pana66
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http://www.ladepeche.fr/article/201...o-la-blessure-secrete-de-mathieu-bonello.html
Cela fait partie de ces anecdotes qui font les légendes du rugby. Si Mathieu Bonello a pu participer à la finale avec le CO, c’est grâce à ses amis : Forestier, Teulet et Bonnefond. Il raconte.
Si les joueurs du CO ont savouré jusqu’à plus soif leur titre de champions de France, il y en a un qui fait encore des heures supplémentaires. Mathieu Bonello est l’un des derniers à ne pas être encore parti en vacances et à continuer de trimballer le bouclier de Brennus partout où on lui demande. «Je suis d’ici, c’est normal», lâche le talonneur castrais né à Gaillac. Il faut dire que pour lui ce titre a sans doute une saveur encore plus particulière. Et pas seulement parce qu’il est Tarnais. S’il a pu jouer cette finale victorieuse c’est grâce à une histoire qui fera partie de la légende du rugby castrais dans quelques années. Car Mathieu Bonello a été à deux doigts de ne pas jouer au Stade de France.
En demi-finale contre Clermont à Nantes, le talonneur, qui sortait déjà d’une série de blessures, s’est luxé un doigt de la main gauche. Heureusement les examens n’ont montré aucune fracture. Seulement quelques dégâts au ligament. Le docteur Max Ferrié lui fabrique une attelle et pendant la semaine précédent la finale, il peut s’entraîner correctement. Il en faudrait de toute façon plus au talonneur castrais pour ne pas jouer cette finale, lui qui avait déjà joué un match de barrage avec une main cassée deux ans auparavant. Le vendredi, à la veille du jour J, le staff médical lui fait passer des tests pour être certain que son doigt tiendra. «J’avais l‘impression de m’engager dans l’armée tellement les tests étaient durs», raconte en souriant Mathieu Bonello. Les tests sont concluants. Son doigt anesthésié dans une attelle lui permettra d’être sur la feuille de match, remplaçant de Brice Mach.
Mais le soir dans sa chambre d’hôtel, il ressent une douleur. La série de tests suivie de l’entraînement de l’après-midi au Stade de France ont mis son doigt à contribution. «J’ai enlevé l’attelle et mon doigt était gonflé, je l’ai mis dans de la glace mais je me suis rendu compte qu’il était à nouveau luxé», raconte-t-il. Il est 21h30, moins de 24 heures avant le coup d’envoi de la finale. Mathieu Bonello appelle ses potes : Forestier, Teulet et Bonnefond, qui débarquent dans sa chambre pour une réunion au sommet.
Le joueur ne veut pas déranger le staff médical à cette heure-là. Mais il sait aussi que si on ne lui remet pas son doigt en place il ne pourra pas jouer. Et çà, c’est hors de question. «Yannick Forestier me dit qu’il sait le faire. J’ai dit OK, on se le fait entre nous», se souvient Bonello qui décrit alors une scène surréaliste qui se passait dans certains vestiaires il y a peut-être encore 30 ans mais certainement plus à l’heure du professionnalisme. «Je me suis assis sur la banquette, Forest s’est mis torse nu, Teuteu m’a mis une serviette entre les dents et Paul tenait l’attelle pour que je puisse y glisser le doigt dès qu’il aurait été remis, continue le talonneur qui a souffert le martyr quand le pilier castrais lui a tiré sur le doigt. J’ai eu très mal, j’ai mordu la serviette. Mais c’était pour une finale alors…». Sauf qu’au moment d’enfiler l’attelle, le doigt était tellement enflé qu’il ne rentrait plus. «Les gars ont essayé de le faire glisser avec du savon, c’était Mc Gyver, à l’ancienne, plaisante aujourd’hui le joueur qui à ce moment-là ne rigolait pas. J’ai vu que mon doigt devenait tout noir, il s’était reluxé à force d’essayer de le remettre dans l’attelle.» Pas question d’en rester là. Ils décident donc de recommencer l’opération. «Paul est allé chercher des touilleurs à café en bois et du ruban adhésif pour me fabriquer une attelle pendant que Forest, qui était en sueur, tentait de me remettre le doigt en place, continue Mathieu Bonello. Cela a bien duré 5 minutes mais j’ai eu l‘impression que c’était une éternité tellement je souffrais.». Puis les infirmiers Teulet et Bonnefond lui ont mis l’attelle de fortune.
Une nuit agitée
«J’ai passé une nuit agitée. Cela me lançait. Mais je me suis dit mes amis ont fait tout çà pour moi, il faut que je tienne. Et une fois arrivé 8h du matin je me suis dit que c’était gagné car tout etait rentré dans l’ordre», ajoute le talonneur. Le commando d’apprentis médecins se retrouve dans la chambre de Mathieu. «Il fallait remettre la bonne attelle avant le petit-déjeuner, raconte Bonello. Paul Bonnefond l’a chauffée un peu au sèche-cheveux et le doigt est bien rentré». L’anesthésie d’avant match a fait le reste. «C’était nickel, je ne sentais plus rien», explique Bonello qui aurait pu jouer cette finale sur une jambe s’il avait fallu. Et les cinq dernières minutes du match auxquelles il a participé l’ont fait rentrer, lui et ses potes, dans l’histoire du club. Au coup de sifflet final, les quatre hommes sont tombés dans les bras l’un de l’autre en se disant : «On y est arrivés».
«C’est énorme comme histoire. Ce qu’ont fait mes amis pour moi, pour que je joue, je ne l’oublierai jamais. Quand on se regarde on sait ce qu’on a fait, on était déjà amis mais là c’est au-delà, cela resserre encore plus les liens, affirme Mathieu Bonello qui depuis s’est fait opérer de son doigt. C’est aussi çà les valeurs du rugby».
