santgaldric
USAPiste sérieux
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Toujours intéressant d'avoir l'avis de cet acteur du jeu qu'est l'arbitre.
Attendre 10 jours pour s'exprimer me semble néanmoins un peu long.
EDLR : Vous avez attendu une dizaine de jours avant de vous exprimer sur la rencontre entre Rouen et Albi, qui était décisive pour la montée en Pro D2, et notamment sur les différents reproches qui vous ont été faits. Pourquoi ?
Laurent Cardona : Dès le lendemain de la rencontre, des amis journalistes m’ont averti qu’une cabale allait être lancée contre moi dans la presse et sur les réseaux sociaux. Que cette cabale était organisée par une personne qui avait une place dans le monde du journalisme, issue d’Albi, avec un passé très lié à celui du club. Cette personne a manipulé les réseaux sociaux avec différents articles à charge, manipulé de jeunes journalistes pour leur demander d’écrire dans le sens qu’il souhaite, dans le sens de la vérité qu’il veut que l’on entende. Bravo à lui, a priori c’est réussi. Parti de ce constat, j’ai préféré rester en retrait.
Quel est le nom de la personne que vous désignez ?
Elle se reconnaîtra, j’aurai probablement l’occasion de la remercier de vive voix.
D’autres personnalités vous ont critiqué ouvertement, et notamment la maire d’Albi…
C’est drôle comme l’approche des élections municipales de 2020 fait sortir les politiques. Mathieu Raynal a subi, il n’y a pas longtemps, des critiques du maire d’Agen. Nous sommes dans la même lignée de déclarations tout à fait opportunistes. J’ai envie de demander à Madame la maire si elle est sûre d’avoir mis tout en œuvre pour aider le club historique de sa ville. N’est-ce pas un peu trop simple de reporter sa responsabilité sur mon arbitrage ?
On imagine que vous avez analysé la rencontre. Qu’en ressortez-vous ? Est-ce que certaines de vos décisions vous posent problème ?
Oui, bien entendu, j’analyse toutes les rencontres sur lesquelles j’officie. Je passe beaucoup de temps à comprendre comment je peux améliorer mon arbitrage. Sur la rencontre entre Rouen et Albi, j’ai de gros regrets sur le hors-jeu du n°19 de Rouen à la 60e minute, que l’ensemble de l’équipe arbitrale n’a pas perçu. Sur cette action, mon regard est en direction de l’ailier qui porte le ballon. Le joueur hors-jeu de Rouen se déplace dans mon dos, je ne peux malheureusement pas le percevoir. Je questionne mes assistants qui ne le perçoivent pas non plus. Cette situation de jeu est la bascule de ce match, puisque sur le temps suivant, je mets un carton jaune au n°15 d’Albi pour son geste défensif qui, pour moi, est délibéré. Je prends cette décision sans vidéo, donc sans ralenti. C’est celle qui me semble la plus cohérente à ce moment-là.
Certains vous reprochent votre fin de match, et les nombreuses situations de plaquage et de mêlée spontanée. Que pouvez-vous leur répondre ?
Tout le monde le sait pertinemment : les coups de sifflet de fin de match sont très importants, et doivent être évidents pour tous. Les joueurs d’Albi ne progressaient pas, ils ont même failli perdre le ballon dans le dernier maul qui devenait improductif. C’est le porteur de balle albigeois qui a permis à ses coéquipiers d’en conserver la possession en se jetant au sol.
En toute fin de match, vous vous adressez à un joueur d’Albi en lui disant : « Tant que vous ferez ça, je ne sifflerai jamais ». Qu’avez-vous voulu dire sur cette situation ?
C’était grossier : alors que le plaqueur de Rouen voulait se sortir de la phase de plaquage, le n°12 d’Albi le maintenait au sol afin de m’inciter à siffler une pénalité. C’est pour cela que je lui ai indiqué que je ne sifflerai pas tant qu’il ferait cela. Nous avons des consignes pour ces situations. Lorsque qu’un joueur retient un adversaire au sol afin de pousser l’arbitre à siffler, la seule chose qu’il gagne, c’est de ralentir la sortie du ballon.
Plus tôt dans le match, des supporters ont été choqués de vous entendre demander un point sur le score cumulé…
En phases finales, le règlement en cas de match nul est différent pour chaque catégorie : celui de la LNR n’est pas celui de la FFR, les matchs aller-retour n’ont pas de prolongations, etc… Cela relève du casse-tête pour les arbitres chaque week-end. La FFR nous envoie dans la semaine précédant le match le détail du score du match aller. Avant la rencontre, je briefe mes quatrième et cinquième arbitres pour envisager tous les cas possibles de match nul, en faisant une addition des rencontres aller et retour. Par ma demande, je voulais savoir où en était le score et anticiper un éventuel match nul. Il n’y avait rien de plus. Les mauvais pensants y voient une conspiration, c’est digne d’un roman d’Agatha Christie ! Je n’ai pas compris tout de suite les réactions au sujet de cette demande. C’est seulement dans les jours suivant la rencontre qu’il m’a été dit que le club albigeois avait déjà évoqué une conspiration lors du match aller, qu’ils avaient gagné. Cela n’a donc rien à voir avec moi.
