Top 14 - "Mon ambition, c’est de réussir ici" : avant la reprise du championnat, Franck Azéma, le manager de l’USAP, livre ses confessions
Hugo Bové18/11/2024 à 20:48
Pour le manager Franck Azéma, son équipe n'est pas encore au maximum de ses capacités.L'INDEPENDANT - Nicolas Parent
À quelques jours de la reprise du Top 14 à Toulouse (samedi 16 h 30), le manager de l’USAP Franck Azéma a accordé une trentaine de minutes à L’Indépendant pour parler du début de saison et de l’avenir. Entretien.
Les vacances ont-elles fait du bien ?
Oui, ça fait du bien. Ça permet de couper. On avait attaqué le 15 juillet, donc c’était important de couper un peu parce qu’on avait juste coupé trois jours au mois d’août. Ça a été éprouvant, on l’a vu, on a de la casse dans l’effectif. Et je suis content de voir que les gars reviennent après dix jours avec une bonne énergie. Tu vois vite que les mecs ont un peu plus de gaz et le plaisir d’être là. Donc ça, c’est plutôt positif.
Après neuf matches, vous êtes 9es avec 19 points. Cela correspond avec vos projections de début de saison ?
On est dans la bagarre. Et, comme on avait dit en début de saison, tu perds un match, tu es 13e. Tu gagnes un match, tu es 7e. Tant qu’on sera consistant, on va être dans ce fonctionnement-là. Il faut être capable de batailler tous les week-ends. C’est pour ça que, l’important, c’est d’avoir ton effectif tout le temps à disposition pour pouvoir solliciter les joueurs et être intense tous les week-ends. C’est la base. C’est ce dont on a besoin.
Il y a un match qui vous laisse des regrets sur ce début de saison ?
Certainement le match à Bayonne (défaite 21-19). Après, contre Montpellier (défaite 7-26 à Béziers), même si on ne méritait pas, il y avait la place… Mais on a été faibles dans l’engagement. Si tu reprends un peu le scénario du match, la façon dont on l’a construit, la différence de points à la fin est lourde (-19, NDLR). On méritait mieux, mais c’est comme ça.
Il me semble qu’on est qu’à 70 % de notre potentiel.
Comment jugez-vous le niveau actuel de l’équipe ?
Je pense que c’est assez homogène. Mais on peut faire bien mieux. Pour moi, il me semble qu’on est qu’à 70 % de notre potentiel. On doit aller chercher bien mieux. Même si, dans l’engagement, les mecs donnent 150 %. Et ça, c’est important. Parce que ça nous permet de compenser les manques qu’on a encore aujourd’hui, mais qui sont légitimes au vu des blessures qu’on peut avoir. Mais ce qui est bon, c’est l’état d’esprit. Tout le monde fait le nécessaire pour pallier ça et monter le niveau de l’équipe.
Vous avez eu énormément de blessés, des fractures, des déchirures… Certains remettent en cause la pelouse, d’autres la préparation physique. Quel est votre regard sur ça ?
On se pose des questions tous les jours. On a fait pas mal de débriefings, de réunions, avec tout le staff, à travers les datas. On a repris toutes les données, tous nos entraînements. Il y a beaucoup de choses qui sont de l’ordre de l’accident. Mais ce n’est jamais qu’une coïncidence, ça veut dire qu’il y a plusieurs paramètres. Peut-être la préparation physique. Peut-être le manque de congés. Peut-être le terrain d’entraînement. Peut-être la malchance. C’est plein de petites choses qui font que tu peux l’associer à ça. On ne pourra pas ressortir qu’un seul secteur. Il faut être capable de le traverser. Et c’est ce que font les joueurs en ce moment.
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C’est cette force collective qui ressort ?
Les garçons, ils bossent. Tous ceux qui sont valides sont à 200 %. Depuis le début de la saison, même avant qu’elle y ait des blessés, tout le monde était considéré. C’est le plus important. Je ne suis pas certain qu’il y aurait eu moins de rotations s’il n’y avait pas eu de blessés. C’est une volonté d’amener le groupe à vivre et à s’exprimer tout au long de la saison.
Même si la lourde défaite à Bordeaux (66-12) gâche un peu la statistique, vous faites partie des meilleures défenses du championnat (7es). Vous êtes aussi très performants dans les rucks. Ce sont des secteurs sur lesquels vous avez appuyé pendant la préparation ?