Cela fait partie de ces anecdotes qui font les légendes du rugby. Si Mathieu Bonello a pu participer à la finale avec le CO, c’est grâce à ses amis : Forestier, Teulet et Bonnefond. Il raconte.
Si les joueurs du CO ont savouré jusqu’à plus soif leur titre de champions de France, il y en a un qui fait encore des heures supplémentaires. Mathieu Bonello est l’un des derniers à ne pas être encore parti en vacances et à continuer de trimballer le bouclier de Brennus partout où on lui demande. «Je suis d’ici, c’est normal», lâche le talonneur castrais né à Gaillac. Il faut dire que pour lui ce titre a sans doute une saveur encore plus particulière. Et pas seulement parce qu’il est Tarnais. S’il a pu jouer cette finale victorieuse c’est grâce à une histoire qui fera partie de la légende du rugby castrais dans quelques années. Car Mathieu Bonello a été à deux doigts de ne pas jouer au Stade de France.
En demi-finale contre Clermont à Nantes, le talonneur, qui sortait déjà d’une série de blessures, s’est luxé un doigt de la main gauche. Heureusement les examens n’ont montré aucune fracture. Seulement quelques dégâts au ligament. Le docteur Max Ferrié lui fabrique une attelle et pendant la semaine précédent la finale, il peut s’entraîner correctement. Il en faudrait de toute façon plus au talonneur castrais pour ne pas jouer cette finale, lui qui avait déjà joué un match de barrage avec une main cassée deux ans auparavant. Le vendredi, à la veille du jour J, le staff médical lui fait passer des tests pour être certain que son doigt tiendra. «J’avais l‘impression de m’engager dans l’armée tellement les tests étaient durs», raconte en souriant Mathieu Bonello. Les tests sont concluants. Son doigt anesthésié dans une attelle lui permettra d’être sur la feuille de match, remplaçant de Brice Mach.
Mais le soir dans sa chambre d’hôtel, il ressent une douleur. La série de tests suivie de l’entraînement de l’après-midi au Stade de France ont mis son doigt à contribution. «J’ai enlevé l’attelle et mon doigt était gonflé, je l’ai mis dans de la glace mais je me suis rendu compte qu’il était à nouveau luxé», raconte-t-il. Il est 21h30, moins de 24 heures avant le coup d’envoi de la finale. Mathieu Bonello appelle ses potes : Forestier, Teulet et Bonnefond, qui débarquent dans sa chambre pour une réunion au sommet.
Le joueur ne veut pas déranger le staff médical à cette heure-là. Mais il sait aussi que si on ne lui remet pas son doigt en place il ne pourra pas jouer. Et çà, c’est hors de question. «Yannick Forestier me dit qu’il sait le faire. J’ai dit OK, on se le fait entre nous», se souvient Bonello qui décrit alors une scène surréaliste qui se passait dans certains vestiaires il y a peut-être encore 30 ans mais certainement plus à l’heure du professionnalisme. «Je me suis assis sur la banquette, Forest s’est mis torse nu, Teuteu m’a mis une serviette entre les dents et Paul tenait l’attelle pour que je puisse y glisser le doigt dès qu’il aurait été remis, continue le talonneur qui a souffert le martyr quand le pilier castrais lui a tiré sur le doigt. J’ai eu très mal, j’ai mordu la serviette. Mais c’était pour une finale alors…». Sauf qu’au moment d’enfiler l’attelle, le doigt était tellement enflé qu’il ne rentrait plus. «Les gars ont essayé de le faire glisser avec du savon, c’était Mc Gyver, à l’ancienne, plaisante aujourd’hui le joueur qui à ce moment-là ne rigolait pas. J’ai vu que mon doigt devenait tout noir, il s’était reluxé à force d’essayer de le remettre dans l’attelle.» Pas question d’en rester là. Ils décident donc de recommencer l’opération. «Paul est allé chercher des touilleurs à café en bois et du ruban adhésif pour me fabriquer une attelle pendant que Forest, qui était en sueur, tentait de me remettre le doigt en place, continue Mathieu Bonello. Cela a bien duré 5 minutes mais j’ai eu l‘impression que c’était une éternité tellement je souffrais.». Puis les infirmiers Teulet et Bonnefond lui ont mis l’attelle de fortune.
Une nuit agitée
«J’ai passé une nuit agitée. Cela me lançait. Mais je me suis dit mes amis ont fait tout çà pour moi, il faut que je tienne. Et une fois arrivé 8h du matin je me suis dit que c’était gagné car tout etait rentré dans l’ordre», ajoute le talonneur. Le commando d’apprentis médecins se retrouve dans la chambre de Mathieu. «Il fallait remettre la bonne attelle avant le petit-déjeuner, raconte Bonello. Paul Bonnefond l’a chauffée un peu au sèche-cheveux et le doigt est bien rentré». L’anesthésie d’avant match a fait le reste. «C’était nickel, je ne sentais plus rien», explique Bonello qui aurait pu jouer cette finale sur une jambe s’il avait fallu. Et les cinq dernières minutes du match auxquelles il a participé l’ont fait rentrer, lui et ses potes, dans l’histoire du club. Au coup de sifflet final, les quatre hommes sont tombés dans les bras l’un de l’autre en se disant : «On y est arrivés».
«C’est énorme comme histoire. Ce qu’ont fait mes amis pour moi, pour que je joue, je ne l’oublierai jamais. Quand on se regarde on sait ce qu’on a fait, on était déjà amis mais là c’est au-delà, cela resserre encore plus les liens, affirme Mathieu Bonello qui depuis s’est fait opérer de son doigt. C’est aussi çà les valeurs du rugby».