"C'est le club de ma vie." Après quatorze ans de loyauté à l'USAP, émaillés d'un titre de champion de France 2009, le trois-quarts centre international David Marty a annoncé hier la fin de sa carrière au terme de la saison. Adéu 'Zaza'...Beaucoup ont parlé à sa place, lui n'avait encore rien dit officiellement. Jusqu'à hier, où son message a tenu en un seul mot : "J'arrête." Clap de fin pour le trois-quarts centre international de l'USAP, David Marty (33 ans, 39 sélections) qui, après quatorze ans de loyauté au club, rangera définitivement ses crampons au terme de la saison.</p>
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<strong>David, c'est fini pour de bon ?</strong> Ouais, je pense. Le club m'a fait comprendre que c'était la fin.</p><p id="idPosition1" class="advert"><script>OAS_AD('Position1');</script></p> <script>cachePubVide('idPosition1');</script><div id='pub_dfp_pave_article' class='pub'></div>
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<strong>Il vous restait pourtant une année optionnelle de contrat ? </strong>C'était une option sportive, bon… Au-delà de ça, j'ai compris que… Je ne sais pas…</p>
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<strong>Vous avez senti que le club ne vous faisait plus confiance ?</strong> Je ne sais pas ce qu'ils pensent, je ne veux même pas le savoir. Là où je suis le plus déçu, c'est qu'on est descendu en Pro D2 (en 2014), je suis resté, on a fait des efforts, je parle pour certains anciens… Et qu'aujourd'hui on nous fasse passer pour les vilains petits canards, c'est ma plus grosse déception.</p>
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<strong>Est-ce la tête ou le corps qui a dit stop ? </strong>Physiquement, je me sens plus ou moins bien. Dans la tête, je crois que l'évolution du rugby ne me correspond pas trop.</p>
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<strong>Le championnat de Pro D2 colle pourtant bien à votre mentalité…</strong> Ah oui ! J'y ai retrouvé des valeurs, des joueurs de villages, enfin des joueurs de club. J'apprécie cette Pro D2, vraiment.</p>
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<strong>En quoi ne vous reconnaissez-vous plus dans ce sport ? </strong>Je n'aime pas cracher dans la soupe, mais voilà… J'ai vécu des super moments, je crois tout simplement qu'il faut savoir s'arrêter.</p>
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<strong>Vous êtes l'homme d'un seul club. Votre parole tient en une poignée de main. C'est une fierté ?</strong> Ça, c'est terminé, ça n'existera plus. J'ai toujours fonctionné comme ça, c'est comme ça que je vois le rugby. Je m'aperçois que maintenant, je passe pour un vieux con.</p>
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<strong>Dans quel état d'esprit êtes-vous en cette fin de saison ? </strong>Il est certain qu'en ce moment je savoure, j'en profite à fond, comme hier (jeudi) à Montauban (lire page suivante), où on aurait dû gagner cent fois. Je me dis qu'il n'y aura pas cinquante matches de plus.</p>
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<strong>Avec peut-être un retour glorieux en Top 14 à la clé ? </strong>Dans mes rêves, je voudrais finir au top. Mais entre les rêves et la réalité, on va voir…</p>
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<strong>Votre fin de carrière symbolise la fin d'une époque… </strong>Les anciens, on a tout fait pour transmettre les valeurs du club. Après, peut-être qu'on s'est trompé, qu'on n'a pas bien fait les choses. Je parle pour moi mais, en tout cas, on aura essayé. Avec l'évolution actuelle du rugby, des valeurs, il va y en avoir de moins en moins.<strong> </strong></p>
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<strong>Là, tout de suite, quelle image vous vient à l'esprit ? </strong>Il y en a beaucoup. Je pense à Olivier Saisset et à Marcel Dagrenat, qui m'ont fait démarrer et m'ont fait confiance. Je m'aperçois dix ans après qu'ils étaient très en avance sur tout. Bien sûr, il y a le titre (2009), les années Brunel… L'USAP m'a permis d'être en équipe de France, l'USAP m'a tout donné. Je lui en suis très reconnaissant, C'est pourquoi, je n'ai pas envie d'en parler en mal. C'est le club de ma vie. A 33 ans, David Marty s'apprête à tourner la page d'une carrière en sang et or, entamée en 2002.</p>
