Els de P@ris
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Il y a surement des intéressés (à ce que j'ai compris), donc vous retrouverez sur ce sujet les chroniques d'Els de Paris par Jérôme!
12 septembre 2018
PREMIÈRES JOURNÉES DU TOP 14
SEMAINES D’INTÉGRATION
On nous l’avait dit, on se l’était dit, mais il faut toujours toucher du doigt la réalité, voire la prendre en pleine poire, pour se rendre vraiment compte qu’on a basculé dans un autre monde. C’est ce que vont vivre nombre de jeunes qui arrivent au collège, au lycée, dans les premières années de leurs études supérieures, voire dans le monde du travail… Sauf que si, dans la plupart des cas, des matelas existent, même imparfaitement, pour amortir les chocs, il n’en reste que la France est un pays de sélection, et que nombre de ces jeunes vont se retrouver à caler, à un moment ou à un autre.
S’il est un endroit où cet écrémage est particulièrement brutal, c’est dans les filières d’excellence, et il n’est que trop de témoignages, jusqu’au cinéma, des avanies que doivent subir ceux qui cherchent à s’intégrer dans ces filières, dans les professions de santé ou pour les grandes écoles… face à cette situation, la rapidité de l’intégration et de l’adaptation à ce qui est exigé est fondamental, sans trop d’autres ressources que les siennes propres.
Notre USAP n’échappe pas à cette règle, et si l’enthousiasme issu de la brillante fin de saison dernière avait pu dissiper cette perspective nettement moins riante, les premières semaines du Top 14 nous l’ont rappelé avec une grande brutalité, et avec tous les avatars qui parcourent l’intégration dans une filière ultra-sélective.
Premier acte, découverte et bizutage, contre un Stade Français qui avait le triple désavantage de nous rappeler nos heures les plus glorieuses, d’arriver avec la volonté de rappeler sa place à tout le monde après une année proche du conseil de discipline et de parfaitement connaître le Top 14. Inutile de revenir sur ce match où, dans un Aimé-Giral plein comme un œuf, nos garçons ont ressemblé à des gamins vite apeurés et subissant sans trop sourciller les brimades des anciens : déculottés dans le jeu au sol, semblant obligés de courir avec des chaînes aux pieds et, au moment où ils semblaient ressortir la tête de la mixture infâme où ils paraissaient plongés, à nouveau giflés de deux essais en infériorité numérique. Les partisans de tels rites disent qu’ils soudent une promotion, beaucoup de ceux qui les ont subis affirment qu’ils sont le premier pas des moins solides vers l’abandon… un match joué trop de fois dans les têtes, une méconnaissance des attendus… en tous cas, on peut dire que cette entame de saison a fait de beaucoup de supporters de l’USAP des adversaires convaincus de ces rites « d’intégration ».
Deuxième acte, remobilisation et lutte pour la survie. Dans la préparation d’un concours sélectif, l’inégalité ne rime pas avec la solidarité entre ceux qui sont menacés. Il y a peu de places, et quand l’inégalité de départ est flagrante, il n’est pas temps de se serrer les coudes, mais de s’appuyer sur les autres petits pour dépasser la ligne de flottaison. C’est peut-être triste, mais c’est ainsi, et les Agenais, entre deux raclées chez les caïds de la bande, ne le savent que trop, eux qui se sont brillamment sauvés l’an dernier.
De notre côté, la remobilisation a porté ses fruits, avec un match accroché, une vaillance de tous les instants, et le côté assez pathétique de ce match pour la survie, que le reste du monde du rugby pointe d’un regard à la fois attendri et plein de commisération. Des équipes qui se rendent coup pour coup, un engagement monumental avec un Lucas Bachelier et un Karl Château omniprésents, mais également des lacunes très importantes, notamment sur les premiers plaquages et pour la conclusion des travaux, avec un dernier rush qui amène le mélange de satisfaction et de frustration de celui qui a compris où il était, mais se rend compte de tout ce qu’il va falloir accomplir…
Troisième acte, première évaluation grandeur nature au stade, face à un des packs les plus épais et les mieux organisés du pays, évaluation portant en grande partie sur les lacunes de notre équipe, la densité dans le jeu d’avants, que ce soit en attaque et en défense. C’était le moment de se situer véritablement et de voir si nos garçons avaient quelque chose à faire face à des grands anciens sans pitié après des premiers examens poussifs.