On a essayé d’y mettre l’accent. On n’est pas fous, on sait lire ! On a fini 12e défense du Top 14 l’an dernier. Ce ne sont pas les standards que tu peux avoir si tu veux prétendre être dans le milieu de tableau. On a pas mal bossé. On a pas mal réfléchi tous ensemble sur comment on pouvait améliorer ça avec les joueurs. Quand tu joues à Perpignan, c’est quand même un secteur qui est important. Cette intensité-là, il faut qu’on soit capable de la mettre à la fois en attaque et aussi en défense. On a bossé là-dessus, sur la cohésion qu’on pouvait avoir sur la zone de rucks, pour pouvoir rivaliser mieux dans notre jeu.
A contrario, vous êtes la plus mauvaise attaque, alors que vous avez terminé 3e la saison dernière. À quoi est-ce dû ? Aux nombreux absents ?
Il y a beaucoup de ça. Même si ce n’est pas la seule raison, on a quand même été beaucoup impactés sur nos trois-quarts. Ce n’est pas facile, car ça demande encore plus de cohésion. Mais je ne suis pas inquiet là-dessus. Ça fait partie des choses que les mecs aiment et que le collectif appréhende bien. Je pense que c’est plus facile, à mon sens, de régler la défense que l’attaque. Mais on a un bon fonds de commerce offensivement. J’ai vu de bonnes choses contre Vannes, à la fois collectivement que dans le jeu de lignes.
On sait qu’il faut être constant de bout en bout dans ce championnat.
La touche est un secteur qui fait souvent parler. Comment la jaugez-vous ?
On sait qu’il faut être constant de bout en bout dans ce championnat. Il y a des périodes où on a eu une défaillance sur la touche, c’est vrai. Mais on travaille dur là-dessus, les joueurs et le staff, pour pouvoir trouver des solutions, à la fois technique, de stratégie, et physiquement aussi. On bosse pour pouvoir améliorer de semaine en semaine cette qualité-là. Être en capacité de marquer comme on l’a fait sur des ballons portés, d’avoir un bon contre. Mais là aussi, les absences et les blessures de certains joueurs nous ont porté préjudice aussi. On était amputé de 15, 16 joueurs. Ça compte.
Vous avez été sanctionné à deux reprises, à Castres et contre Vannes, avec cette règle de "coin volant". Comment l’avez-vous analysé ?
On nous dit qu’il faut faire attention, sauf qu’après, on nous a dit que celui contre Vannes était valable. Le ballon porté à Bayonne était aussi valable. Celui de Castres, non, par contre.
Est-ce dur, à chaque fois, de s’adapter aux appréciations différentes de chaque arbitre ?
Il faut savoir s’adapter. Mais on essaie de travailler en collaboration avec eux, on fait des réunions chaque semaine. Je trouve qu’on a un bon retour de la part des arbitres. C’est plutôt très cohérent dans l’approche du match et dans le retour du match. C’est un nouveau projet qui est mené par Mathieu Raynal et Romain Poite. Là aussi, il n’y a rien de magique. Ça ne va pas se faire en un ou deux mois. Je pense qu’ils vont bientôt en tirer les bénéfices. Et les clubs vont en tirer les bénéfices sur les prochaines semaines et les prochains mois.
Vous êtes l’équipe qui est la moins sanctionnée du championnat. Est-ce une satisfaction ?
Ça fait partie des standards que tu dois avoir en Top 14. Si ta défense n’est pas en place, si ta conquête n’est pas en place, si ta discipline n’est pas en place, c’est difficile de performer et d’être à la bagarre sur des matches importants. Pour aller chercher ce niveau-là, ça veut dire qu’il faut qu’on améliore ces secteurs-là. On a fait venir régulièrement, durant l’été, sur les six premières semaines, trois ou quatre arbitres. Et on va continuer de le refaire.
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La coupe d’Europe arrive dans deux semaines. Quelle va être l’ambition de l’USAP dans cette compétition ?
La Challenge Cup, c’est un moyen de te préparer, d’améliorer ton jeu, ta défense et tous tes secteurs. Et d’avoir des rotations aussi dans l’effectif. J’espère qu’on va rentrer des garçons de blessure, et qu’on va pouvoir les remettre en forme dans cette compétition. Il faut qu’on soit capable de "changer de voiture" en cours de saison, de passer d’une compétition à une autre. C’est aussi intéressant de voir si on est adaptable dans ce format-là.
Vous êtes en fin de contrat en juin 2026. Allez-vous poursuivre sur le long terme à l’USAP ?
Je crois que c’est un peu tôt pour en parler. Mais mon ambition, c’est de réussir ici. Et de prendre du plaisir ici avec les mecs. L’idée, c’est de construire, évidemment. Mais après, je connais la règle. Quand tu gagnes, tu achètes du temps. Quand tu perds, tu en perds. Ce n’est pas nouveau.