(par Jérôme) - https://www.elsdeparis.com/saison-2017-2018
7 mai 2018
FINALE, USAP-FCG 38-13
BOU(S)QUET FINAL
l est de ces journées dont on a rêvé depuis si longtemps, que quand elles arrivent, on se remémore inévitablement tout ce qui a amené à ces moments privilégiés, avec leur dramaturgie et leurs émotions démultipliées. Après une saison qui avait démarré sur un feu d’artifice digne du 15 août à Collioure, la fusée USAP nous a illuminés mois après mois, tant par sa capacité à envoyer ses adversaires en l’air plus haut que le Canigou que par sa capacité à surmonter les coups bas, qui ont été si nombreux cette saison.
La semaine dernière, Aimé-Giral s’était transformé en parc d’attractions du rugby, avec une fête magnifique ponctuée, malgré les efforts de la météo pour la gâcher, par une belle danse administrée à des Montois qui ne savaient plus trop où ils habitaient. Restait désormais à conclure en beauté, et à éviter d’être le dindon de la nouvelle formule de la Pro D2, garante de beaux moments, mais si cruelle de jouer sur un match toute une saison avec l’ascenseur pour enjeu.
Autant dire que la semaine fut longue. Si la météo ne fut rapidement plus l’objet des préoccupations, nous fûmes occupés par la quête des précieux sésames pour la fête, le stadium de Toulouse s’avérant un peu étroit pour le public du USAP Catalan Circus. Entre des files d’attente dignes de Disneyland au stade et des supporters assez fous pour aller tester la file d’attente iséroise, on en avait pour son argent, à défaut d’avoir suffisamment de places, faute d’un champ de foire assez grand…
Cela pouvait faire passer le temps, et éviter de se faire le match dans la tête 50 000 fois avant (un supporter peut le faire sans grand dommage, c’est un de ses privilèges sur les joueurs…), en dissertant sur la supposée supériorité de nos avants, sur la fatigue de Grenoblois d’avoir eu un tour supplémentaire, ce qui est le pompon en fin de saison, mais sur l’éternelle incertitude d’un match. Pourtant, votre serviteur se sentait étonnamment serein, attendant le dimanche comme un gamin certain qu’on lui prépare un anniversaire surprise, persuadé qu’on n’osera pas le priver de cette joie…
Et au moment de partir de Perpignan le dimanche, la métaphore de l’enfance (enfin, de l’adolescence pour l’auteur de ces lignes à l’âge de plus en plus avancé…) ne pouvait que se confirmer : l’ambiance de carnaval, le bordel au péage Nord, les concerts de klaxons sur l’autoroute, au péage et à la bretelle de sortie à Toulouse, et la marée sang et or autour des parkings, la fumée des grillades, les escargots, rien ne manquait à ce bain de jouvence qui rappelait tant le parking du stade des Costières de Nîmes dans les années 90. Si la Pro D2 a servi à quelque chose, elle aura servi à nous rappeler cette belle époque, en plus de faire repartir le club sur des bases nouvelles…
Mais entre grillades, apéros, arrivée des bus, la température montait, elle devenait même incandescente à l’arrivée du bus, qui faisait passer encore une fois nos joueurs par un tourbillon émotionnel. Mais chacun savait ce qu’il avait à faire pour que la fête soit belle, dans ce superbe stade « Ernest Giral » : les supporters pour l’ambiance de fête, les joueurs pour emmener tout le monde au sommet de la grande roue de la ProD2.
Puis vint le match, tant attendu et tant redouté, malgré la confiance totale qu’on pouvait avoir dans ce groupe. Et on pourrait presque dire que tout se passa comme prévu… d’abord, avec un début endiablé, une séquence d’auto-tamponneuses d’une durée et d’une intensité digne du Top 14, et une première fusée sang et or, sur ce ballon
perdu, admirablement joué par Captain Mafi et conclu par un Jo Bousquet qui faisait exploser le stade et répondait symboliquement à son essai oyonnaxien qui nous avait fait prendre le train fantôme quatre ans plus tôt.
