Indéracinable figure du rugby néo-zélandais, emblématique avant All Black entre 1957 et 1971, Sir Colin Meads s'est éteint dimanche, à l'âge de 81 ans, des suites d'un cancer.
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Colin Meads, chez lui, à King Country, dans la campagne néo-zélandaise. (L'Equipe)
Inoxydable deuxième-ligne (et parfois aussi troisième-ligne) tant sa carrière internationale fut riche et longue (14 saisons de 1957 à 1971, 55 sélections), figure emblématique du rugby néo-zélandais attaché à la terre, taiseux mais capable de coups de gueule, capitaine (4 fois) prônant la solidarité, l'humilité et l'engagement physique sans faille, Colin Meads, né à la ferme le 3 juin 1936 à Cambridge, dans la région de Waikato, et décédé ce dimanche 20 août des suites d'un cancer du pancréas, est de l'avis de tous le plus grand All Black de tous les temps. Davantage que Jonah Lomu, icone certes largement médiatisée mais qui n'a pas personnalisé tout ce que le rugby de cette partie de l'hémisphère sud véhicule de valeurs fondamentales. D'ailleurs, ses compatriotes, à Te Kuiti, avaient élevé une statue en son honneur, le 19 juin dernier. Avant lui, seul le Gallois Gareth Edwards avait reçu cette marque de distinction.
Rude, parfois violent, rendant coup pour coup, indéracinable, Colin Meads s'était vu accoler rapidement le surnom de «Pinetree» (le Pin). Expulsé en 1967 face à l'Ecosse à Murrayfield, cette infamie arbitrale aux yeux de l'opinion publique néo-zélandaise avait renforcé son aura au lieu de l'éteindre. Coupable d'avoir décoché un coup de pied dans le ventre de l'arrière tricolore Pierre Villepreux lors du test de Colombes cette même année, il fut lui aussi copieusement visé par ses adversaires, en témoignent un crâne ouvert face à ces mêmes Française en 1967 lors de ce match heurté, et un bras cassé par les Springboks en 1970.
Colin Meads charge en 1964 à Colombes face au XV de France (L'Equipe)
Seul bémol, sa participation en 1986 comme manager de la tournée pirate des Cavaliers en Afrique du sud.
Excellent preneur de balles en touche malgré une taille relativement modeste (1,92 m) pour un deuxième-ligne, il profitait de son sens du timing et de mains gigantesques pour régner dans l'alignement. Entre 1964 et 1967, il fut la figure de proue d'un pack dirigé par le pilier Wilson Whineray puis le troisième-ligne centre Brian Lochore. L'invincibilité des All Blacks de cette époque était servie par la fameuse règle des 3 P (Placement, Possession, Pace, soit position, conquête, rythme) inventée par Charlie Saxton et mis en application par le coach Fred Allen : seize victoires et un match nul ! Il faudra attendre 2016 pour que ce record soit battu. Par les All Blacks de Richie McCaw.
Seul bémol, en 1986, sa participation généreusement défrayée par une banque sud-africaine comme manager de la tournée pirate des Cavaliers, sélection de All Blacks montée sans autorisation pour disputer quatre matches contre les Springboks dans une Afrique du sud alors boycottée pour cause d'apartheid. Mis à l'index un an par l'International Board, Meads et ses All Blacks furent critiqués. Cette initiative coûta d'ailleurs au talonneur Andy Dalton le capitanat de la sélection nationale, et à Colin Meads sa place de manager des All Blacks durant la Coupe du monde 1987.
Il laisse derrière lui son épouse, Verna, cinq enfants, quatorze petits-enfants et sept arrière-petits-enfants. A sa famille,
L'Equipe adresse ses condoléances.
Richard Escot