Sur ce point, on a pu être rassurés, et se dire que la faillite du match inaugural était avant tout mentale. On a retrouvé nos garçons, avec les qualités qui les ont fait réussir – cohésion, abnégation, travail, volonté d’entreprendre toujours – mais également leurs défauts – manque de puissance, faiblesses sur les premiers plaquages, manque de lucidité et de réalisme dans les zones de vérité. Mais là où l’an dernier, la qualité et l’expérience de nos joueurs faisaient que les qualités l’emportaient sur les défauts, ce ratio a tendance à s’inverser, comme celui avec la qualité et l’expérience des adversaires. On le voit avec un Lemalu, le seul rivalisant en termes d’impact, et donc bien plus facile à surveiller, ou un Tom Ecochard bien plus sous pression que l’an dernier et qui doit s’adapter.
La dernière action résume tout cela, et on n’a pas à blâmer les joueurs d’avoir tenté un succès qui aurait boosté la confiance de tout le monde. Mais la frustration est encore là, ainsi que la crainte d’un redoublement, même si nos rivaux de galère ne vont pas forcément mieux.
Au bout de trois semaines, tout le monde est sur la même longueur d’ondes : la quête de l’excellence sera longue et douloureuse. L’USAP a un concours à trois à jouer avec Grenoble et Agen, avec une place et demi de disponible. Elle semble malgré tout sur la bonne voie, même si elle doit apprendre en quelques semaines l’équivalent d’une année de programme.
Le propre des filières de haut niveau est de jeter les nouveaux à l’eau avec quelques bouées et de voir qui parvient à les rattraper. Nos garçons ont les vertus pour cela, mais les vertus ne suffiront pas, il faut apprendre très vite et appliquer aussi vite sur le terrain. De notre côté de supporters, il faut être là, soutenir plus que jamais, même si le pain blanc de l’an dernier est loin, parce que c’est le prix élevé de l’excellence…
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12 septembre 2018
PREMIÈRES JOURNÉES DU TOP 14
SEMAINES D’INTÉGRATION
On nous l’avait dit, on se l’était dit, mais il faut toujours toucher du doigt la réalité, voire la prendre en pleine poire, pour se rendre vraiment compte qu’on a basculé dans un autre monde. C’est ce que vont vivre nombre de jeunes qui arrivent au collège, au lycée, dans les premières années de leurs études supérieures, voire dans le monde du travail… Sauf que si, dans la plupart des cas, des matelas existent, même imparfaitement, pour amortir les chocs, il n’en reste que la France est un pays de sélection, et que nombre de ces jeunes vont se retrouver à caler, à un moment ou à un autre.
S’il est un endroit où cet écrémage est particulièrement brutal, c’est dans les filières d’excellence, et il n’est que trop de témoignages, jusqu’au cinéma, des avanies que doivent subir ceux qui cherchent à s’intégrer dans ces filières, dans les professions de santé ou pour les grandes écoles… face à cette situation, la rapidité de l’intégration et de l’adaptation à ce qui est exigé est fondamental, sans trop d’autres ressources que les siennes propres.
Notre USAP n’échappe pas à cette règle, et si l’enthousiasme issu de la brillante fin de saison dernière avait pu dissiper cette perspective nettement moins riante, les premières semaines du Top 14 nous l’ont rappelé avec une grande brutalité, et avec tous les avatars qui parcourent l’intégration dans une filière ultra-sélective.