Certaines personnes y ont effectivement vu une machination, arguant que la montée de Rouen était commanditée pour étoffer la carte du rugby français… Que pouvez-vous répondre à ce genre d’accusation ?
Ce n’est pas aux arbitres de donner leur avis sur tel ou tel club, ou de déterminer comment la carte du rugby français doit être dessinée. La seule chose que je peux dire, c’est que je trouve dommage d’avoir fait passer la montée de Rouen et le travail accompli depuis des années par cette région au second plan.
À l’heure actuelle, la FFR, par la voix de la Direction Nationale de l’Arbitrage, n’a émis aucun communiqué de presse ou autre déclaration malgré les propos tenus à votre encontre, et qui ont dû être lourds à subir ces derniers jours. Savez-vous pourquoi ?
Je ne sais pas. Je profite de cette question pour remercier l’ensemble des personnes qui m’ont apporté leur soutien, des arbitres de Top 14, des entraîneurs, des supporters. Le rugby reste une famille unie et cela en est encore la preuve, s’il y en avait besoin.
Vous parlez des arbitres de Top 14. Arnaud Méla a déclaré qu’il avait reçu un message d’un de vos collègues qualifiant votre arbitrage d’« injustice ». Qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est de l’intox. Ou alors, c’est un ancien arbitre, un peu aigri du système dont il a profité pendant des années. C’est ainsi : même dans les grandes familles, il y en a toujours un qui fait des choix différents.
Comprenez-vous la frustration des joueurs du SCA, de son staff, et celle d’Arnaud Méla, son entraîneur ? Souhaitez-vous adresser un message aux supporters ?
J’ai beaucoup de respect pour ce club centenaire. Arnaud Méla et moi avons côtoyé longtemps les pelouses du Top 14. Il était malin, roublard, et aimait jouer au jeu du chat et de la souris avec les arbitres. Parfois il gagnait, parfois il perdait, mais toujours dans la limite de ce qui était faisable. Aujourd’hui, je regrette cet épisode, mais je ne suis pas là pour être populaire ou me faire des amis. C’est mon rôle de prendre des décisions parfois lourdes de conséquences pour un club, une ville. Cela étant, j’ai envie de dire aux supporters que je comprends leur peine, surtout quand on aime son club de cette façon. Albi est et restera un grand club, qui ne peut pas mourir. Le rugby est ancré dans cette région.
Attendre 10 jours pour s'exprimer me semble néanmoins un peu long.
EDLR : Vous avez attendu une dizaine de jours avant de vous exprimer sur la rencontre entre Rouen et Albi, qui était décisive pour la montée en Pro D2, et notamment sur les différents reproches qui vous ont été faits. Pourquoi ?
Laurent Cardona : Dès le lendemain de la rencontre, des amis journalistes m’ont averti qu’une cabale allait être lancée contre moi dans la presse et sur les réseaux sociaux. Que cette cabale était organisée par une personne qui avait une place dans le monde du journalisme, issue d’Albi, avec un passé très lié à celui du club. Cette personne a manipulé les réseaux sociaux avec différents articles à charge, manipulé de jeunes journalistes pour leur demander d’écrire dans le sens qu’il souhaite, dans le sens de la vérité qu’il veut que l’on entende. Bravo à lui, a priori c’est réussi. Parti de ce constat, j’ai préféré rester en retrait.
Quel est le nom de la personne que vous désignez ?
Elle se reconnaîtra, j’aurai probablement l’occasion de la remercier de vive voix.
D’autres personnalités vous ont critiqué ouvertement, et notamment la maire d’Albi…
C’est drôle comme l’approche des élections municipales de 2020 fait sortir les politiques. Mathieu Raynal a subi, il n’y a pas longtemps, des critiques du maire d’Agen. Nous sommes dans la même lignée de déclarations tout à fait opportunistes. J’ai envie de demander à Madame la maire si elle est sûre d’avoir mis tout en œuvre pour aider le club historique de sa ville. N’est-ce pas un peu trop simple de reporter sa responsabilité sur mon arbitrage ?
On imagine que vous avez analysé la rencontre. Qu’en ressortez-vous ? Est-ce que certaines de vos décisions vous posent problème ?
Oui, bien entendu, j’analyse toutes les rencontres sur lesquelles j’officie. Je passe beaucoup de temps à comprendre comment je peux améliorer mon arbitrage. Sur la rencontre entre Rouen et Albi, j’ai de gros regrets sur le hors-jeu du n°19 de Rouen à la 60e minute, que l’ensemble de l’équipe arbitrale n’a pas perçu. Sur cette action, mon regard est en direction de l’ailier qui porte le ballon. Le joueur hors-jeu de Rouen se déplace dans mon dos, je ne peux malheureusement pas le percevoir. Je questionne mes assistants qui ne le perçoivent pas non plus. Cette situation de jeu est la bascule de ce match, puisque sur le temps suivant, je mets un carton jaune au n°15 d’Albi pour son geste défensif qui, pour moi, est délibéré. Je prends cette décision sans vidéo, donc sans ralenti. C’est celle qui me semble la plus cohérente à ce moment-là.