Ensuite, avec des Grenoblois essayant de jouer leur va-tout et se nourrissant des imprécisions de notre jeu toujours à sensations fortes : une action bien menée suite à une touche mal tapée et une pénalité cadeau commençaient à semer le doute, les supporters baissant d’un ton, craignant que nos adversaires ne gâchent la fête, avec ces couleurs rappelant tant ce Stade Français qui n’aimait rien tant que nous martyriser dans des stades tout en sang et or.
Enfin, avec l’entrée en scène de notre meilleure attraction du moment, notre monstre à 16 pattes, qui avait joué au chamboule-tout avec la mêlée montoise, et se mettait à faire de même avec le 8 isérois, éparpillé façon puzzle sur chaque introduction. Le public retrouvait toute sa voix, les Grenoblois ne pouvaient que reculer, et le stade explosait quand le si longtemps controversé Enzo Selponi allait sous les poteaux en marchant, nos adversaires semblant déjà sur les rotules avec la tête qui tourne. La pause arrivait, et le FCG semblait avoir déjà grillé beaucoup de cartouches, même si on n’osait pas encore y croire.
Et pourtant… ce second acte allait être le bouquet final, un vrai feu d’artifice sang et or. Nos joueurs avaient désormais toutes les balles dans les mains et pilonnaient les Grenoblois réduits à l’état de punching balls, comme les défenseurs cherchant à arrêter notre Adrea lancé près de la ligne et rebondissant sur lui. La folie gagnait les tribunes alors que le match devenait à sens unique. Et quels plus beaux symboles que de voir le match plié, d’abord par Raphaël Carbou, notre inoxydable talonneur et ses 31 feuilles de match, qui a tenu ce poste aussi important que dur contre vents et marées, et bien évidemment par notre Captain Mafi… Voir notre magicien, resté au club malgré les sollicitations de l’élite pour le remettre là où il l’avait trouvé, à la place qui est la sienne, finir le travail en marquant son premier essai à quelques minutes de la fin de sa carrière, avait de quoi tirer des larmes au supporter le plus blasé. La folie gagnait le stade, et tout le monde s’invitait sur la piste de danse au coup de sifflet final dans un mélange de cris de joie et de larmes de bonheur, entre une immense émotion et un énorme soulagement.
L’USAP est de retour en Top 14 ! L’USAP retrouve la place qui doit être la sienne dans le rugby français, et elle le doit à ce groupe extraordinaire, qui s’est forgé dans l’adversité depuis un an et demi (les membres de la penya qui étaient à Vannes peuvent se souvenir où nous en étions à ce moment-là…), s’est renforcé, et a été comme en mission toute l’année, avec des joueurs arrivant à maturité, un staff parfaitement complémentaire, et un président qui recueille là les fruits de son investissement, après des débuts si difficiles. Cette équipe a redonné la joie à tout un département qui ne se remettait pas de voir son USAP s’enfoncer vers le destin d’autres bastions historiques du rugby, et qui a ces dernières semaines fait exploser toute cette frustration, montrant à la France du rugby qu’il n’avait que peu d’équivalents.
Bien sûr, l’année prochaine sera tout sauf une fête de chaque semaine, bien sûr, rien ne dit que l’USAP est repartie pour un bail d’un siècle dans l’élite. Mais la différence avec 2014, c’est que tout le monde au club sait qu’on peut chuter et que l’essentiel, c’est de savoir se relever. L’USAP a mis quatre ans à le faire, cela a pu paraître interminable, mais cette finale avait une saveur de renaissance presque aussi belle que l’accomplissement de 2009.
Et quand on voit l’état d’esprit de ce groupe, ce staff extraordinaire, et la cohérence qui semble gagner la direction du club, on se dit que quoiqu’il arrive, on aura toujours envie de pousser cette équipe. La penya sera là, de Perpignan à Paris, à Lyon, à La Rochelle, et
espérons dans cette Grande-Bretagne qui nous manque tant… l’USAP est redevenue une fête, et on pourra célébrer les 10 ans du Brennus en Top 14 !
En attendant, il ne reste qu’un mot pour finir cette saison, pour ce groupe, pour ce staff, pour tout le club… MERCI ! MERCI ! MERCI !