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<h2>Du sang et de la sueur</h2>
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<strong>Il était une fois “Zaza”, l’homme d’un seul club</strong>, l’USAP, et d’une poignée de main en guise d’unique parole. Un cas devenu unique dans le milieu du rugby, gangréné par la puissance de l’argent, la médiatisation à outrance et un froid professionnalisme. <em>« Je me reconnais plus dans les valeurs de ce sport »</em>, a-t-il tranché hier, officialisant la fin de sa carrière au terme de la saison actuelle. Voilà, c’est presque fini. David Marty (33 ans, 1,82 m, 93 kg), dernier des dinosaures catalans à avoir connu le règne des années Marcel Dagrenat, au début des années 2000, s’apprête à quitter l’arène après quatorze années d’une fidélité sans failles à son club de toujours.<em> « Je me rappelle son premier match contre Bourgoin en Coupe de France (saison 2002-03). On avait prévu une croisée pour que je prenne l’intervalle, j’attends toujours. Il a pris le ballon et s’est fait la malle ! »</em>, se souvient Didier Plana, son premier partenaire au centre. Droit au but, sans chichis, tout est dit. Archétype du trois-quarts centre catalan - monté fin mais “teignous” à souhait -, “Zaza” fit valoir très tôt ses qualités de puncheur et de défenseur féroce. Un côté rustre et animal qui nourrit sa gloire autant que sa caricature. <em>« Rien à foutre »</em>, avait-il coutume de dire, dans son habituel langage de charretier. La loi du terrain d’abord.</p>
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<strong>Un mental exceptionnel</strong> Certes, il n’était pas le plus rapide, ni le plus doué et encore moins le plus médiatique des joueurs. Mais question mental, David Marty est à sa façon champion du monde, l’exemple remarquable d’une carrière bâtie et optimisée autour des valeurs de l’USAP : l’amour du maillot, le combat, la quête éperdue d’un titre rêvé depuis des générations. La France du rugby, scotchée devant sa télé lors du quart de finale de Coupe du monde 2007 face à la Nouvelle-Zélande, à Cardiff, gardera l’image de son regard impertinent en plein haka des All Blacks. On l’oublie vite mais “Zaza” (37 sélections 11 essais) poussa le grand Yannick Jauzion sur le banc. <em>« David ne passe jamais à côté d’un rendez-vous. Il ne triche jamais »</em>, louait à l’époque le manager de l’équipe de France Jo Maso. Mais Marty, c’est aussi une prophétie prononcée à la mi-temps du match USAP-Clermont (victoire 22-13) en finale du Top 14, juste avant son essai :<em> « Encore dix minutes et après, c’est pour nous. »</em></p>
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<strong>Esclave des valeurs catalanes</strong> D’aucuns se souviennent aussi de sa pugnacité à faire respecter l’honneur des sang et or, à l’image de ce coup de poing monumental asséné à l’ex-Bayonnais Rémy Martin, en 2012. Ou encore ses blagues de collégien, comme lorsqu’il ramena une chèvre dans la chambre de son entraîneur Franck Azéma ou un ragondin dans la voiture de Christophe Porcu, lequel hait les souris. De l’épopée de 2003 en Coupe d’Europe (finale perdue contre Toulouse) aux affres de la descente en Pro D2 (en 2014), le N.13 de l’USAP a tout connu, en passant par la consécration du titre 2009, le sommet de son aventure. Si son niveau de jeu avait baissé ces deux dernières saisons, son influence au sein du vestiaire, elle, n’a cessé de croître. Son départ va laisser un grand vide et le public d’Aimé-Giral, qui l’a adoré sans jamais l’idolâtrer, n’a plus que deux matches (et plus si affinités) pour saluer l’ensemble de son œuvre.<em> « Marty est un des plus grands joueurs de l’histoire de l’USAP. Pour moi, il sera toujours “Zaza”, un homme d’une franchise, d’une droiture et d’une intégrité remarquables. Une page symbolique se tourne avec son départ »</em>, témoigne son ancien partenaire Christophe Manas. Monument du rugby catalan, anti-héros assumé, pur-sang 100 % catalan, David Marty est peut-être, et surtout, un joueur à la mentalité de clocher. Celui de la “Cathédrale” USAP.</p>