des soldats qui viennent tous les deux d’un milieu assez modeste et qui ont fait preuve d’un courage exceptionnel», explique l’officier. Au mois de septembre, le village natal d'Albert Roche, Réauville, a déjà inauguré le buste en l'honneur du héros.
«Nous avons comme grand modèle dans notre bataillon le lieutenant résistant Tom Morel. Mais pour les 1000 militaires du rang sur les 1500 de notre bataillon, il nous fallait ce héros, qui par une sorte de mystique, a réussi à dépasser sa condition».
Source : Le fig