VISCA USAP ! CAP A CASA, CAP A TOP 14 !!!
7 mai 2018
FINALE, USAP-FCG 38-13
BOU(S)QUET FINAL
l est de ces journées dont on a rêvé depuis si longtemps, que quand elles arrivent, on se remémore inévitablement tout ce qui a amené à ces moments privilégiés, avec leur dramaturgie et leurs émotions démultipliées. Après une saison qui avait démarré sur un feu d’artifice digne du 15 août à Collioure, la fusée USAP nous a illuminés mois après mois, tant par sa capacité à envoyer ses adversaires en l’air plus haut que le Canigou que par sa capacité à surmonter les coups bas, qui ont été si nombreux cette saison.
La semaine dernière, Aimé-Giral s’était transformé en parc d’attractions du rugby, avec une fête magnifique ponctuée, malgré les efforts de la météo pour la gâcher, par une belle danse administrée à des Montois qui ne savaient plus trop où ils habitaient. Restait désormais à conclure en beauté, et à éviter d’être le dindon de la nouvelle formule de la Pro D2, garante de beaux moments, mais si cruelle de jouer sur un match toute une saison avec l’ascenseur pour enjeu.
Autant dire que la semaine fut longue. Si la météo ne fut rapidement plus l’objet des préoccupations, nous fûmes occupés par la quête des précieux sésames pour la fête, le stadium de Toulouse s’avérant un peu étroit pour le public du USAP Catalan Circus. Entre des files d’attente dignes de Disneyland au stade et des supporters assez fous pour aller tester la file d’attente iséroise, on en avait pour son argent, à défaut d’avoir suffisamment de places, faute d’un champ de foire assez grand…
Cela pouvait faire passer le temps, et éviter de se faire le match dans la tête 50 000 fois avant (un supporter peut le faire sans grand dommage, c’est un de ses privilèges sur les joueurs…), en dissertant sur la supposée supériorité de nos avants, sur la fatigue de Grenoblois d’avoir eu un tour supplémentaire, ce qui est le pompon en fin de saison, mais sur l’éternelle incertitude d’un match. Pourtant, votre serviteur se sentait étonnamment serein, attendant le dimanche comme un gamin certain qu’on lui prépare un anniversaire surprise, persuadé qu’on n’osera pas le priver de cette joie…
Et au moment de partir de Perpignan le dimanche, la métaphore de l’enfance (enfin, de l’adolescence pour l’auteur de ces lignes à l’âge de plus en plus avancé…) ne pouvait que se confirmer : l’ambiance de carnaval, le bordel au péage Nord, les concerts de klaxons sur l’autoroute, au péage et à la bretelle de sortie à Toulouse, et la marée sang et or autour des parkings, la fumée des grillades, les escargots, rien ne manquait à ce bain de jouvence qui rappelait tant le parking du stade des Costières de Nîmes dans les années 90. Si la Pro D2 a servi à quelque chose, elle aura servi à nous rappeler cette belle époque, en plus de faire repartir le club sur des bases nouvelles…
Mais entre grillades, apéros, arrivée des bus, la température montait, elle devenait même incandescente à l’arrivée du bus, qui faisait passer encore une fois nos joueurs par un tourbillon émotionnel. Mais chacun savait ce qu’il avait à faire pour que la fête soit belle, dans ce superbe stade « Ernest Giral » : les supporters pour l’ambiance de fête, les joueurs pour emmener tout le monde au sommet de la grande roue de la ProD2.
Puis vint le match, tant attendu et tant redouté, malgré la confiance totale qu’on pouvait avoir dans ce groupe. Et on pourrait presque dire que tout se passa comme prévu… d’abord, avec un début endiablé, une séquence d’auto-tamponneuses d’une durée et d’une intensité digne du Top 14, et une première fusée sang et or, sur ce ballon
perdu, admirablement joué par Captain Mafi et conclu par un Jo Bousquet qui faisait exploser le stade et répondait symboliquement à son essai oyonnaxien qui nous avait fait prendre le train fantôme quatre ans plus tôt.
