Eroni Sau : les premiers pas catalans plutôt discrets de l'ailiier de l'USAP
Débarqué à Perpignan l’été dernier précédé d’une flatteuse réputation, Eroni Sau n’a pas encore répondu aux attentes des supporters sang et or. Le néo-international fidjien (2 sélections, 3 essais) semble encore en phase d’adaptation à XV après avoir longtemps brillé avec sa sélection à VII (62 sélections, 37 essais).
« Il a beaucoup de choses à apprendre, souligne l’entraîneur de l’USAP Patrick Arlettaz. Il a des petits problèmes de placement pour un ailier qui vont se régler petit à petit, mais ça reste un joueur à fort potentiel ». Son arrivée tardive, mi-août, suite à sa sélection comme réserviste pour la Coupe du monde à VII l’été dernier, a été un frein à son intégration. « Je m’adapte bien à mes coéquipiers, ils m’aident beaucoup en me disant quoi faire en match ou à l’entraînement », assure l’intéressé.
Élu meilleur débutant sur le circuit mondial à VII en 2018, il présente de solides références qui ne l’empêchent pas de devoir passer par une logique phase d’apprentissage, loin d’être facilitée par le début de saison catastrophique des Catalans. « C’est beaucoup de changements, reprend Arlettaz. Il est passé du VII au XV en très peu de temps, du semi-amateur au rugby pro en très peu de temps, des Fidji à la France en très peu de temps, d’un système de jeu à un autre en très peu de temps. Et ça fait beaucoup à assimiler. On aimerait qu’il soit efficace de suite, mais il faut laisser un peu de temps. Ce qui n’enlève rien à ses qualités, qui sont bien présentes ».
Sau : « Je sais que je peux faire beaucoup mieux »
Performant au plaquage (88 % de réussite), Sau s’est montré jusqu’ici moins à l’aise dans la défense collective et, surtout, relativement inoffensif quand l’USAP attaque. « Je n’ai pas toujours aimé ma façon de jouer jusque-là et ça ne correspond pas à ce que j’attends de moi, assure le trois-quarts aile. Je sais que je peux faire beaucoup mieux et j’espère y arriver dans les prochains matches ». Et quand sa chance se présentera, il aura tout intérêt à la saisir. La concurrence s’est renforcée à l’aile avec la récente arrivée du Baby Black Lotima Fainga’anuku et l’éclosion de Pierre Lucas. Mathieu Acebes fait partie des cadres (9 matches, 8 titularisations), Jonathan Bousquet grappille (8 matches, 290 minutes de jeu) et les places seront bientôt encore plus chères avec les retours de blessure de Jean-Bernard Pujol (fracture du doigt, encore un mois d’absence) et Wandile Mjekevu (phlébite, plusieurs semaines d’absence). Quand on lui demande si son temps de jeu jusque-là le déçoit, l’ailier la joue collectif.
C’est une bénédiction pour ma famille et moi d’être venus. C’est un rêve de venir jouer ici en pro. Après, il y a beaucoup de joueurs dans l’équipe. Quand je joue, j’essaie de faire de mon mieux ». En aura-t-il l’occasion dimanche face au Bordeaux de son colocataire en sélection Semi Radradra ? Quoi qu’il en soit, Sau est conscient de l’importance de la rencontre pour la lanterne rouge et ses dix défaites en dix matches. « C’est un match important. Si on joue en équipe, qu’on travaille dur pour les fans, pour notre famille, les uns pour les autres, je pense qu’on a les moyens de gagner. C’est une bonne équipe, ils ont de grands joueurs, mais il faut jouer. Ce sont des humains comme nous et on peut les battre ». Conserver un espoir de maintien en Top 14 est à ce prix.
L. M.