Le jeune ouvreur sud-africain, frustré de son passage à Toulouse, veut prouver qu’il a le niveau Top 14.
Au Kearsney College de Botha’s Hill, internat privé pour les garçons situé près de Durban, le nom des Tedder est fameux. Depuis l’aïeul, Lawrence, quatre générations de Tedder se sont succédé dans ce célèbre pensionnat du KwaZulu Natal. Et trois cousins ont joué dans la même équipe de rugby du collège lors du festival de Pâques 2014. Tristan (25 ans, 1,80 m, 80 kg) jouait à l’ouverture, poste qu’il occupait avec les équipes de jeunes du Natal, puis en Currie Cup avec les Sharks. Repéré par le Stade Toulousain, il commence par décliner l’invitation : « Je venais d’intégrer l’équipe du Natal, j’avais joué huit matches, et lorsqu’un agent m’a dit que Toulouse s’intéressait à moi, j’ai d’abord dit non ! J’en ai parlé à mon père, Bruce, ancien numéro 8 aux Sharks. Il m’a mis une claque derrière la tête en me disant “Tu vas me manquer, mon fils...” J’ai compris le message et admis que je ne pouvais pas laisser pareille chance ! »
Au cœur de l’été 2016, Tristan Tedder est dans l’avion pour la France. « Je me souviens de la date comme si c’était hier, raconte-t-il. Le 1er juillet 2016. C’était une sensation bizarre. J’étais malade, une grosse grippe qui avait secoué notre équipe. Mais comment refuser une proposition du meilleur club d’Europe ? »
Il signe un contrat espoir, joue son premier match de préparation avec les pros, contre le Racing 92. L’aventure s’annonce belle. Elle sera interrompue par une grosse blessure, qui tempère son enthousiasme et lui fait perdre une saison. Lorsqu’il revient postuler, la concurrence est trop forte, il est prêté à l’Aviron Bayonnais, en 2018. Il y disputera sa meilleure saison, aidant le club basque à retrouver le Top 14, jouant vingt-sept matches et inscrivant 168 points. Revenu à Toulouse, il est à nouveau prêté, à Béziers cette fois-ci. Son contrat au Stade Toulousain arrivant à expiration à l’été 2021, il se met d’accord avec Bayonne pour retrouver la Côte basque, ses grosses vagues, le surf… « Mais il y avait dans mon contrat une clause disant que Bayonne devait me libérer en cas de descente en Pro D2… C’est ce qui s’est produit… Je suis reparti à Durban. Et le téléphone a sonné à nouveau… » L’USAP lui propose un nouveau contrat. « J’ai oublié les vacances et sauté sur l’occasion, explique-t-il. Ils étaient pressés de boucler leur effectif en vue du Top 14. J’ai discuté au téléphone avec Patrick Arlettaz. On est vite tombé d’accord. Le plan de jeu proposé me plaisait, l’USAP a dominé les deux dernières saisons de Pro D2. Il y a de la continuité dans la performance. C’est intéressant. J’ai saisi l’occasion de revenir en Top 14 des deux mains ! »
Ce dimanche, sur la pelouse de l’estadi Nacional d’Andorre, casquette bleue vissée sur la tête, Tristan Tedder donnait de la voix depuis son poste d’ouvreur. Comme s’il avait déjà pris les clés du camion. « Je suis frustré de ne pas avoir beaucoup joué pour Toulouse, admet-il. J’ai envie de prouver ce que je vaux. » Il n’a plus de temps à perdre.
Gilles Navarro