Premier acte, découverte et bizutage, contre un Stade Français qui avait le triple désavantage de nous rappeler nos heures les plus glorieuses, d’arriver avec la volonté de rappeler sa place à tout le monde après une année proche du conseil de discipline et de parfaitement connaître le Top 14. Inutile de revenir sur ce match où, dans un Aimé-Giral plein comme un œuf, nos garçons ont ressemblé à des gamins vite apeurés et subissant sans trop sourciller les brimades des anciens : déculottés dans le jeu au sol, semblant obligés de courir avec des chaînes aux pieds et, au moment où ils semblaient ressortir la tête de la mixture infâme où ils paraissaient plongés, à nouveau giflés de deux essais en infériorité numérique. Les partisans de tels rites disent qu’ils soudent une promotion, beaucoup de ceux qui les ont subis affirment qu’ils sont le premier pas des moins solides vers l’abandon… un match joué trop de fois dans les têtes, une méconnaissance des attendus… en tous cas, on peut dire que cette entame de saison a fait de beaucoup de supporters de l’USAP des adversaires convaincus de ces rites « d’intégration ».
Deuxième acte, remobilisation et lutte pour la survie. Dans la préparation d’un concours sélectif, l’inégalité ne rime pas avec la solidarité entre ceux qui sont menacés. Il y a peu de places, et quand l’inégalité de départ est flagrante, il n’est pas temps de se serrer les coudes, mais de s’appuyer sur les autres petits pour dépasser la ligne de flottaison. C’est peut-être triste, mais c’est ainsi, et les Agenais, entre deux raclées chez les caïds de la bande, ne le savent que trop, eux qui se sont brillamment sauvés l’an dernier.
De notre côté, la remobilisation a porté ses fruits, avec un match accroché, une vaillance de tous les instants, et le côté assez pathétique de ce match pour la survie, que le reste du monde du rugby pointe d’un regard à la fois attendri et plein de commisération. Des équipes qui se rendent coup pour coup, un engagement monumental avec un Lucas Bachelier et un Karl Château omniprésents, mais également des lacunes très importantes, notamment sur les premiers plaquages et pour la conclusion des travaux, avec un dernier rush qui amène le mélange de satisfaction et de frustration de celui qui a compris où il était, mais se rend compte de tout ce qu’il va falloir accomplir…
Troisième acte, première évaluation grandeur nature au stade, face à un des packs les plus épais et les mieux organisés du pays, évaluation portant en grande partie sur les lacunes de notre équipe, la densité dans le jeu d’avants, que ce soit en attaque et en défense. C’était le moment de se situer véritablement et de voir si nos garçons avaient quelque chose à faire face à des grands anciens sans pitié après des premiers examens poussifs.
Sur ce point, on a pu être rassurés, et se dire que la faillite du match inaugural était avant tout mentale. On a retrouvé nos garçons, avec les qualités qui les ont fait réussir – cohésion, abnégation, travail, volonté d’entreprendre toujours – mais également leurs défauts – manque de puissance, faiblesses sur les premiers plaquages, manque de lucidité et de réalisme dans les zones de vérité. Mais là où l’an dernier, la qualité et l’expérience de nos joueurs faisaient que les qualités l’emportaient sur les défauts, ce ratio a tendance à s’inverser, comme celui avec la qualité et l’expérience des adversaires. On le voit avec un Lemalu, le seul rivalisant en termes d’impact, et donc bien plus facile à surveiller, ou un Tom Ecochard bien plus sous pression que l’an dernier et qui doit s’adapter.
La dernière action résume tout cela, et on n’a pas à blâmer les joueurs d’avoir tenté un succès qui aurait boosté la confiance de tout le monde. Mais la frustration est encore là, ainsi que la crainte d’un redoublement, même si nos rivaux de galère ne vont pas forcément mieux.
Au bout de trois semaines, tout le monde est sur la même longueur d’ondes : la quête de l’excellence sera longue et douloureuse. L’USAP a un concours à trois à jouer avec Grenoble et Agen, avec une place et demi de disponible. Elle semble malgré tout sur la bonne voie, même si elle doit apprendre en quelques semaines l’équivalent d’une année de programme.
Le propre des filières de haut niveau est de jeter les nouveaux à l’eau avec quelques bouées et de voir qui parvient à les rattraper. Nos garçons ont les vertus pour cela, mais les vertus ne suffiront pas, il faut apprendre très vite et appliquer aussi vite sur le terrain. De notre côté de supporters, il faut être là, soutenir plus que jamais, même si le pain blanc de l’an dernier est loin, parce que c’est le prix élevé de l’excellence…
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