Top 14 – USAP-Bayonne : De la Fuente-Duguivalu face à Tuilagi-Maqala, l’opposition de style des facteurs X catalans et basques
Paul-Roch Bruneton25/01/2025 à 10:51
Jerónimo de la Fuente et Alivereti Duguivalu auront fort à faire ce samedi après-midi contre Manu Tuilagi et Sireli Maqala.L'INDEPENDANT - MICHEL CLEMENTZ
Ce samedi (16 h), sur la pelouse d’Aimé-Giral, la paire de centres Jerónimo de la Fuente-Alivereti Duguivalu va faire face à l’une des meilleurs du championnat. Contre la star Manu Tuilagi et le meilleur marqueur Sireli Maqala, c’est un match dans le match auquel vont se livrer les numéros 12 et 13.
Ce sont des postes sur lesquels on compte énormément. Des postes où performe une grande partie des fameux facteurs X : notamment celui de trois-quarts centre. Cette saison, Bayonne, que l’USAP reçoit ce samedi (16 h), a voulu faire de son centre du terrain un maillon fort de son animation. Derrière deux ouvreurs quasiment impeccables dans l’animation et la gestion des matches, que sont Camille Lopez et Joris Segonds, Manu Tuilagi (33 ans, 1,85 m, 111 kg) et Sireli Maqala (24 ans, 1,72 m, 88 kg) sont des hommes déterminants dans la réussite de l’Aviron en Top 14 (5e).
Quand on parle justement de stars, Manu Tuilagi en est une. Avec ses 52 sélections avec le XV de la Rose, c’était l’une des attractions de l’été et, sans totalement métamorphoser Bayonne, il a fait passer un cap à l’Aviron. Ce n’est d’ailleurs pas Sireli Maqala, meilleur marqueur du Top 14 (10 essais, à égalité avec Gaël Dréan de Toulon), qui dira le contraire. Le Fidjien ne s’est jamais autant épanoui qu’aux côtés de l’Anglais.
"On ne parle pas assez de lui. Il va très vite, il est vif, il pèse énormément lors des matches et, offensivement, c’est vraiment un poison pour les défenses parce qu’en plus, il a le sens de l’anticipation", analyse l’ancien centre de l’USAP entre 2008 et 2012, Maxime Mermoz. Manu Tuilagi, lui,
"a une présence physique importante. Donc ce sont des joueurs qui font avancer."
De la Fuente ne fera jamais 110 kg, mais il joue sur les timings et la vitesse.
Mais en face, l’USAP, dans un autre style, a du répondant. Elle a de l’expérience et des jambes de feu. Jerónimo de la Fuente, d’abord : Argentin (80 sélections), capitaine, altruiste…
"Il est joueur, il se déplace beaucoup et essaie d’orienter le jeu. Il ne fera jamais 110 kg, même s’il reste costaud, mais il joue sur les timings et la vitesse", complète l’ancien Catalan.
Ce sont ainsi deux idées du rugby moderne qui vont s’affronter à Aimé-Giral.
"Bayonne a un système de jeu qui repose beaucoup sur son numéro 10, du coup les centres sont plus des attaquants frontaux que des décideurs de jeu. De la Fuente, lui, c’est vraiment le morphotype argentin, hargneux, qui a la grinta, qui ne lâche rien et, surtout, qui est intelligent. Il s’adapte vite. Il est plus dans la lecture de jeu que dans la puissance par rapport aux autres. Il joue presque comme un deuxième 10. Mais c’est quelque chose qui colle à l’USAP parce qu’à l’époque, le seul que nous avions à plus de 100 kg, c’était Gavin Hume, et nous l’avions en 10. Aucun coach n’a gagné avec une équipe de bulldozers. Il faut des joueurs intelligents, rapides et techniques", commente Maxime Mermoz (35 sélections).
Une puissance intéressante en sortie de banc pour l’USAP
Il ne faut par ailleurs pas croire que la paire bayonnaise est dépourvue de ces qualités-là. Au contraire. Elles sont simplement moins exacerbées en raison du style de jeu.
"Avec Manu Tuilagi, on sait à quoi s’en tenir : il peut ouvrir des brèches pour Maqala avec sa puissance. Mais, parfois, la vitesse de jeu pallie la carence de puissance", raconte Mermoz, qui a croisé le fer à deux reprises avec l’Anglais en sélection. La puissance pure, l’USAP l’aura davantage que Bayonne en sortie de banc, avec Apisai Naqalevu.
"La dimension athlétique est telle, qu’il y a moins de place pour un joueur qui amène juste de la puissance." Alivereti Duguivalu apporte cette variété. Audacieux, attaquant fantasque et adepte des offloads, il fait vivre le ballon et amène cette vitesse de déplacement qui plaît à Maxime Mermoz et qui peut contrarier le centre du terrain puissant des Basques.
"On se rend compte que les joueurs puissants sont parfois plus intéressants en impact player, pour continuer à marquer les adversaires et profiter de la fatigue", poursuit l’ancien usapiste.
Un vrai match dans le match donc. Une opposition de style, avec des profils différents qui collent aux identités des deux clubs. Centres catalans et basques possèdent une partie des clefs de ce match. À ces facteurs X de faire parler la poudre.