Je vous met ci après le message, adressé aux supporters et partenaires du club, du proprio du BO pour justifier le recrutement d'Haouas.
Je n'ai pas de mot, je vous laisse le soin de vous faire votre avis.
MESSAGE de Louis Vincent Gave
Chers amis, Je m'adresse à vous aujourd’hui avec deux nouvelles. La première est que nous restons au BOPB. Et nous restons pour gagner. Nous avons effectué un recrutement qui nous laisse espérer que le BOPB, à nouveau, sera compétitif dans une Pro D2 dont le niveau est chaque année de plus en plus resserré. Je crois sincèrement que nous ferons une belle saison. Le premier Hong Kong Tens que nous avons gagné, nous l’avons gagné avec Matthew Clarkin et Renaud Dulin aux manettes. C’est une équipe de management qui nous a porté chance par le passé et dans laquelle nous avons toute confiance. Je suis aussi reconnaissant envers Manu Cassin, Roger Ripol et surtout Jean-Baptiste Aldigé de continuer l’aventure. La dernière année fut compliquée sous bien des points de vue. Mais comme Corneille l’a écrit, "À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire"… La seconde nouvelle est que nous avons signé le pilier international Français Mohamed Haouas. Je sais que ce recrutement a choqué certains. Encore plus que le recrutement de Steffon Armitage il y a quatre ans. Certains d’entre vous ont même pris le temps de m’envoyer des messages pour exprimer leur colère face à cette nouvelle. Je les remercie ici pour ces messages. Ces supporters aiment notre club et n’hésitent pas à exprimer leur passion. Étant moi-même mari de la même femme depuis 20 ans, père de quatre enfants (dont deux adolescentes) et fils de parents mariés eux-mêmes depuis cinquante-cinq ans, je suis intimement convaincu de l’importance du couple comme fondation même de notre société. Je comprends donc le désarroi de certains supporters. Mais je ne le partage pas. En effet, parmi les fondations même de notre société, la notion la plus importante est celle du pardon. Avant de recruter Mohamed Haouas, nous avons parlé à son épouse qui nous a dit "merci du fond du coeur de nous donner une chance de pouvoir faire un nouveau départ". À mes yeux, la parole la plus importante du Christ fut "ne jugez pas si vous ne voulez pas être jugé". Ceci ne veut pas dire qu’il ne faut pas condamner, mais qu’en aucun cas il ne faut juger que son prochain est mauvais dans son essence. Un homme peut être coupable et donc soumis au châtiment, mais jamais il ne peut être totalement mauvais. Le pêché est haïssable, le pécheur jamais. C’est ce qu’avait compris de Gaulle quand le Père Bruckberger vint lui demander la grâce de Joseph Darnand, héros de la première Guerre Mondiale et chef de la milice pendant la seconde. Après avoir refusé de commuer la peine, De Gaulle répondit à Bruck "Dites-lui que je suis obligé de le faire fusiller, par raison d’État. Mais que, de soldat à soldat, je lui garde toute mon estime". Darnand était condamné, mais pas jugé. Le jugement n’appartient qu’à Dieu. Sur cette base, où des condamnations ont lieu, mais où personne ne prononcera un jugement sur l’essence de chaque individu, on peut construire une société véritablement humaine, car le pardon, le repentir et la miséricorde y sont possibles. Malheureusement, la dérive de nos sociétés aujourd’hui amène exactement à l’inverse : les crimes ne sont plus condamnés, tandis que des jugements condamnant des individus sont portés au motif que ces personnes seraient fondamentalement mauvaises. C’est pourquoi je fus profondément choqué lorsque notre Ministre des Sports, Madame Amélie Oudéa-Castera, déclara que les "agissements de Mohamed Haouas sont inadmissibles et incompatibles avec la représentation de notre nation au niveau international". Mohamed Haouas, ayant été condamné par la justice de notre pays, se trouvait donc de surcroit jugé par un membre du pouvoir exécutif (qu’en est-il de la séparation des pouvoirs ?) pour une peine supplémentaire et, cette fois-ci, sans appel ? Ce jour-là, j’ai appelé Jean-Baptise et je lui ai demandé de se renseigner et de voir si nous pouvions aider Mohamed, son épouse et ses enfants. Aujourd’hui, je suis heureux d’annoncer que Mohamed portera notre maillot l’année prochaine. J’espère nouer avec lui, comme avec tous nos joueurs, des liens d’amitié sur les saisons qui arrivent. Après tout, comme l’a dit Jean-Pierre Rives "le rugby, c'est être capable de serrer le copain et de sauter, sans savoir si en dessous il y'a de l'eau ou des rochers". Aujourd’hui, nous faisons ce saut avec Mohamed. Et compte-tenu de nos entretiens, nous avons bon espoir que, comme avec Steffon Armitage, il y aura de l’eau et non des rochers. J’espère aussi que nous pourrons compter à nouveau sur votre soutien pour cette nouvelle saison, un soutien essentiel pour l’avenir et la pérennité de notre club. Comme toujours, je vous prie de croire, chers partenaires et chers supporter, en l’expression de mes sentiments les plus reconnaissants. Aupa BO ! Louis-Vincent Gave, Président du Conseil de Surveillance"