Top 14 - Pourquoi Perpignan s’est enlisé face à Clermont ?
Rémy Rugiero
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Jake McIntyre et ses coéquipiers ont raté le coche face aux Clermontois. Icon Sport
Publié le 17/05/2024 à 06:01
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Alors que certaines polémiques ont fusé après l’arbitrage de Monsieur Rozier, provoquant le courroux du public catalan, l’Usap n’a surtout pas su gérer une avance confortable à l’heure de jeu. Un accident de parcours inhabituel chez les Sang et Or, pourtant si enclins à un réalisme décapant. Éléments de réponse avant le voyage à Bayonne.
Plusieurs secteurs furent défaillants chez les Catalans pour s’extirper de la stratégie concoctée par des Clermontois sachant faire tourner le tableau d’affichage et le compteur, quand le contexte l’exigeait. Perpignan a affolé un certain nombre de catégories, capable d’apprivoiser une adversité aux multiples facettes, peu importe le défi proposé depuis de nombreuses semaines. Las samedi dernier, d’où la frustration palpable au coup de sifflet final, mais ce revers ne doit jamais remettre en question, les préceptes d’une philosophie géniale et rémunératrice. Pourtant, avant le prochain voyage à Bayonne, quelques explications s’imposent.
Le banc de touche
La chaleur était pesante, accablante à Aimé-Giral. De quoi surprendre les acteurs de tous les côtés, mais aussi de la formation ayant choisi de densifier ses finisseurs. Clairement, l’Usap n’a pas profité de cet apport. Une carence qui n’a pu permettre de finir le travail amorcé. David Marty, le coach de l’Usap détaille sa pensée :
"Globalement, j’ai du mal à juger notre banc, on est à 14 pendant 30 minutes. J’ai senti de l’usure, de la fatigue par contre. On évalue l’état de fraîcheur, c’est notre boulot entre ceux qui ont besoin de se régénérer, et ceux qui peuvent nous apporter l’intensité. On ne l’a pas forcément vu venir avant Clermont. On va donc faire en sorte de trouver des solutions pour Bayonne." Au-delà des nombreuses infériorités numériques où s’exprimer est un art plus difficile, l’impact annoncé n’était pas au rendez-vous. So’otala Fa’aso’o, Apisai Naqalevu (carton jaune), Pietro Ceccarelli, Ignacio Ruiz (carton jaune), Xavier Chiocci et Marvin Orie n’ont globalement pas eu le rendement attendu.
Une fraîcheur malmenée
Le sentiment que les hommes forts du système prôné par le staff ont manqué de pétillant. Une caractéristique tenace chez les locaux, admirables dans cette faculté de mettre du jeu debout dans les transitions. Ce fut fréquemment le cas face à l’ASM, mais quelques comportements ont dénoté. Mathieu Acebes donne sa version d’un groupe selon lui encore en alerte :
"L’enjeu, l’excitation qu’il y a autour de nous, tout cela nous maintient. Qui refuserait de participer à une telle situation et ne pas faire les efforts nécessaires ? On se déplace en plus dans un stade qui est connu pour sa ferveur également ce samedi. L’adrénaline nous pousse à être performants chaque week-end."
Si l’on excepte Tavite Veredamu, insaisissable et si remuant dans son couloir face à des Auvergnats parfois considérés comme de vulgaires plots, des garçons comme Posolo Tuilagi, Joaquin Oviedo, Aliveriti Duguivalu ont parfois rebondi sur une défense visiteuse peu clémente sur ses ouvertures. Logique pour des hommes auteurs d’une saison exceptionnelle, évident qu’à la fin de ce marathon, le plus dur des cuirassés finisse par vaciller.
L’alignement dans le collimateur
Presque devenu un marronnier, tant le péché mignon des Catalans s’invite au rayon des améliorations notables à apporter. La touche perpignanaise fait encore grise mine. (7/11) et un taux de réussite avoisinant les 64 %. Un gouffre en comparaison avec les captations soutenues des Jaunards auteur d’un 12/13. Le pilier gauche Sacha Lotrian admettait quelques errances :
"Nous sommes pourtant sur les bonnes zones, on lifte assez bien. Il nous faudrait peut-être travailler nos lancers, nos sauts et cette coordination d’ensemble. Maintenant, il ne faut surtout pas lancer la pierre sur n’importe qui. On s’est vite remis au boulot et nous allons devoir être unis pour rebondir." Un mal récurrent cette saison à tenter de corriger, surtout face aux Basques plutôt adroits dans ce domaine.
Une discipline contraignante
Voilà un sujet qui a fait tant jaser dans les chaumières. Les Catalans furent très peu pénalisés pourtant dans cette rencontre (8), un bon ratio en comparaison à des Asémistes moins pertinents (12). Problème, les trois cartons jaunes ont eu un impact considérable sur la gestion des 25 dernières minutes. David Marty suit la ligne directrice de Franck Azéma et aborde le thème sous un prisme global :
"Notre défaite face à Clermont, c’est le combat. Pour moi c’est l’unique raison pour laquelle on panique un peu à la fin. Le carton de Ruiz, rien à dire. Celui de Naqalevu également. Brazo voit l’en-avant du Clermontois et se relève un peu dans son attitude, le jaune est un peu dur dans son interprétation." Les sanctions contre Ignacio Ruiz sur une action cynique près de sa ligne, Alan Brazo et Apisai Naqalevu pour des plaquages jugés illicites, auront pesé sur les organismes et la redistribution défensive assurément.
Dompter le jeu au sol
Les Clermontois étaient venus avec des intentions claires et établies dans les points de rencontre. Le staff et les joueurs catalans ont admis un niveau de jeu en deçà des standards habituels, le capitaine Jerónimo de la Fuente, l’explique :
"Nous étions solides dans les rucks, mais nous n’avions pas non plus notre rendement habituel dans ces zones samedi dernier. Pour faire un résultat à Bayonne, nous n’aurons pas d’autres choix que d’élever notre niveau afin d’aller chercher un résultat." Face à des Marcos Kremer, Peceli Yato et des Thibaud Lanen souverains dans ce récent combat, Perpignan possède les hommes et le degré d’exigence pour retourner la tendance et tenter le grand coup à Jean-Dauger.