Top 14 - USAP : Marvin Orie et la découverte de la tradition catalane
Gilles Navarro17/08/2024 à 16:21
La saison dernière, Marvin Orie n’a débuté que neuf rencontres de Top 14. L'INDEPENDANT - MICHEL CLEMENTZ
Le deuxième ligne sud-africain Marvin Orie, champion du monde avec les Springboks l’an passé à Paris, a été ébahi par la ferveur qui entoure l’USAP. Et compris ce que le club catalan attendait d’un joueur de son niveau.
Marvin Orie est revenu à Perpignan requinqué par des vacances sud-africaines dont il n’avait plus goûté les bienfaits depuis plus d’un an.
"Nous sommes retournés en Afrique du Sud trois semaines au mois de juin, raconte-t-il.
Ça fait du bien de retrouver la famille et les amis… Chose que nous n’avions pas pu faire l’été dernier, à cause de la préparation des Springboks pour la Coupe du monde. Nous avons pris le temps de profiter des retrouvailles."
Une saison de stages avec les Springboks, puis une arrivée précipitée sur Perpignan à peine le titre mondial fêté, le temps avait filé. Tandis que son père se prête au jeu de l’interview, Lorton, 4 ans, l’aîné de la fratrie, cherche sur le portable paternel un jeu pour enfants. Marvin, lui, revient sur cette première saison avec l’USAP, où il a découvert, en douceur, une nouvelle vie, un nouvel environnement, un rugby différent.
"Avant d’arriver à Perpignan, je regardais les premiers matches de Top 14 à la télé, et je savais que ce serait dur ! Quatre défaites en quatre journées, le handicap s’annonçait difficile à surmonter. Mais je voyais que le public était derrière son équipe, malgré les échecs. Lorsque j’ai débuté sous mon nouveau maillot, contre Toulon (26-22, le 4 novembre)
, gagner a rendu les choses plus faciles…"
Il sait qu’on attendait peut-être davantage de lui, que ses neuf titularisations pour seize feuilles de match en Top 14.
"Mais en choisissant de rejoindre le Top 14, j’avais un gros challenge à relever, avoue-t-il
. Celui de découvrir un rugby totalement nouveau. Depuis que je joue chez les pros, en 2011 avec les Blue Bulls de Pretoria, je n’ai connu qu’une seule approche de notre sport : celui que l’on pratique en Afrique du Sud. Un rugby très structuré, plus physique. À part trois mois aux Ospreys (2019), et encore l’approche galloise du jeu ressemble à la nôtre, en Afrique du Sud, je n’ai connu qu’un style, direct, qu’une seule mentalité. J’ai découvert ici un autre univers…"
"Cette mixité t’ouvre l’esprit…"
En stage avec les Springboks, il a eu le temps d’évoquer le rugby français avec ses coéquipiers qui jouaient déjà chez nous, les Reinach (Montpellier), Nyakane (Racing 92), Etzebeth (Toulon).
"J’ai voulu en savoir davantage, dit-il,
et j’ai parlé de l’USAP, de Franck Azéma, avec Bryan (Habana, ex-Toulon)
ou Daan Human (entraîneur des avants sud-africains, ex-Toulouse)
. Tous les retours ont été positifs." Il ne lui restait plus qu’à découvrir la réalité du terrain.
"Ce qui est formidable, poursuit-il
, c’est la passion qui entoure le club de l’USAP. Dès mes premières minutes de jeu contre Toulon, j’ai compris ce que les supporters attendaient des joueurs, de moi. Ce fut dur, mais avec leur soutien, nous avons gagné des matches. Petit à petit les résultats sont arrivés, et la confiance avec eux. J’ai pu voir à Montpellier (victoire 20-25 de l’USAP, le 27 avril)
ce que cette passion pouvait produire, ces milliers de supporters qui avaient fait le déplacement… Et puis l’autre grosse différence, c’est la mixité dans les équipes françaises. Tu joues avec des Argentins, des Anglais, des Néo-Zélandais, des Géorgiens. Ça n’arrive jamais en Afrique du Sud, où tu ne joues qu’avec des Sud-Africains. J’ai su très vite qu’il faudrait que je m’ouvre aux autres. Aux autres langues, aux autres nationalités. Cette mixité t’ouvre l’esprit et t’oblige à aller vers les autres. J’adore !"
Sa deuxième saison, Marvin Orie l’imagine encore plus profitable car il maîtrise mieux le français.
"Dès le début, Franck (Azéma)
et David (Marty)
m’ont parlé en anglais, explique-t-il.
Et quand ça devenait trop technique, Perry (Freshwater)
prenait le relais. Avec nos cours hebdomadaires de français, je progresse. Et puis Lorton est inscrit dans une école bilingue, il parle français à la maison…" Le deuxième ligne des Springboks ne parle pas encore catalan… Mais il a eu un aperçu de la culture identitaire de l’USAP, lors du dernier stage à Falgos.
"Les anciens joueurs du club* nous ont offert un petit support, et nous ont parlé de l’histoire, des valeurs que l’USAP véhicule dans la région. Ils nous ont montré tout ce que ce club représente pour Perpignan et tout le département. Il y avait avec eux l’ancien capitaine du XV de France, Guilhem Guirado. Quand vous l’écoutez, vous comprenez cette différence. Les anciens nous ont montré des vidéos, nous ont raconté des histoires sur le passé du club. Ça t’aide à mieux comprendre…"
L’USAP mes que un club ! Marvin Orie ne comprend pas toutes les subtilités de la langue catalane. Ni que son nom signifie dans nos Pyrénées un espace de pâturage d’estive avec sa cabane en pierres sèches. Un refuge pour les bergers et les troupeaux. Aimé-Giral pourrait devenir l’Orri de Orie !
* L’AJ USAP, l’amicale des anciens joueurs chère à Gérard Majoral.