USAP - Au bon souvenir de la mêlée
Conquérante face à Montpellier, la mêlée a permis à l’USAP d’exister. Enzo Forletta débriefe.
Inutile de sortir du chapeau tous les bons vieux poncifs sur la mêlée, cet obscur objet de tous les fantasmes rugbystiques. Force est de constater que les régulations successives tentent de lui enlever de sa force, faisant d’une phase de conquête une simple remise en jeu. "Égarée dans la vallée infernale" de Montpellier (défaite 20-23), comme crachait la sono d’avant-match sur un air d’Indochine, l’USAP a pu s’abriter et retrouver du courage lorsque les huit gros catalans s’emmêlaient, compactés façon légion romaine, pour affronter et faire tourner en bourrique les bibendums septimaniens (35 kilos d’écart entre les deux packs). La preuve que la mêlée, vieille passion franchouillarde, a encore quelques beaux jours devant elle. Le pilier gauche Enzo Forletta, qui a repris du poil de la bête samedi, prend la parole.
Que s’est-il passé cette semaine ?
Il a fallu rectifier, on a pris un petit savon. La semaine a été dure parce qu’on s’est retrouvé entre nous un peu dans le combat avec des entraînements où on a mis du contact. On a remis les choses un peu à l’endroit. On est encore loin du compte mais je vois sur le terrain une équipe, des joueurs individuellement qui mettent leur petite pierre à l’édifice. Ça ne se fait pas du jour au lendemain mais il va falloir parce qu’il va falloir engranger des points. Je ne peux pas l’expliquer, c’est quand tu es dans un groupe que tu le ressens et aujourd’hui (hier) je le ressens.
On s'est lâchés
Est-ce la clef de votre fin du match ?
Oui. Les mecs lâchent en face parce qu’on a fait le taf. Ne pas prendre d’essai avec deux joueurs en moins ça prouve aussi que l’équipe ne veut rien lâcher. Il faut se servir de ça pour le faire à quinze. C’était un match compliqué parce qu’on ne pouvait pas mettre notre jeu en place. On l’a fait à la fin, on s’est lâchés. C’est un peu le maître mot sur ce match, de se lâcher, de jouer comme on sait le faire, comme on l’a toujours fait avec Patrick (Arlettaz). Je crois qu’on l’a compris un peu tard sur ce match parce qu’on voulait mettre de l’envie dans le combat et à la fin, peut-être parce qu’ils avaient lâché, ça nous a permis de pouvoir jouer.
Vous vous êtes lâchés en mêlée également ?
Oui, je suis content qu’on y arrive. C’est le travail, je le dis depuis le début qu’on travaille pour ça. Devant, on commence à tous comprendre qu’il faut travailler l’un pour l’autre. C’est le fondement de la mêlée. Il faut que ça continue comme ça. J’espère qu’on va continuer et que les joueurs ont compris que pour s’en sortir c’est l’un avec l’autre et pas chacun pour sa gueule.
La mêlée est-elle à ce point importante ?
Surtout avec un match comme ça où il n’y a pas beaucoup de jeu, avec un adversaire très solide, qui a une grosse mêlée, qui en touche ou dans les mauls est très costaud, en défense ils sont costauds... Donc ça fait du bien de voir qu’on peut rivaliser avec ces équipes. Après la mêlée, c’est une remise en question permanente.
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Le nombre de mêlées conquises par l’USAP sur introduction adverse (34e, 67e), alors même qu’il n’y avait plus que treize joueurs catalans lors de la deuxième. Une seule fois pénalisée (56e), alors même qu’elle semblait bousculer son adversaire, la mêlée a été privilégiée en deuxième mi-temps pour perturber Montpellier, au point de se terminer en tortue béglaise en toute fin de match.
Pierre Cribeillet (avec P. Th.)