Ensuite, avec des Grenoblois essayant de jouer leur va-tout et se nourrissant des imprécisions de notre jeu toujours à sensations fortes : une action bien menée suite à une touche mal tapée et une pénalité cadeau commençaient à semer le doute, les supporters baissant d’un ton, craignant que nos adversaires ne gâchent la fête, avec ces couleurs rappelant tant ce Stade Français qui n’aimait rien tant que nous martyriser dans des stades tout en sang et or.
Enfin, avec l’entrée en scène de notre meilleure attraction du moment, notre monstre à 16 pattes, qui avait joué au chamboule-tout avec la mêlée montoise, et se mettait à faire de même avec le 8 isérois, éparpillé façon puzzle sur chaque introduction. Le public retrouvait toute sa voix, les Grenoblois ne pouvaient que reculer, et le stade explosait quand le si longtemps controversé Enzo Selponi allait sous les poteaux en marchant, nos adversaires semblant déjà sur les rotules avec la tête qui tourne. La pause arrivait, et le FCG semblait avoir déjà grillé beaucoup de cartouches, même si on n’osait pas encore y croire.
Et pourtant… ce second acte allait être le bouquet final, un vrai feu d’artifice sang et or. Nos joueurs avaient désormais toutes les balles dans les mains et pilonnaient les Grenoblois réduits à l’état de punching balls, comme les défenseurs cherchant à arrêter notre Adrea lancé près de la ligne et rebondissant sur lui. La folie gagnait les tribunes alors que le match devenait à sens unique. Et quels plus beaux symboles que de voir le match plié, d’abord par Raphaël Carbou, notre inoxydable talonneur et ses 31 feuilles de match, qui a tenu ce poste aussi important que dur contre vents et marées, et bien évidemment par notre Captain Mafi… Voir notre magicien, resté au club malgré les sollicitations de l’élite pour le remettre là où il l’avait trouvé, à la place qui est la sienne, finir le travail en marquant son premier essai à quelques minutes de la fin de sa carrière, avait de quoi tirer des larmes au supporter le plus blasé. La folie gagnait le stade, et tout le monde s’invitait sur la piste de danse au coup de sifflet final dans un mélange de cris de joie et de larmes de bonheur, entre une immense émotion et un énorme soulagement.
L’USAP est de retour en Top 14 ! L’USAP retrouve la place qui doit être la sienne dans le rugby français, et elle le doit à ce groupe extraordinaire, qui s’est forgé dans l’adversité depuis un an et demi (les membres de la penya qui étaient à Vannes peuvent se souvenir où nous en étions à ce moment-là…), s’est renforcé, et a été comme en mission toute l’année, avec des joueurs arrivant à maturité, un staff parfaitement complémentaire, et un président qui recueille là les fruits de son investissement, après des débuts si difficiles. Cette équipe a redonné la joie à tout un département qui ne se remettait pas de voir son USAP s’enfoncer vers le destin d’autres bastions historiques du rugby, et qui a ces dernières semaines fait exploser toute cette frustration, montrant à la France du rugby qu’il n’avait que peu d’équivalents.
Bien sûr, l’année prochaine sera tout sauf une fête de chaque semaine, bien sûr, rien ne dit que l’USAP est repartie pour un bail d’un siècle dans l’élite. Mais la différence avec 2014, c’est que tout le monde au club sait qu’on peut chuter et que l’essentiel, c’est de savoir se relever. L’USAP a mis quatre ans à le faire, cela a pu paraître interminable, mais cette finale avait une saveur de renaissance presque aussi belle que l’accomplissement de 2009.
Et quand on voit l’état d’esprit de ce groupe, ce staff extraordinaire, et la cohérence qui semble gagner la direction du club, on se dit que quoiqu’il arrive, on aura toujours envie de pousser cette équipe. La penya sera là, de Perpignan à Paris, à Lyon, à La Rochelle, et
espérons dans cette Grande-Bretagne qui nous manque tant… l’USAP est redevenue une fête, et on pourra célébrer les 10 ans du Brennus en Top 14 !
En attendant, il ne reste qu’un mot pour finir cette saison, pour ce groupe, pour ce staff, pour tout le club… MERCI ! MERCI ! MERCI !
VISCA USAP ! CAP A CASA, CAP A TOP 14 !!!
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