De la déception de Béziers samedi (10-16) au déplacement chez le leader Vannes jeudi (20h45), comment les Catalans se sont-ils relevés ? L'entraîneur Patrick Arlettaz livre son analyse.
Après la désillusion du derby perdu face à Béziers (10-16) samedi, comment avez-vous basculé sur Vannes ?
On a l'impression que ce n'était pas notre niveau et on veut vite le montrer. Après le match, il y avait plus d'empressement pour remettre le couvert que de temps pour se lamenter. On n'est pas là pour se trouver des excuses, je l'ai dit avant et après le match. Dans l'attitude, ce n'est pas le caractère de notre équipe, donc cette déception a permis d'assez vite basculer sur Vannes.
Lors de l'analyse vidéo, avez-vous pris le temps de comprendre cette défaite ou fallait-il vite passer à autre chose ?
On a été beaucoup plus sur l'attitude que le technique. À Vannes, après trois semaines compliquées et un match difficile, techniquement, stratégiquement, tactiquement, peut-être qu'on sera en difficulté. Mais par contre dans l'attitude, on doit être meilleurs que ça. On a parlé de l'image qu'on voulait montrer à Vannes.
"Une équipe qui a de l'ambition doit être capable de se relever"
Avec du recul, le coronavirus a-t-il joué sur votre performance ?
Je fais une grande différence, une énorme même, entre ce qui peut servir d'explication et ce qui est une excuse. Les trois semaines de non-compétition, le Covid, le fait de s'entraîner avec des groupes différents à des heures différentes, de n'avoir fait qu'un seul entraînement collectif ensemble, la grosse incertitude de savoir si on allait maîtriser la contagion ou pas, bien évidemment ce sont des explications, mais en aucun cas ce ne sont des excuses. On a joué, on savait que l'adversité serait forte, que Béziers venait pour gagner, que c'était un derby et que c'était important pour nos supporters, donc il fallait qu'on le gagne. C'est tout. On est compétiteurs, on a un bon groupe, si on perd ce match c'est qu'on ne l'a pas assez bien préparé. Il faut que ça nous serve de leçon si cette situation se présente à nouveau dans la saison.
Entre Béziers et Vannes, outre la récupération, vous n'avez le temps que pour un seul entraînement collectif. À part l'attitude, pouvez-vous réellement travailler ?
On a eu un entraînement avant Béziers, le match et maintenant un autre collectif, donc on va greffer d'autres choses. L'attitude elle-même, c'est le groupe qui doit en prendre conscience. C'est pas sur l'entraînement collectif qu'on change une image mais sur la prise de responsabilité des joueurs et du staff. On a tous perdu samedi.
La liste des absents s'allonge. Comment mobiliser des joueurs qui, jusqu'à présent, avaient peu ou pas joué ?
Même si on a perdu samedi, on a une bonne dynamique, six victoires en huit matches. Ces joueurs ont vu les copains beaucoup gagner, la motivation se fait simplement. Il y a des joueurs qui prennent leurs salaires et pour qui ça suffit, mais j'en connais pas beaucoup. L'immense, immense, immense majorité des joueurs font ça pour être sur le terrain, batailler avec les copains, participer aux victoires et mettre leur pierre à l'édifice. Quand ça s'ouvre, la malchance des uns fait la chance des autres. Qu'ils soient jeunes, vieux, déçus ou pas, ils veulent rentrer sur le terrain. L'émulation se fait par la réussite d'un groupe. Plus il réussit, plus il s'entend bien, plus on a envie de participer. Je n'ai aucun doute sur le fait que ceux qui vont être amenés à jouer vont tout faire pour être bons et rester le plus longtemps possible dans ce groupe-là. Et puis il n'y a aucune saison qui se passe comme un long fleuve tranquille. Une équipe qui a de l'ambition doit savoir passer les moments difficiles, être capable de se relever.
"On joue ce qui se fait de mieux"
Se frotter au leader Vannes, justement, n'est-ce pas un bon test de personnalité ?
Oui, on joue ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle. Ils sont en pleine confiance et premiers, on va pouvoir s'y confronter. Pas avec toutes nos armes, pas dans les meilleures conditions mais en étant des compétiteurs, il faut relever le défi. On n'y va certainement pas battus d'avance. On va exister là-bas.
(il le répète) Montrer ce qu'on a, qu'on s'est relevé et que le visage montré samedi n'est pas le nôtre. Quoi de mieux que d'avoir la meilleure opposition de Pro D2 à l'heure actuelle ? Quoi de mieux ? En avant !
Comment percevez-vous cette équipe bretonne ?
J'ai beaucoup de respect. Ils ont de très bons joueurs et travaillent très, très bien. Tout est très cohérent. Ils ont fait une très belle saison en 2019
(demi-finalistes), puis ont connu un départ difficile
(la saison passée) pour, je pense, digérer la saison précédente. Mais depuis, cette équipe travaille bien, est très organisée, les entraîneurs font du bon boulot et on a l'impression que c'est un groupe sain. Je ne suis pas à l'intérieur mais j'ai l'impression que ce groupe a envie de faire des efforts. Sincèrement, ils méritent leur place. Vannes est un joli premier.
Recueilli par Pierre Cribeillet