Top 14 : pour sa troisième semaine de préparation, l’USAP va prendre la direction de Falgos, son domaine de prédilection
Gilles Navarro28/07/2024 à 19:05
Le domaine de Falgos sera le théâtre de la troisième semaine de préparation de l'USAP. L'INDEPENDANT - MICHEL CLEMENTZ
Ce lundi 29 juillet, l’USAP retrouvera le domaine de Falgos, son domaine de prédilection pour sa préparation d’avant-saison et le travail de cohésion indispensable lorsqu’il s’agit d’intégrer une dizaine de nouveaux joueurs. Mais le golf et la forêt alentour n’inciteront pas le staff et les joueurs au farniente et à la contemplation. Sueur et acide lactique assurés !
Les visiteurs de Falgos viennent en Vallespir pour goûter à la tranquillité et la sérénité des lieux. À 1 100 m d’altitude, les nuits y sont plus fraîches qu’en plaine et les greens, impeccablement tenus par l’enfant du pays Joël Carol, aimantent les joueurs venus taper la petite balle sur un golf de montagne, "physique", aux qualités internationalement reconnues. La carte postale est jolie. Mais les joueurs de l’USAP, qui rejoindront Falgos ce lundi 29 juillet, jusqu’au 2 août, l’apprécieront différemment. Le chapiteau de 100 m2, dressé en plein air, ne servira pas à préparer les traditionnelles grillades aux sarments de vignes, mais aux exercices de musculation musclés, concoctés par les équipes de Scott Crean, le préparateur néo-zélandais des Catalans. L’objectif du stage de Falgos n’est pas de se la jouer "coolos", ni "calmos", mais plutôt d’exciter les abdos et les ischios.
Depuis 2007
Depuis 2007, l’USAP a fait de Falgos son camp de base, celui qui l’aide à préparer l’ascension de cet Everest qu’est devenu du Top 14. C’est à l’époque de Marcel Dagrenat qu’est née l’idée de venir bénéficier des bienfaits de la moyenne altitude. Perpignan y était venue à deux reprises, en juin et décembre.
"Au mois de juin, se souvient Jacques Brunel,
j’avais demandé à Dagrenat de faire connaissance avec le staff et le groupe avant de partir à la Coupe du monde 2007 (Il s’occupait des avants du XV de France)
. Je venais de signer au club et je ne connaissais pas grand monde. Il avait choisi Falgos pour que je puisse rencontrer ceux avec qui je travaillerais plus tard, Franck Azéma et Bernard Goutta."
L’année précédente, le RC Narbonne avait étrenné le domaine.
"Je crois me souvenir que la femme du directeur d’alors, Thierry Lefebvre, avait croisé Christian Labit, joueur narbonnais et l’idée d’accueillir une équipe de rugby chez nous, avait germé, se souvient Joël Carol.
Mais à l’époque, il n’y avait pas de terrain de rugby…" Un terrain fut tracé pour la venue des Usapistes, un an plus tard. Pas aux normes réglementaires, mais avec une paire de poteaux,
"achetés chez Urba Sport à Perpignan", rajoute le greenkeeper de Falgos. Le propriétaire du golf, Robert Trugmanne, voyant d’un bon œil l’élargissement des activités de son golf et sa diversification, approuva l’initiative. L’aventure du rugby à Falgos pouvait démarrer.
Guilhem Guirado parrain du stade
Depuis 2007, tout a changé. Le golf est toujours aussi bien entretenu, mais les infrastructures ont bien évolué. Balnéo, piscine, tennis, chambres rénovées, le domaine a monté en gamme. Et le terrain de rugby, repositionné, délaissant le practice pour une bande bien en herbe face au club-house, est aux dimensions internationales !
"Pas besoin de l’homologuer, précise Joël Carol,
puisqu’aucun match ne s’y déroule, mais il a été tracé comme un véritable stade de rugby, 100 m par 70."
En 2011, avec le trio catalan Mas-Guirado-Marty, puis 2015, le XV de France est venu préparer ses Coupes du monde à Falgos. L’équipe de France féminine, celle du 7, connaît elle aussi la forêt domaniale qui s’étend tout autour. Ici, pas de tentation extérieure, puisque le premier village, Villeroge, est à une dizaine de kilomètres. Les seules activités pratiquées sont le golf, bien sûr, le tennis, les balades en forêt et… le rugby. Une immersion qu’apprécie Franck Azéma, présent en 2007, et qui est revenu souvent dans son Vallespir natal avec Clermont. Ne se concentrer que sur la saison à venir, discuter avec les joueurs, faire connaissance avec les nouveaux : le séjour est bénéfique pour tous. Et les suées sont garanties.
"Une année, avant la Coupe du monde 2011, Dimitri Szarzewski, avait pété les plombs", se souvient Guilhem Guirado, lui aussi enfant du pays (Arles-sur-Tech) et qui est parrain du stade baptisé de son nom.
"La préparation pour la Coupe du monde avait été dure, éprouvante, et lui qui aime les choses millimétrées, s’agaçait des séances à son goût trop désordonnées. Plus on en chiait et plus il râlait !" C’est le programme qui attend Tom Ecochard et ses coéquipiers à partir de lundi. En Vallespir, on transpire ! Et parfois, comme si ce n’était pas suffisant, quelques courageux amateurs de vélo montent depuis Perpignan, à la force des jarrets. On y a croisé Alan Brazo et quelques autres sur la petite route forestière menant à Falgos.
Evelyne Bernicot, aujourd’hui responsable commerciale du domaine, et qui était déjà là en 2006, en charge des groupes, pourra leur raconter la colère de Joël Carol, surprenant Samueli Naulu et des îliens de l’équipe de 2007 roulant sur ses greens avec les voitures électriques.
"Je leur ai passé une soufflante, se souvient l’intéressé.
Je leur ai dit : "ici, le patron c’est moi ! Il est interdit de rouler sur les greens !"
Ils étaient tout penauds. Ils ne connaissaient pas ces usages. On leur avait interdit les voiturettes."
Falgos, avec le temps, est devenu le lieu privilégié de la préparation saisonnière du club doyen. Et un partenaire de l’USAP.
"C’est normal, rappellent Evelyne et Joël,
en Vallespir, nous sommes une terre de rugby…" Le centenaire de l’Entente du Haut Vallespir, fêté ce week-end, est là pour en témoigner.