Certains vous reprochent votre fin de match, et les nombreuses situations de plaquage et de mêlée spontanée. Que pouvez-vous leur répondre ?
Tout le monde le sait pertinemment : les coups de sifflet de fin de match sont très importants, et doivent être évidents pour tous. Les joueurs d’Albi ne progressaient pas, ils ont même failli perdre le ballon dans le dernier maul qui devenait improductif. C’est le porteur de balle albigeois qui a permis à ses coéquipiers d’en conserver la possession en se jetant au sol.
En toute fin de match, vous vous adressez à un joueur d’Albi en lui disant : « Tant que vous ferez ça, je ne sifflerai jamais ». Qu’avez-vous voulu dire sur cette situation ?
C’était grossier : alors que le plaqueur de Rouen voulait se sortir de la phase de plaquage, le n°12 d’Albi le maintenait au sol afin de m’inciter à siffler une pénalité. C’est pour cela que je lui ai indiqué que je ne sifflerai pas tant qu’il ferait cela. Nous avons des consignes pour ces situations. Lorsque qu’un joueur retient un adversaire au sol afin de pousser l’arbitre à siffler, la seule chose qu’il gagne, c’est de ralentir la sortie du ballon.
Plus tôt dans le match, des supporters ont été choqués de vous entendre demander un point sur le score cumulé…
En phases finales, le règlement en cas de match nul est différent pour chaque catégorie : celui de la LNR n’est pas celui de la FFR, les matchs aller-retour n’ont pas de prolongations, etc… Cela relève du casse-tête pour les arbitres chaque week-end. La FFR nous envoie dans la semaine précédant le match le détail du score du match aller. Avant la rencontre, je briefe mes quatrième et cinquième arbitres pour envisager tous les cas possibles de match nul, en faisant une addition des rencontres aller et retour. Par ma demande, je voulais savoir où en était le score et anticiper un éventuel match nul. Il n’y avait rien de plus. Les mauvais pensants y voient une conspiration, c’est digne d’un roman d’Agatha Christie ! Je n’ai pas compris tout de suite les réactions au sujet de cette demande. C’est seulement dans les jours suivant la rencontre qu’il m’a été dit que le club albigeois avait déjà évoqué une conspiration lors du match aller, qu’ils avaient gagné. Cela n’a donc rien à voir avec moi.
Certaines personnes y ont effectivement vu une machination, arguant que la montée de Rouen était commanditée pour étoffer la carte du rugby français… Que pouvez-vous répondre à ce genre d’accusation ?
Ce n’est pas aux arbitres de donner leur avis sur tel ou tel club, ou de déterminer comment la carte du rugby français doit être dessinée. La seule chose que je peux dire, c’est que je trouve dommage d’avoir fait passer la montée de Rouen et le travail accompli depuis des années par cette région au second plan.
À l’heure actuelle, la FFR, par la voix de la Direction Nationale de l’Arbitrage, n’a émis aucun communiqué de presse ou autre déclaration malgré les propos tenus à votre encontre, et qui ont dû être lourds à subir ces derniers jours. Savez-vous pourquoi ?
Je ne sais pas. Je profite de cette question pour remercier l’ensemble des personnes qui m’ont apporté leur soutien, des arbitres de Top 14, des entraîneurs, des supporters. Le rugby reste une famille unie et cela en est encore la preuve, s’il y en avait besoin.
Vous parlez des arbitres de Top 14. Arnaud Méla a déclaré qu’il avait reçu un message d’un de vos collègues qualifiant votre arbitrage d’« injustice ». Qu’en pensez-vous ?
Je pense que c’est de l’intox. Ou alors, c’est un ancien arbitre, un peu aigri du système dont il a profité pendant des années. C’est ainsi : même dans les grandes familles, il y en a toujours un qui fait des choix différents.
Comprenez-vous la frustration des joueurs du SCA, de son staff, et celle d’Arnaud Méla, son entraîneur ? Souhaitez-vous adresser un message aux supporters ?
J’ai beaucoup de respect pour ce club centenaire. Arnaud Méla et moi avons côtoyé longtemps les pelouses du Top 14. Il était malin, roublard, et aimait jouer au jeu du chat et de la souris avec les arbitres. Parfois il gagnait, parfois il perdait, mais toujours dans la limite de ce qui était faisable. Aujourd’hui, je regrette cet épisode, mais je ne suis pas là pour être populaire ou me faire des amis. C’est mon rôle de prendre des décisions parfois lourdes de conséquences pour un club, une ville. Cela étant, j’ai envie de dire aux supporters que je comprends leur peine, surtout quand on aime son club de cette façon. Albi est et restera un grand club, qui ne peut pas mourir. Le rugby est ancré dans cette région.